« j amais il n’effaçait une ligne »
Bon, voilà le matériau (en pièce jointe). Comme je disais, ce sont les poèmes que j’ai écrits depuis la performance. L’ordre compte puisque c’est un journal. Selon la place disponible et la taille de la police on peut s’arrêter quand on ne l'a plus (la place) ou aller jusqu’au bout. On pourrait publier très petit. Les poèmes ont (malheureusement) une apparence graphique (sortes de rimes pas sonores, mais visuelles), ça, qu'il faudrait aussi respecter (avec l’ordre). Il y a sûrement encore des coquilles (puisque à chaque relecture j’en corrige) et, bien sûr, il faudrait que je relise les épreuves (et corrige encore)… Tiens-moi au courant de ton sentiment. Avec mes meilleurs vœux,
Yves-Noël
Ah oui, le titre, c’est (avec les guillemets et sans majuscule) : « jamais il n’effaçait une ligne »
(L’énergie épuisée)
Ma petite loquace
Elles vieillissent vite, les jeunes filles, les roses
Il y a comme le train d’une merveille à lire, les paragraphes écrits qui disent beaucoup, qui informent — n’informent pas, c’est autre chose… poème, sculpture (et — la dame parle à la radio — elle dit : « Ils étaient z’amis, Giacometti et Bacon ? »)
— ’vous rendez compte de cette connaissance du français qui permet de se parler ? —
Comment elle se parle, elle, à elle-même, la rue, comment la supporter, la rue de la vie
le morceau de pain…
Il y a du réel, mais du réel inoffensif dans l’oreille — mais l’imagination — comment faire avec — s’il faut bien raconter quelque chose comme dans l’église froide en hiver ?
— j’avais sommeil
*
Luminothérapie
« La vie, comme un petit feu qui persiste », près du lac et de toutes ses nuances et ses jeux de lumière — à quel espace l’aube et les aubes appartiennent-elles ? Je m’identifiais au destin, c’était mon problème (m’avait-on dit), et les livres déjà écrits réduisaient […] à néant. La sagesse ? (J’avais cherché le mot)
Il y avait une poche d’amour dans la nuit noire, c’était clair ; « région natale », elle disait au téléphone
et la capitale
on ne pouvait l’imaginer que dans la douleur car elle était si belle… La douleur, la soirée, le froid
Tout ce que j
e pouvais im
aginer
et l’été tragiq
ue
Le mot « doute » offrait tout un livr
e
(les livres et leurs fantasmagories)
*
Dans ton lit tout imprégné — devrais-je dire ton ou mon lit ? —, dans la nuit tragique, les cercles et les cercles, elle avait raconté aussi que ma banane était allée à La Rochelle (souvent je lui faisais répéter parce qu’elle allait trop vite ou…) (on m’avait dit que pour ralentir quelqu’un de rapide, il fallait aller plus vite que lui, que pour ralentir quelqu’un de lent, il fallait aller plus lent que — l’homme le plus incoupable de la planète : Edwy Plenel)
*
« Mon humeur, elle aussi, était couleur d’automne »
*
Dieu, le plus faible
(le plus faible récit)
*
La vie arrive par hasard, comme dans un livre, je v
oulais vivre en ermite — je me préparais pour ça —
pour l’étude d
es cœurs purs
En fait, nous ne vivions qu’une époque, qu’une se
u
l
e époque et
je lisais
je regar
dais les
récits du bonheur (mais ce n’est sans doute pas c
e que je voulais dire — que j’ai oublié)
*
Nuit fumigène, nuit future
*
je suis seul avec mon corps — mais il y a la peinture
« Il y avait eu des neiges profondes » si je regardais…
ma vie avant de
mourir
je voulais apprendre ce qu’ils savaient, petit garçon
*
OUI
une machine à dormir, j’étais
surtout avec toi à mes côtés
qui connaissait mon somme
il
*
Je voulais l’histoire du moment, mon galetas, c’est très difficile de décrire le réel et c’est triste et c’est gris, ô grand vaisseau de la nuit et de l’amour ! (si je résume la situation) (quelle grande capitale !) (y être dans son frein) (ma vie, ma vie de garçon). « Ça veut exactement dire ce que vous imaginez »
*
Je vous écrirai la tête froide
J’étais dans la ville, qu’ai-je
fais dans la ville ? j’étais hie
r da
n
s la ville
*
Écrire semblait comme un tissage miniature et infini
Je me levais, j’étais dans la forêt : un jeune café per
du dans la vie ! comme c’est étrange, l’absurde réel
repousser le vent du serment d’enfant, comment on
s’arrange dans tous les sens… pour être malheureu
x, pour être heureux aussi bien… il y avait ma prése
nce dans ma tête, dans mes cheveux — ou était-ce
ta `
présence ?
