P eut-être russe ou quelque chose comme ça
Bonjour, princesse de l’Est ! la bonne année et quelques mots d’encouragement à ce travail que je te propose (et si tu le veux encore) : je sais comme il est difficile. En fait, beaucoup de travail pour donner l’impression, au spectateur, de l’apparition, de la fluidité, que c’est facile. C’est une incarnation, la plus réaliste possible (comme si tu n’étais que ça), mais pas d’une chose (ou de deux ou de trois), mais de tout un pan culturel mondial « peut-être russe ou quelque chose comme ça » (c’est une expression sur laquelle je tombe dans une lecture), de tout un monde inconnu — pour moi surtout — qu’on matérialisera un moment à Pantin et ailleurs (dans un décor de café, en tout cas), presque un ensemble philosophique, ensemble de mondes suggérés, apportés, rassemblés par Tchekhov plus vaste que Tchekhov (de toute façon, tout y entre). C’est malheureusement toi qui dois te taper le travail, qui dois m’apporter cette « chose russe », qui dois rassembler cette matière (en tout cas pendant les deux prochains mois où je n'ai pas le temps, mais aussi parce que c'est toujours l'interprète qui travaille) comme une récolte d'états divers, de pratiques, de peuplements, d'un grouillement russe, d'un opéra de peuplements, de tout ce qui se rattache à tout, de tout ce que trimballe Les trois sœurs, y compris les clichés. Au final, la forme sera simple, personnelle, intense comme la personnalité-même (c'est-à-dire ce que tu es déjà) et je t’aiderai à en mettre en scène le mystère et la simplicité. Mais cette personnalité multiple et contradictoire à l’infini qui n'est pas toi, qui n’est que toi, tu devras la créée. J’ai bien conscience de la puissance engageante du projet, mais tu ne manques ni de force ni d'envie. Tu m'apprendras. Janvier, février, travaille sans moi — et je te rejoins ensuite.
T’embrasse,
Yves-Noël
Labels: correspondance tchekhov
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