« Alors les bruits de la rue alentour, cet homme qui passe chargé de provisions, cet autre qui en interpelle un troisième, ces camions, ces motos qui bruissent ou pétaradent en s’éloignant , tout cela crée comme une basse continue, un fond sonore qui accompagne l’actrice. Et, à les voir passer derrières les baies vitrées du café et disparaître, les passants accompagnent sans le savoir ce temps si particulier de la pièce où le présent est comme une salle d’attente entre un passé qui n’est plus et un futur avorté ou trop lointain pour ne pas être illusoire. L’ailleurs est là, à portée de rue. Moscou ou je ne sais où. Ireïna Labetskaïa regarde parfois passer ces gens venus comme elle d’un autre pays et puis elle retrouve ces feuilles entre ses mains qui parfois (magie du soleil couchant) lui éclairent le visage en irisant ses longs cheveux noirs. Elle lit, lit encore et soudain ses yeux s’éloignent des feuilles, elle dit le texte mais c’est comme si elle le rêvait à haute voix. »
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