Sunday, July 07, 2019

C omment c’est (de la poésie)


Ton livre est GENIAL. Bon, peut-être que le mot est disproportionné, après tout, ce n’est qu’un roman, mais je le vis comme ça. C’est-à-dire toi et le livre, ça fait un ensemble assez génial, assez stupéfiant, si Dieu y est pour quelque chose : une réussite, indéniable. Je ne vais pas me mettre à t’en parler, je sens que beaucoup de gens vont t’en parler bien mieux que je ne pourrais le tenter. Mais aussi parce que je me demande comment il est fabriqué, ce livre très fabriqué et très fluide (on voit pas les coutures) et que j’aurais donc plus de questions que de réponses. C’est là, d’ailleurs, où se place le plus mon imaginaire : comment c’est fait ? Laisse-moi dans l’ignorance et le livre continuera de flotter, continuera sa dérive de fleuve en fleuve et de château en château avec ses bébés fabriqués, ses bébés morts, ses bébés massacrés, dis-moi tes secrets et nous serons amis (encore plus). T’embrasse, 
Yvno
(Je suis désolé, quelqu’un m’a interrompu (au tél) et mon bagout c’est arrêté avant « T’embrasse » que je n’ai plus pu que rajouter. Je pensais quand même faire plus long — c’est sans doute mieux ! Sensualité, baroque, vie vibrante et morbide, j’aurais pu, quand même, faire une rédac…)

Ah non, qui est l'interrupteur d'écriture qui t'a appelé ? Moi j'adore les rédacs, alors si tu es prêt à écrire plus, je t'en prie, ne t'en prive pas. Tes mots touchent.
Et puis, vraiment, j'aimerais beaucoup qu'on trouve une petite chose à faire, en septembre, en octobre ? Ta voix sur Louvre, ce serait merveilleux. Réfléchis-y, si le coeur t'en dit.
Je t'embrasse
Josselin

Une interruptrice (ça m’arrive si peu). Mais oui, je t’ai dit, c’est tout réfléchi, c’est oui. Veux-tu que je te le dise en japonais ? (Hai.) Je veux bien faire tout ce que tu veux (je suis à ta merci) avec Louvre. Que veux-tu que je te raconte, d’ailleurs, dans ma rédac ? que maintenant chaque fois que je passerai devant le Louvre, je penserai à toi ? C’est vrai. Et pas seulement les fois du futur, les fois du passé aussi. Chaque fois que je suis allé au Louvre, je me souviens que je pensais déjà à toi. Bien joué, petit loup !
YN
Je dors avec ton livre sous mes draps, comme le lapin Firmin (plus consentant).


Une question, quand même (parmi cent, si tu ouvres la boîte de Pandore, tu auras à faire) : j’ai un peu suivi la carrière de l’amour de Jacques et de Jeanne sur Wikipédia (c’est beau) ; Marcelle, j’imagine qu’elle est devenue folle ; mais, la petite, qu’est-ce qu’elle devient ? J’en ai trouvé plusieurs, sur Facebook, des Carmen Leloup...

L a Dédicace 

Juillet 2019
Pour Yves-Noël,
depuis Shakespeare en Avignon, à Houellebecq à Pantin, Yves-Noël qui a toujours fait, par le fascisme de sa désinvolture, fait que les petites choses, pour moi, deviennent, comme une toccata Glenn Gould, abyssales, et fécondantes pour toujours, 
merci, 
Josselin

En réponse à ta (merveilleuse) dédicace (et en particulier le fascisme de ma désinvolture, petit coquin), ceci que j’entends dans une interview d’Antoine Vitez (qui a été mon prof), il parle des deux versions de L’Echange, de Paul Claudel, celle qu’il a écrite à 25 ans, encore vierge, et sortant des Mardis de Mallarmé, mieux construite que celle qu’il a tenté à la fin de sa vie de réécrire qui est, selon Vitez, plus brouillonne — et Vitez dit en substance : C’est la jeunesse qui est sérieuse ; l’âge mûr est désinvolte…


Le livre lapanéisé en Firmin, ça c'est une étape ! Vitez a raison, évidemment, en un sens. Pour ce qui est de faire quelque chose avec Louvre et toi en septembre/octobre, réfléchissons à quoi et où (parce que cette mairie du 6e, j'ai peur 1) que ce soit booké, 2) un peu plan plan… Mais si ça se débloque, tu pourras peut-être la secouer de l’intérieur...)
Je veux bien ouvrir Pandore, et répondre à cette question, à d'autres aussi : Marcelle Jaujard, personne ne sait rien sur elle, j'ai même eu du mal à trouver son prénom ; j'ignore comment elle a survécu à l'après-divorce ; j'en rêve encore. Je l'imagine magnifique. Carmen Leloup sur facebook, c'est génial ! A la vérité, c'est la seule dont j'ai changé le nom, pour la bonne raison que, tiens-toi bien, elle vit encore. Elle habite Nice, elle a 94 ans... Je lui ai envoyé le livre, pas de réponse. C'est mieux sûrement.
Bonne soirée

Josselin

Elle vit ! c’est génial. 
C’est bien ce que je pensais. J’avais raison de rêver de ton corps-lapin car ton roman écrit est incomplet. Tu conserves une bonne part de tes investigations en ton for intérieur (comme on disait du temps de Nathalie Sarraute) — ou peut-être même qu'avec ce matériau infini jusqu’à l'ultra-contemporain, prépares-tu une série… 
En septembre, je dois fournir un spectacle sur Cunningham et en octobre un sur Picasso. Je t’assure que Louvre me serait une récré du tonnerre ! (Mais je n’ai pas d’idée d’où.)
Aimes-tu le travail ? Oui. C’est ta supériorité sur moi. Tu es jeune, beau et tu aimes le travail. Pour résumer tes qualités. Moi, je suis vieux, laid et je déteste le travail. Toujours cette désinvolture…
Heureusement les vacances approchent où cette culpabilité (de ne pas être jeune, beau et de ne pas aimer le travail — pour le redire) va disparaître comme par enchantement et comme elle le fait chaque année merveilleusement pendant ne serait-ce que quelques jours qui valent tout. Au moins les quinze premiers jours d’août, disons, où je suis en Corse avec des amis chers et où on ne fera que se baigner, boire du rosé ou du champagne et se plaindre des moustiques. Mais je n’aurais pas de vacances si j’avais un enfant. Ou un amour. Il paraît qu’il n’y a pas de vacances à l’amour, c’est Duras qui le disait. Voilà, j’ai réussi à citer Sarraute et Duras, les deux mères de mon adolescence, ça va pour te répondre.
A toi aussi, 
Yvno


Comme un plongeur, Louvre ne vit que par l'oxygène de ses incomplétudes. Tout journal est coupé juste avant Le moment, et c'est là que le lecteur doit prendre l'air, dans les infinitudes, ou même les impossibilités de l'énonciation (le journal au présent rend impossible l'action de vivre l'événement et de l'écrire, tout ça est bien de l'ordre du fantasme, de l'imaginaire, et donc de la révolte - des conventions autant idéologiques que scripturales, et, peut-être plus important encore, du souffle de pensée/diction).
Allez, je donne ce que tu provoques : ni vieux, ni laid ! Pauvre Yves-Noël, tu n'as pas besoin de moi pour entendre ça…
Oui, ces jours d'été valent tout.
J'aimerais Cunningham.
Et non, je n'aime pas travailler...ça me rappelle trop mon père (agent immobilier, banquier, assureur à la retraite). Mais comme Matisse : 
— Croyez-vous en Dieu ?
Quand je travaille oui.
Josselin


Comme c’est beau !
Love,
YN

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