Tuesday, February 06, 2018

L e Prince Hamlet


« Le prince, c’est l’homme qui a pris conscience que ce dont il se sentait embarrassé dans ce monde, ses faiblesses, sa vulnérabilité, sont les éléments mêmes qui le rendent aimable aux yeux de la véritable divinité. Le prince, c’est l’homme dont la matière peut être transformée en or à partir du moment où ses faiblesses ne sont plus perçues par lui comme des défauts à corriger, mais comme les portes d’accès à ce qu’il peut y avoir de gracieux ou de divin en lui. Il faut penser le prince gnostique comme l’acteur burlesque, de Buster Keaton jusqu’à Jim Carrey, de Charlie Chaplin jusqu’à Pierre Richard : tout ce qui fait le fond de son malheur — sa malchance, sa maladresse, sa distraction — est ce qui le rend gracieux aux yeux des spectateurs. Ce n’est pas une malédiction que d’être maladroit et distrait, mais un signe d’élection. Ce ne sont jamais les « forts » que le spectateurs aiment, ce sont les éclopés. La véritable divinité voit l’homme de la même façon : ce qu’elle estime gracieux, ce sont ses maladresses, ses malchances, sa fragilité, sa timidité, ses bégaiements et ses trébuchements. »

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