Wednesday, October 10, 2018

I ci


Bonne nouvelle pour Phèdre (et, certes, moins bonne pour le Baudelaire), la salle sans le gradin est beaucoup moins mate, c’est beaucoup plus agréable d’y travailler. Le volume vide est, comme prévu, très beau. Du coup, ça me donne presque envie de mettre le public tout autour le long des murs pour garder le vide de cette pauvre fille perdue dans le cosmos (c’est bien moi) au centre absent de ce volume. Mais on essayera aussi les chaises en désordre et les matelas… Pour le moment, aussi, le gril est en haut…
Je suis toujours autant terrorisé par le rapport impossible de cette matière avec le public (comment pourrait-il entrer là-dedans, l’époque n’est tellement pas à ça !) et, en même temps, quand je suis seul (et avec le nouveau son) (et le calme), je trouve ça tellement beau, tellement réconfortant, tellement simple, de parler du malheur du monde de cette manière. La réussite de ce travail ne dépend alors que d’apporter, d’imposer ce calme et cette beauté dans le grand vide du temple protecteur entouré du monde en guerre larvée, future, ancienne, contemporaine… Créer un abri… Que disait Grüber ? « Il faut que le théâtre passe à travers les larmes », 
« Bérénice, c’est comme une perle, me disait-il. Ou bien le corps étranger entre dans l’huître et la perle naît de la mort, ou bien on reste fermé à la douleur… Quelque chose meurt et il reste la pureté, cela m’émeut beaucoup… C’est la première fois que je ressens cela : le passage de la froideur et du blabla à quelque chose d’intelligent et chaud. Pour un Boche, c’est difficile, il faut beaucoup de temps. Je suis trop habitué à Büchner, Kleist… Mais là, je le sens : l’intelligence peut être chaude… Maintenant, je sais que l’on peut pleurer en alexandrins… »
Yvno

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