*
Ça s’appelle la vie, remplie de choses, l’amour baigne mon cœur, les vivants sont si actifs
Pourquoi ce bord de la vie, oh ! mon Dieu ! à rattraper toujours ? (tout a du sens, sérieuse ment)
*
Alléger mon automne !
le « en douce » à Paris
(L’hiver et sa mémoire)
*
Non ! je ne veux pas — changer le monde !
J’avais tout pour être heureux : pluie chérie
féminine, de la réconciliation, je serai un no
uvel homme
sous la pluie !
la vie du monde, la pluie, les poètes éternel
s, je suis, sous le zinc, la désinvolture parfa
i
te
*
Les églises se dressent dans le vide complet
On a trouvé un inédit de Charles Baudelaire :
Dieu a inventé le crocodile, il est dit il est dit !
*
Mon père apparaissait […] chaude ou tiède, lune de joie, oui, il y avait une grande maison, finalement, autour de moi, une grande maiso
n
*
Vivre — par la portière d’une vie
Comme au bord de la mer le cri
des grolles, le silence de la nuit
*
C’est-à-dire une multitude de bruits de bêtes
les spectateurs, dans la nuit d’automne ou d’
hiver
On voit l’aspect extérieurs des autres, des ju
meaux dorés, que faire de tous ces visages ?
(écrivais-je dans le noir)
Voyage en sommeil éveillé, voyage horizontal
Vous avez vu la ville cette nuit ? Ici, un roman
commence
*
Je dormirai affamé
je voulais faire l’expérience, j’irai dans la montagne, aussi, revoir TOUT
Je suis près de toi parfois déjà, toujours
Oui, je lisais « le souvenir » et une image
collée au mur se soulevait par la chaleur
du poêle
Je m’endormais — bien sûr, c’était l’hive
r
*
« langage sommaire de la tristesse »
l’annulation de toutes les frontières
Oui
C’était un temps où j’étais empâté
agonisant, engourdi
un temps de guerre, imaginez-le en
temps de guerre, la
nuit
humanité chagrine, que tu charries
ce que tu charries !
J’avais vécu ma vie, oui, toute ma
v
ie dans un galetas — et cela n’avai
t
t
pas d’importance)
*
Pour un départ, acquérir ce qui me rendrait libre
mon visage, de quel moule l’a-t-on sorti ? la mo
rt disperse tout
— plancher rée
l
*
Il était tard, il était nuit, j’avais les yeux collés, les paupières collées et ces mots étaient pour me réveiller
L’envie
d’écrir
e
ces mo
ts
seule eut un effet sur ma santé
Il était 11h39 comme la veille e
xactement
et j’avais envie, oh oui, d’être a
vec toi,
« wish you you were here »
*
Tout a du sens un dimanche où tu travailles et où je te pense
*
Les châteaux ouvriers. Ronde de chiens
j’ai tout le temps, ce soir, de penser à toi
J’entre dans un poème déjà écrit certes
mais c’est ça, le poème, entrer comme dans une
femme d
éjà écrite
*
J’aurais été quelqu’un qui aura pris des cours de danse
*
Je t’aime comme des chips !
