Saturday, December 23, 2017

« Le mélange est donc aussi le principe physique qui fait que la structure métaphysique du monde coïncide parfaitement avec la structure métaphysique de l’individu. Il y a une continuité absolue à la fois matérielle et structurelle entre individus et monde, qui fait que tout individu est une portion du monde et non son exception (alors que l’idée traditionnelle de substance pense l’individu en opposition au monde). Toute chose non seulement est faite de la même matière du monde, non seulement en présente la même structure métaphysique (car elle est mélange exactement comme et selon la même intensité que le monde), mais surtout, dans son existence, elle s’étend intensivement dans la totalité du monde et non seulement dans une portion limitée. On confond l’inhérence mondaine avec l’occupation géographique : on s’imagine l’être au monde à partir du fait — absolument éphémère et contingente — de l’occupation, à un moment donné, d’un espace, un territoire, une maison. Mais c’est exactement l’inverse : c’est parce nous sommes simultanément dans la totalité du monde que nous pouvons en occuper telle ou telle portion. La distance entre être dans le monde et être le monde est une nuance d’intensité et non une différence d’ordre ontologique. Tout individu et toute chose sont dans le monde parce qu’ils sont le monde. A l’inverse, le monde est dans tout individu : naître signifie toujours contracter le corps du monde, faire surgir une autre manière d’être de son corps. Tout ADN est une opération alchimique conduite sur la chair du monde. »

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