Je crois que c’est Sollers qui a une formule : « Quand je veux lire un livre, je l’écris ». Eh bien, moi — égoïsme ou dévouement ? cruauté ou compassion ? —, quand je veux voir un spectacle, je le mets en scène. Quand je veux voir des interprètes, je les trouve, je les aime, je les déteste (leur connerie) et je les calme. Quand ils sont calmes, ils me font le spectacle que je voulais lire. C’est ce qu’il s’est passé ce soir, à Rio de Janeiro, pour la dernière représentation offerte par le festival Cena Brasil Internacional. Merci aux poètes Baptiste Ménard, Isabela Fernandes Santana, Ricardo Paz, Quebra Queixo, Miguel Antonio Augusto, Ismael Queiroz et merci au chœur Raphael Rodrigues Pompeu, Malcon Soares, Eduardo Ibraim, Felipe de Gois, Fredd Lima, Vinicius Fragoso Bittencourt, Marcos Davi Silva. Merci, bien sûr, à Luiz Felipe Milen Reis qui m’a passé commande (et soutenu). Merci, bien sûr, à Marcelo Veloso qui a été parfait pour inventer cette histoire. Merci pour leur délicatesse à Monique Franco, Carolina Garcia et à Phill, Tarciso, Vittoria. Merci au soutien de l’Institut Français du Brésil. Merci à Lot Yan Teresa, Branca Messina, traductrices improvisées, et merci surtout à Bruno Cezario qui a traduit et assisté ce spectacle avec magie. Ou grâce. Magie ou grâce, l'un et l'autre. J’ai aimé accoucher d’un spectacle au Brésil, j’ai aimé concevoir au Brésil, j’ai aimé baiser au Brésil, je ne connais pas le Brésil, je ne connais même pas son sexe, ça a été un ou une inconnue. This land was made for you and me. Faire un spectacle est toujours quelque chose d'impossible qui, finalement, comme à la dernière minute, comme instantanément, se fait, et c'est magique. Et c'est de l'égoïsme et du dévouement, de la cruauté et de la compassion. Et, malheureusement, quand ça se fait, dans mon cas, ça disparaît. Mais Peter Brook le dit pourtant : « Dieu merci notre art ne dure pas ».
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