De nouveau les bruits résonnent dans la rue vide, de nouveau le drapeau en berne, tout ça manque de précision, la Croix dans le ciel, gris sur gris, tempête majeure de la Manche
J’ai vu les armées de choses
inventées
J’ai eu peur qu’elle me quitte
*
Titre : In the fleeting sun
Oui, cette mesure, cette demi-mesure qui t’empêche de décrire ce qui t’importe de cette soirée
plus belle que ses yeux
c’était l’automne, le me
rveilleux automne décri
t
par Baudelaire dans de
nombreux poèmes (ave
c le crépuscule) : on va
dire la date, pour être c
omplet — dimanche 24
*
J’étais en train de te perdre — il y avait les cygnes et je te l’ai dit ; je me suis retourné et tu étais en train de pisser très rapidement comme tu sais faire en écartant ta culotte comme sans y penser ; j’ai voulu prendre une photo, mais la photo n’a pas pris le jet dru qui part sur le côté, mais je t’aime, on va dire que je t’aime par ce poème. — « La métropole est immense » — Je t’ai dit, oui, je m’en souviens, que les cygnes peuplaient de si nombreux poèmes depuis toujours, surtout, je pensais, au XIXème siècle, je pensais que je voulais écrire « cygne » et « poème » et retrouver tes yeux, l’état de ta pensée — tu étais ailleurs — et tes couleurs : tu t’étais habillée de jaune exactement comme les innombrables feuilles d’automne, surtout ces petites et rondes qui étaient du même jaune
— « A l’heure où toute forme est un spectre confus » — Et j’ai lu en anglais l’histoire du Jardin du Temps où j’aurais pu recopié tous les mots ou les apprendre par cœur et je crois que c’est ce que j’ai un peu fait lors de cette longue soirée d’hiver où je t’avais maintenant oubliée et où je te re-mémorisais…
« Both of them knew that the garden was dying »
Oui, j’étais toujours là, dans ma grotte, dans ma niche, mais, quand même, je lisais, j’écrivais. Je détenais la clé du savoir, la clé d’une horreur à venir et d’une horreur passée, la beauté d’une histoire d’amour
« Et je t’aime… caresse-moi… »
*
Je suis jeune, mais pas comme les jeunes
Je vis la nuit, mais pas comme les jeunes
Je descendais dans le jardin, la maison ét
ait vaste et existante, elle renfermait ma l
aideur et ma jeunesse. Les portes étaient
ouvertes, les escaliers, c’était l’été, c’était
— il n’y avait rien d’accessible, c’était l’é
poque moderne, c’était normal. « Et je t’a
ime… caresse-moi… » Ça galope, ça gal
ope, c’est nocturne, undoubtedly. En con
tournant la maison éventrée, j’étais dehor
s
*
« grognement, mot »
Casanova s’enfuit d
ans un couloir
Je sors de chez moi
je me cogne dans le
s gens. (On me laiss
ait être artiste et c’é
tait tout)
*
J’aime Paris que je ne regarde pas. Dans la foule, je suis en Russie — ou selon mes lectures… Il y a des enfants, des voitures, tout a lieu réelle
ment
Il y avait le vent la fenêtre ouverte, mon amour, mon cheval
Il y a ce noyau dur du secret perdu : je peux m’en détacher
(ou m’en rapprocher, c’est un aimant)
C’est ton lit, c’est toujours ton lit et c’est toujours passé, la
science-fiction
Je tourne les pages — est-ce que, toi aussi, tu lis un livre ?
(toutes ces secondes que nous passons séparés : comme
tant d’autres)
Tout va si vite, mon amour — la pluie tombe à travers le toi
t
J’ai mis un peu de chauffage pour endormir ma souffrance
mon orgueil : après tout, j’étais toujours dans la forêt, dans
le bois avec elle et les bêtes, les canards et les oies et les
cygnes
*
La pluie était la solution de la nuit
Rien de plus beau que la pluie sur
le zinc
comme un bateau
dans cette caravane, la nuit, mon
musée (toujours un vaste espace
d’écriture de princ
e
sse)
*
Ma jambe, posée sur l'autre jambe dans la chaleur de la bibliothèque et de la partouze virtuelle (des gens toussent dans l’hôpital)
Fenêtre ouverte en plein hiver, jour de soleil : comme une prière : penser à l’être aimé
*
« Le gris qui va bien à Paris »
Les grands vaisseaux des immeubles de Paris (les grands vaisseaux londoniens). Je me suis oublié dans des vies appauvries… « dans la maison toute blanche, toute silencieuse, qui domine la mer »
« de
trouver un assassin »
*
Comme un lundi dans la salle d’étude un jour de neige
— c’est effrayant le monde, l’humanité, tous ces détails
tchekhoviens, ces voyages, ce va-et-vient de constructi
