N ous rêvons comme nous obéissons
« Nous manifestons pour le droit au travail, le droit à l’égalité de salaire, le droit au mariage homosexuel… [...] Pendant que nous manifestons pour le droit à intégrer pleinement la structure discriminante de l’économie libérale, nos énergies révolutionnaires restent captives de l’imaginaire dominant.
Je n’ai jamais compris pourquoi nous faisions grève pour le droit du travail. Nous ne nous arrêtons que pour demander que le massacre continue de plus belle. Nous crions plus fort pour revendiquer le droit d’être exploitées, mais dans de meilleures conditions. Nous demandons au capitalisme de continuer à confisquer nos vies, mais nous aimerions qu’il augmente notre capacité de consommation de 0,0005 %. Nous prenons plaisir à débrayer exceptionnellement la machine, une pause au milieu de la continuité de l’oppression, alors que nous pourrions considérer qu’il est temps de faire de la grève un mode de vie.
Nous avons besoin d’un processus de dés-identification de nos pratiques de résistance et de contestation. Ce ne sont pas seulement nos façons d’obéir qui sont soumises à la norme. Ce qui caractérise nos démocraties dépressives et dépolitisées, c’est que nos modes de rébellion et notre manière d’exprimer notre désaccord sont régies par ces mêmes normes qui nous obligent à consentir. Nous rêvons comme nous obéissons. Nous protestons comme nous nous soumettons. »
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