P auline nulle part
Pour ceux qui ont de la difficulté à lire mes mails, en voici un que j’espère « pour les nuls ».
Ce qu’il faut comprendre :
Le spectacle se compose lundi presque en temps réel, à la fin de la journée il est construit. Vous pouvez y mettre ce que vous voulez dedans, je m’en fiche.
C’est une comédie, vous l’aviez exprimé, je suis d’accord.
Vous n’êtes pas le sujet du spectacle, le sujet, c’est le monde.
Autrement dit, je ne vais pas m’occuper de ce que raconte le spectacle, ce n’est pas mon job. Vous y racontez bien ce que vous voulez. De la manière que vous voulez. Dans des styles que vous inventez. Moi, quel est mon job : je fais en sorte que ce ne soit pas vous qui le racontiez, mais le spectateur.
Les autres jours sont consacrés à retrouver, ce qui est difficile, l’exactitude, ce qui demande du temps, de ce qu’il s’est passé le lundi. Et cette inversion : ce n’est pas vous, mais le monde ; ce n’est pas vous, mais les spectateurs. Je vous aiderai à ce moment-là. On donnera, aussi pour vous aider, je l’espère, des avant-premières. (Il faudra alors faire venir du monde.)
Rien ne sera changé les autres jours de ce qui a eu lieu lundi. Ni costume, ni maquillage, ni lumière, rien. Ne comptez pas là-dessus. Ne comptez pas sur les amélioration du lendemain. Faites-vous confiance un jour dans l’année et que ce soit le bon !
Le travail commence comme pour le Dieu des cathos le lundi (et le dimanche repos). C'est la Genèse. Et il consiste, le travail, à s'arrêter à ce premier jour : l’état de l’apparition, ça s’appelle. Ça ne va pas plus loin. On s’arrête à l’état de l’apparition. (Le reste : « pas la peine », comme disait Marguerite Duras.)
Je vais donc vous considérer tel que vous êtes, c’est-à-dire en entier. Comme des ready-made. Remplissez-vous de vous-mêmes (vos mémoires), improvisez.
N’ayez pas peur, je vous ai tous trouvé parfaits à l’audition. Sauf Yanis, mais nous en avons parlé, pas le personnage qu’il proposait d’ailleurs ni la circulation, tout ça était très juste, non : la présence, je ne sentais pas assez l’eau autour de lui alors que chez vous tous, si, je sentais l’eau et, à partir de là, je vous ai imaginés comme j’aime : comme des poissons.
Il y a un texte de David Foster Wallace (que m’a fait connaître Tanguy) qui l’exprime : This Is Water (vidéo sur Youtube).
Une phrase de Brecht citée par Jean-Michel Ribes que j’ai lue tout à l’heure, nous pourrions la reprendre à notre compte pour notre experiment : « Moi, je cherche que des acteurs de boulevard pour jouer mes pièces parce que ce sont les seuls à avoir l’énergie de ça ».
C’est vrai que j’ai vu ça quand je vous ai rencontré, l’énergie de ça.
C’est une comédie. Vous l’aviez exprimé. Je suis d’accord avec ça.
Talents cachés. Si vous en avez, instruments de musique, langues, acrobaties, tours de cartes... il est l’heure de les montrer !
Je cherche un assistant pour la semaine, si vous en connaissez un que ça intéresserait. Pas un acteur si possible car c’est pitoyable quelqu’un qui a envie, mais que l'on empêche de monter sur le plateau et, du coup, qui fait mal son boulot.
Il s’agit de viser plus grand que ce qui est attendu. Vous attendez du presque rien ? Eh bien, on vous donne le presque rien, mais c’est aussi le plus grand.
Oh, à propos, le titre est mauvais, « Pauline partout ». Un ami m’a proposé de l’améliorer : Pauline nulle part. On trouvera peut-être mieux.
Labels: correspondance nantes
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