ons invraisemblables entre folie et raison : ou bien mon village
— et une voix, et une voix d’un de mes contemporains
*
La splendeur du monde, on va la regarder s’effondrer, oui, ce silence à l’intérieur des esprits, cette fatigue corporelle — comme de la dentelle —, comme c’est étrange et comme c’est long, un livre, imaginons, il est 18h, il est la nuit, sur le bord du train les moujiks, pas d’astuces dans le dos du crâne, pas d’événements…
D’ailleurs le doux regard se retourne à demi effacé par l’ombre…
Lire dans le train rallonge le voyage ; pour être tranquille il fallait croire à Dieu, il n’y avait que — oui, tout a lieu encore, le drap, l’hôtel, le livre… calme-toi
(tu écris malgré tout)
« D’habitude, tout le monde commence par écrire des poèmes »
*
Ce grand corps malheureux, maladroit, emprunté (dont je n’ai encore rien dit). Il y a la Suisse ; la Suisse est comme une patrie ; je reconnais que je suis en Suisse. Paris, maintenant, miroitait, c’était enfin Paris, vue de lac, mes pieds : comme des chaussures, je les ai vus enfin…
*
Un chiot de 18 000 ans
Il fait froid, c’est délicieux, « juste à côté, Madame, la soixantaine très chic », dans ce grand lit tout plein de toi déjà absente, « une superbe blonde plantureuse », « mais, à l’abri des regards, la situation frôle le sordide », « the moon is squared », « l’influence du moine », les cloches encore, « des complots se trament en secret dans les hautes sphères de la noblesse », les intéressés, les ambitieux, « le bal de Noël », dans l’hôtel avec des bruits, cette fille dépasse la fiction — le vieillard émerveillé… musique invisible…
*
Dans les grands yeux de la banlieue, courir sur des autoroutes, des supports, dans la nuit — jusqu’au théâtre —, demander plusieurs fois son chemin aux paysans de la banlieue…
*
Ce grand silence de la nuit, que veux-tu, incomparable… ma chambre de Paris… des motifs d’exaltation… j’étais soudain très fatigué
*
C’était comme si j’étais tout flagada, la nuit seule me réconforte en ce moment, allez-y voir
*
Comme c’est dur dur d’être dans le réel, c’est-à-dire, la nuit, dormir
On est si heureux, la nuit
Avec la pluie qui tombe, on est dans le sérieux : l’érotisme sans toi
*
J’ai rempli mon estomac de mandarines corses
Je voudrais lire des livres que je ne comprends pas — j’entrais enfin dans les livres que je ne comprenais pas, ça y était, enfin la lecture ! (on ne peut pas toujours lire en russe, c’est fastidieux), mes jambes longues, musculeuses, dessinées comme chez le Greco, je suis heureux
*
Comment imaginer une ordure ?
Tu m’as entrainé au Moyen Âge
m’aimer (je ne saurai pas comm
ent je suis né, je suis si pratique
avec le corps — j’ai vu à la télé)
*
Brûlé par la lumière, mais c’est voulu, c’était traversé de la nui
t, le vent fou, vivant comme une personne, un ami… Tempête
à Rennes, comme c’est beau ! (le mot aussi est beau, il crée l
e
s
es souvenirs). La joie de la pluie — comme des abeilles en été
on entend tout, on entend dans la rue : « Allez-y, j’vous r’joins »
*
Tout est effacé, de la vie courante… Oui, la Fr
ance, au milieu de la France ! (Il y a tant à dire)
J’ai cru que c’était un titre de Balzac : N’ayez
pas d’amitié pour moi, j’en veux trop — mais c
’est un titre moderne — d’un recueil de lettres
Grand pays, maintenant, à travers la vitre salie
Quand on s’approche de Paris, tout s’agrandit
Les mots anciens reviennent, et l’écriture dure
du peuple humain, toi, sœur, et puis cette phra
se : « Les éoliennes, c’est comme les migrants »
Je regardais par la fenêtre les troupeaux d’éoli
ennes, les beaux troupeaux tournés vers le cie
l
*
Je lutte désespérément pour avoir un an
de moins chaque année…
La vie non vécue. De ma mère et de moi
Le tout — et le n’importe quoi du monde
*
Maintenant
Maintenant que je regrette
Maintenant que je reflue…
Je voulais dire le mot, mais le mot sort autre que celui que je voulais dire — existe-t-il ? (il est au bord) (au bord d’une autre langue)
Paris m’a brûlé les yeux tout à l’heure, cette communauté… Il faudrait lire à chaque pas la pierre et les vivants — et tout se cache…
« Premier Noël sans Notre-Dame », j’ai lu quelque part, dans une gare, dans une gare inventée pour l’hiver
