Saturday, March 02, 2019

N on à la révolution


Ce qu’il y a de bien avec les intellectuels, c’est qu’une Terreur chasse l’autre. Je repense toujours à la période Mao (d’avant ma naissance) : celui qui n’était pas Mao n’était qu’un crétin, il était immédiatement ostracisé, sa carrière aux orties, pire que la Ligue du Lol. Il n’y a de survie que d’épouser la langue de bois de l’époque. C’est ce qu’a montré mon professeur Antoine Vitez dans son livre d’entretien avec Kaufmann : les programmes des spectacles naturellement écrits en langue de bois pour toucher les subventions. L’intellectuel et sa lâcheté agît toujours comme en période de Terreur — à cause de sa croyance en ses idées révolutionnaires. Qui ne les partage pas est décapité sur le champ en un jugement expéditif. Alors, heureusement, il y a la droite. Sauvons-la ! Mais, enfin, quand on ne se sent pas trop de droite non plus, on ne sait plus où se situer — tant pis ! — et on est malheureux que la gauche soit aussi folle, aussi nihiliste, aussi vivement-la-fin-du-monde-qu’on-en-soit-enfin-débarrassé. En ce moment, la Terreur nouvelle s’appelle… non, je ne peux même pas la nommer ici… Ce que je peux dire, c’est que, sauf dans des cas très rares et très précis, en général de défense d’une seule personne (comme Dreyfus), les intellectuels — ou quiconque se met dans cette posture de la pensée assénée — ont toujours, toujours, absolument tort. La censure est extrême, en ce moment. On fait semblant d’oublier, de passer à autre chose car, en effet, assez vite, une Terreur chasse l’autre, mais, moi, je n'oublie pas les suprêmes imbécilités de ces grandes gueules dont je méprise la tonitruante pollution pendant que, véritablement, les saints, les héros, les artistes travaillent en silence à partir de l’obscurité qui est en eux à l’opposé de toute prise de pouvoir ni de révolution. Comme me le faisait remarquer récemment je ne sais plus qui, le sens premier de ce mot, c’est ce qui fait revenir au même point. Seul progressent ceux qui refusent le pouvoir extérieur. Jean Duns Scot : « Être une personne, c’est connaître la dernière des solitudes. » D'accord ! A ce propos, je n’ai évidemment plus trop de travail... 

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