U ne belle soirée à Gennevilliers

Merci, Daniel, pour la programmation de ce spectacle que j’ai eu la chance de voir hier soir, je l’ai trouvé extraordinaire. C’est Jean-Pierre Thibaudat qui me l’a repéré (par son blog) et Hélène a eu la grande gentillesse de me mettre une place au dernier moment. J’y suis allé avec cette Japonaise qui joue L’Amant avec moi, Yuika Hokama qui a permis de rencontrer après le spectacle Hideto Iwaï et de comprendre comment la qualité inouïe de son spectacle, cette précision, cette joie et cette douceur (fluidité), ne devait évidemment rien au hasard. J’ai pensé au travail de Jacques Livchine qui, lui aussi, mélange professionnels et amateurs et démontre que le jeu des uns comme celui des autres s’en trouve amélioré — un peu aux Ephémères, seul spectacle d’Ariane Mnouchkine que j’ai vraiment trouvé extraordinaire, lui aussi fabriqué de bribes de vie de la même façon élevées à la hauteur du mythe. Aussi à Portnoy et son complexe, par exemple, que je viens de lire ; enfin, partout où sont les histoires atroces vécues par les enfants (c’est-à-dire partout). Ici, c’est la rencontre des personnes présentes sur scène qui bouleverse. Leur tout entier. Larmes aux yeux. Du mélo, mais liquide comme l’air. Peut-être un peu long s’il faut nommer un défaut, ce qui laisserait paraître un souci d’exhaustivité (impossible, en fait), mais ce léger décrochage (pour ma part) à un moment tardif n’altère en rien la somptuosité de l’apparition et l’immensité du voyage : un spectacle transparent où j’ai aimé te reconnaître. 

Je t’embrasse,

Yves-Noël

Ça m’intéressait de voir ce travail avec des amateurs parce que je suis moi-même, de plus en plus, du fait de mon inadéquation au monde vainqueur de l’argent, amené à travailler avec eux...

Bonjour Yves-Noël, 

Merci pour ton message de décembre. Je te réponds bien tard, avant c’était impossible de trouver un moment tranquille. 

Oui, moi aussi je trouve le spectacle extraordinaire. J’ai aimé vivre avec eux dans la maison qui vivaient cela. Du mélo, mais liquide comme l’air, tu dis. C’est très juste.

Oui, les amateurs apportent une chose que les comédiens, pour la plupart, ont perdu. Ce que j’ai trouvé très beau, dans ce moment qui n’était plus vraiment un spectacle, c’est le temps qu’ils nous offraient, cette tranquillité dans le récit de leur propre vie. C’est vrai que c’était un peu long, mais le calme, incomparable, était à ce prix.

Hideto a le don mystérieux et rare d’être présent à toute chose qui se présente à lui, sans aucune distance, avec la simplicité anonyme de celui qui revient de loin, qui une fois déjà dans sa vie a disparu, puis a réapparu.

Je t’embrasse, bonne année !

D.