L e Banc de poissons
« dans beaucoup de romans anglais, à beaucoup de moments, surtout aux moments principaux, les personnages ne sont pas traités comme des personnes. Il ne sont pas individués comme des personnes.
Par exemple, les sœurs Brontë ont une espèce de génie. Elles ont une espèce de génie surtout l’une… je sais plus laquelle c’est, alors je m’abstiens, je crois que c’est Charlotte, je crois que c’est Charlotte... ne cesse pas de présenter ses personnages comme... C’est pas une personne. C’est absolument l’équivalent d’un vent. C’est un vent qui passe.
Ou Virginia Woolf, c’est un banc de poissons. C’est une promenade, c’est pas... Tiens, je retrouve le même cas… justement ce que Benveniste négligeait et traitait comme mineur : « Je me promène ». C’est précisément il suffit que je me promène pour ne plus être un « Je ». Si ma promenade est une promenade, je suis plus un « je », je suis un évènement.
Celle qui a su faire ça à merveille, dans la littérature anglaise, c’est évidemment Virginia Woolf. Virginia Woolf, dès qu’elle fait bouger un héros, il perd sa qualité de personne. Grand exemple, dans Virginia Woolf, la promenade de Mrs Dalloway. « Je ne dirai plus : je suis ceci ou cela », conclut Mrs Dalloway. Je ne dirai plus, je suis ceci ou cela... Je ne dirai plus « je », j’ai un problème d’individuation… C’est très curieux, mais il faut se méfier des trucs. On n’en a jamais fini. On se disait au besoin. Ah, bien, il y a un vague choix entre quoi et quoi ? Entre dire « je » et dire le néant, ou dire « je » ou dire « l’abîme indifférencié ». La forme de « je » ou le « fond sans visage ». »
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