R eymond / Tintoret
Adam et Eve, du Tintoret (en ce moment au musée du Luxembourg) : Adam, de dos, est bronzé à la nuque, il a donc enlevé sa chemise pour poser, c’est très étrange, on ne sait pas pourquoi Tintoret a laissé ça, ce sont comme des acteurs qui se sont déshabillés, du coup, Adam et Eve…
Revois ton texte, Fabrice, j’ai corrigé les millions de fautes d’orthographe (par mot) (il doit en rester pas mal) et la ponctuation pour y comprendre qqch. La citation-lieu commun, c’est de qui ? René Girard ?
Genèse
Dans une sorte de Pentecôte peut-être pourrions-nous essayer de parler toutes les langues, toutes celles que l'histoire des idées a pu nous donner. Le verbe créateur ressemble bien sûr à l'ADN, le pêché originel à l'apparition de la conscience. Abel tue Cain parce que « toute société est basée sur un meurtre commis en commun », et Eve, Eve qui rêve de son mari et de son amant, Eve qui cherche le détail qui la sépare du paradis, de ce monde qui continue à côté de nous, qui nous accompagne. La sainteté est le nom de cette porte que l'amour ouvre sur le jardin d'Eden, le premier enclos des nomades, la back door de l'humanité. La sainteté est le jumeau qu'on tient par la main dans l'autre monde, comme dans cette photo où Alighiero Boetti s'invente un frère.
Le critère de validation des théories générales de la physique est leur capacité à remonter à l'instant T du Big Bang, à l'apparition de la tête d’épingle ; après, on sait tout de son expansion jusqu'à la forme actuelle de l'univers. La théorie des Cordes disperse le début dans la durée ; il y a un Big Bang à chaque fois que des membranes du multivers se touchent. Notre vie est une anabase, l'origine est notre avenir. Tout arrive en même temps, Proust petit enfant est déjà dans son lit de mort à écrire l'œuvre de sa vie. Eve a tous ses âges, elle est au paradis dans le monde, et, déjà dans le monde, au paradis ; le serpent est un viatique ; l'autre monde des amants ; il y a des interférences sur la ligne ; les images sautent. Le monde est instable. Nous sommes un caillou dans la chaussure de notre mémoire qui nous rappelle parfois l'infini dont nous venons.
Fabrice Reymond
Labels: correspondance adam&eve
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