Sunday, October 11, 2020

 

Un lieu-poème.

Yves-Noël Genod (metteur en scène) et Philippe Gladieux (éclairagiste) ont conçu, en collaboration avec l’Arsenic, un lieu-poème, un lieu contemplatif sans interprètes. Rien n’est fourni au spectateur de spectaculaire ; c’est comme un rêve : on se retrouve ensemble à un endroit à un moment donnés et que se passe-t-il ? Seulement le lieu…

Yves-Noël Genod et Philippe Gladieux ouvrent leur atelier. Yves-Noël Genod propose aux spectateurs de venir expérimenter en amont des représentations l’œuvre très sensible de Philippe Gladieux pour en comprendre les possibilités d’« être » et même éventuellement de « faire » qu’elle évoque et invoque — et préparer les représentations à venir — ou ne vaudrait-il pas mieux appeler ces représentations des « cérémonies » ?

Pratiquer. Au moins une fois.

Tous les soirs de la semaine sauf le lundi de 18h30 à 21h30 (on peut bien sûr partir avant la fin ou arriver en retard) et le samedi et dimanche de 14h30 à 17h30. (En dehors de ces horaires, possibilité aussi de prendre rendez-vous.)

Deux citations de deux poètes étasuniens éclairent ce projet.

Lune de Wallace Stevens, un poète du XXème siècle qui accompagne Yves-Noël Genod depuis très longtemps, depuis qu’il a joué, enfant, en compagnie de Claude Régy, l'une de ses pièces, Trois voyageurs regardent un lever de soleil — Wallace Stevens ayant d’ailleurs aussi écrit une pièce intitulée Cérémonie : « La vie est une affaire de personnes et non de lieux. Mais pour moi, la vie est une affaire de lieux et c’est là que réside le problème. »

Et lautre est de Louise Glück, la nouvelle prix Nobel de littérature (qu’Yves-Noël Genod ne connaissait pas), extraite dun article de 1993 intitulé Disruption, hésitation, silence : « Je suis attirée par les ellipses, les non-dits, les suggestions, les silences éloquents et délibérés. Le non-dit, pour moi, est doté d'un grand pouvoir. Souvent, je souhaite qu'un poème entier puisse être écrit dans ce vocabulaire. C'est la même chose avec le « non-vu ». Je pense par exemple à l'extraordinaire puissance des ruines, des œuvres d'art endommagées ou inachevées. »

C’est ce que Yves-Noël propose aux spectateurs, c’est très simple et très ambitieux : écrire en creux un poème sans mots, un spectacle sans interprètes où l’essentiel est l’espace, l’air, la gravité, la lumière et la rencontre — si rare dans l’univers. Un spectacle à pratiquer pour s’enrichir le cœur !



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