La tour aussi, j’ai pensé, je me suis souvenu que je me suis longtemps demandé si le temps passé allait faire la tour Montparnasse devenir belle, je n’arrivais pas à le voir (bien que j’eusse déjà des exemples)… Ce matin : « Ça y est, elle est belle, ça aura fait vite finalement… »
J’ai mangé, j’ai bu, j’ai véc
u
Tout est sacré
Les aménagements nouve
aux
*
Paris, j’avais envie de l’appeler, de l’autre côté de la ville
Je respire, je respire au lit, je respire partout
« Un rayon pâle du soleil de décembre traversait la crois
ée du galetas et traînait sur le plafond de longs filandres
d'ombre et de lumière »
Caroline & Rebecca
(Je rejetais Camille)
C’était donc les copines imaginaires dont elle me parait
*
J’avais dormi dans son lit, j’étais maintenant dans le mien — quel bateau, la vie ! La fatigue déjà du soir, grâce à qui ? grâce à toi qui reviens ; dormir n’est qu’un silence ; ainsi, comme le temps passait vite…
*
La nuit douce, pure, de tous les jours, la nuit avec la dentelle de pierre des arbres et la dentelle des morts et la dentelle des larmes, la nuit parcimonieuse parvenait à l’ennui. Oui
mon cœur, mon corps, mon apparence — et ce juste train qui dément la nuit —, parmi la foule de ceux qui gagnent, vivre seulement avec toit, vêtement et nourriture, être aimer —long silence, matin de Noël, quelle joie éphémère !… Que faire de cette grande carcasse d’amour, toutes les bêtes au chenil, le peuple, maintenant, est noir, tout est extrêmement lent — d’un (ou à un) sommeil fou, lourd…
*
(Villa Verde)
Je
Je fais des choses
Je ne pense pas à ma fatigue
« fatigue » vaut-il pour le mot
« famille » ?
*
Elle passe avec un chariot comme dans un film, les trains ont repris du poil de la bête, les animaux de l’animalerie — et ma mère disait : « C’est incroyable, on dirait des vrais », « C’est incroyable, on s’y tromperait » devant lapins nains, poissons, oiseaux, batraciens, petits dragons archaïques (c’est vrai qu’ils avaient aussi beaucoup de peluches animées)
*
Tout est entraînement
Qui a le goût de lire ?
*
Oui, quelque chose de sensuel dans toute la ville
Ces forêts, ces forêts que nous ne pouvions voir
*
Emerveillé par rien, je ne sortirai pas de mon lit
je n’irai pas à Paris, cette ville où je vis et où je
veux bai
ser
pourtant
*
Joie d’être dirigé par des robots toujours plus toujours plus
— mais la poésie reflue, n’est-ce pas toujours le sentiment ?
Si, toujours le sentiment, mais l’amour et la joie des robots
Ma vie secrète, à toute allure, désespérément, courir après
s’endormir dans l’enfance — ah ! l’enfance ! à toute fin utile
Je voulais m’enfoncer dans la nuit, je voulais être « libre » (j
e n’étais pas libre) ; il me fallait il me fallait effacer le monde
*
Les journaux que je ne lis plus, je prendrai du café
J'étais dans le train et je lisais : « Y a-t-il un intérêt
à envoyer des humains sur Mars ? » et la réponse :
« De mon point de vue, aucun. Tout est compliqué
pour y aller : les six mois de voyage »
Et je rêvais aux six mois de voyage...
Je vis en secret, petits chênes endormis, cette gri
s
aille, petits arbres desséchés
On ne pourrait plus vivre
C’est tellement gracieux, la vie capitaliste, comment y renoncer ?
Il n’y a pas de crainte à avoir. Avec elle, je vis sans crainte, c’est les vacances
Je pouvais lire comme ces gens qui vivent au rythme des saisons dans leur riche exploitation viticole de la région de Cognac
Comme c’était beau, cette semaine dans le désert !
*
J’avais plein d’odeurs emportées du bonheur
dans les cheveux surtout — et les odeurs qu’
elle sentait (les camélias qu’elle m’avait mon
trés, les chevaux de bois, les manèges, la di
stillerie…), toute votre jeunesse, « les légume
s
sont malheureux »
*
Dormir dans le château de la veille
il fallait toute une nuit rester éveillé
La vitesse, la voilure, le long chem
in de la vi
e sur la vi
e
*
Mon amour, mon désir, il fallait tant de temps pour
te reconstituer, il fallait toute une nuit et la doubler
toucher le bonheur par l’ivresse des profondeurs !
*
Oui, je crois en Dieu, comment expliquer sinon cet état de bonheur permanent ? Je cours avec mes nouvelles chaussures, à l’affut, à l’affut, je suis encore dans la nature, dans la maison entourée de la nature, tout veut se vivre, toujours — de l’enfance et de la misère
Labels: correspondance poésie
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