R ose comme la neige
Je me suis promené dans Toulouse ce samedi après-midi. Temps de neige. Mais pas de neige (donc). S’il n’y avait pas cette angoisse massive (qu’il faut gérer : l’horreur), ça me plairait bien, de jouer. Alors je me suis forcé, je suis sorti de mon trou avec mes draps blancs d’hôtel imbibés de sueur et j’ai marché une heure dans la ville. J’aime beaucoup les chiens. Enfin, s’il y avait des phoques ou des guépards en ville, j’aimerais aussi beaucoup. Mais on n’a que des chiens. Je déteste les hommes. Misanthrope, on dit. Beaucoup trop de gens, une horreur. Ce vide qu’ils font autour d’eux, les gens. Alors, quand je croise un chien, je suis en adoration, je n’en crois pas mes yeux, je renais. Je les comprends tellement. Enfin, il y a quand même ce mystère : pourquoi nous aiment-ils à ce point ? ça, c’est invraisemblable. Leur folie. Le deuxième chien que j’ai croisé ressemblait à un personnage de Star Wars, Chewbacca, avec plein de poil sur la gueule. Je me suis presque agenouillé. Le chien est passé indifférent. M’avait-il même vu ? Mais le petit bout de chou qui le suivait (fille ou garçon, je ne sais pas, emmitouflé) m’a lancé : « C’est un chien, il n’aime pas les gens comme vous ! » Et sa un peu plus grande sœur s'est retournée vers moi en faisant mine désolée et les yeux au ciel genre : « Pas du tout, pas du tout, ne croyez pas un mot de ce que dit ce marmot, au contraire, c’est un chien justement qui… ». J’ai fait mine moi aussi de répondre que ça n’avait aucune importance. Le chien avait filé. ll ne s’était pas passé grand chose pendant cette promenade, mais ce seul rapport de la journée : chien et enfants, la journée d’absence de cauchemar, ça allait. La ville est très belle sinon.
Labels: toulouse recherche proust
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