Bonjour vous tous,
Vos voix résonnent dans cette furtive journée à Paris (je repars demain à Genève), elles sont vivantes et éternelles, on dirait, et, comme disait Rachid, toutes particulières, chacun de vous de manière unique. Voici le poème de Wallace Stevens dont je vous ai parlé (de 1917), Theory
I am what is around me.
Women understand this.
One is not duchess
A hundred yards from a carriage.
These, then are portraits:
A black vestibule;
A high bed sheltered by curtains.
These are merely instances.
Il y a aussi, du poète anglais du dix-neuvième siècle Byron :
I live not in myself, but I become
Portion of that around me.
Mais il m’a semblé que vous étiez plutôt plus conscients de cet environnement (que nous sommes et devenons) que d’autres acteurs apparemment moins discriminés, mais plus paumés…
Et encore une chose que je voudrais vous dire (même si, quand je somnolais dans le train, me revenaient — esprit de l’escalier — beaucoup de situations où je me disais : oh, à ce moment-là, j’aurais dû leur dire ça…) : soyez politiques. Pas la politique qui occupe les médias (et les cerveaux ?) dans une sorte d’immobilisme et de reconduction du même, mais celle de la violence, de la destruction de la vie, du Capitalocène, comme on appelle cette destruction par le productivisme ou celle plus simplement dû à notre cerveau reptilien, paraît-il, qui fait que nous savons, mais que nous — en tout cas à grande échelle, certains sans doute le peuvent — ne changeons pas notre comportement. Ce cerveau reptilien, profond noyau à l’intérieur de notre crâne qui ne s’occupe que de l’instant, pas du futur — mais à l’époque où nous vivons, c’est devenu un défaut : soyez donc instinctivement, artistiquement dans l’instant et politiquement dans le futur…
Grand plaisir, en tout cas, à vous avoir eu comme groupe, que vous vous soyez si précisément présentés comme un groupe, comme une troupe que vous vous êtes inventée — que j'ai aimé imaginer vieillir ce dernier après-midi. Profitez du plaisir de cette force. Les ambiances dans le théâtre sont souvent atroces, de ces fausses troupes où les gens se détestent (et le montrent) — c’est pour cette raison que je ne supporte pas, en général, le théâtre, et que je suis bien heureux d’être accueilli par la danse, beaucoup moins cinglée dans le psychologique — et plus travailleuse.
Au plaisir de vous revoir le 25 mars,
Yves-Noël
Labels: correspondance 1er acte grenoble
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