Ah, Maïa…
J’ai peur que ce soit trop raide…
Il y a quelque chose qui peut être détruit très facilement, dans ce qui arrive — et qui se joue — depuis le 19 septembre…
Ça peut être détruit très facilement si on dit : Eh bien maintenant, c’est le gala de fin d’année, c’est les dernières répètes, il faut qu’il y ait tout le monde. Et, là, on a le gala de fin d’année…
« Autant que faire se peut » : ça veut dire que l’important n’est pas dans le faire. C’est le contraire. C’est l’être qui est l’important. Et si on est absent et si on vient au dernier moment et qu’on est génial, c’est parfait...
Excuse-moi, on s’est mal compris. Bien sûr, je râle comme un pauvre type qui a peur d’être dépassé par les événements, un pauvre metteur en scène qui a envie d’un peu de confort, qui se plaint de l’éparpillement des troupes… mais, ça, c’est la surface. Au fond, je cherche à faire avec le contexte, l’époque, la manière de l’époque, la jeunesse royale, les téléphones portables, etc., bref, j’essaye de perdre face au réel — et, bien sûr, c’est un jeu où je me plains... parce que c’est difficile… Mais c’est un jeu que je choisis…
Bon, je saisis ton point de vue— tu me l’as exposé — qui a le mérite de la clarté. Alors, peut-être (sans doute) que je m’inquiète pour rien...
Mais c’est ça qui va être très dur : ne pas détruire le jeu. Ne pas faire de cette expérience unique (en tout cas pour moi) un spectacle, une forme qui l’arrêterait (« achever un tableau, c’est l’achever »)
Et en même temps, je crois nécessaire — mais je me trompe peut-être, c’est sans doute un signe de faiblesse — de rendre cette chose plus lisible
Comment rendre cette chose lisible et lui garder sa puissance ?
Kafka disait (en parlant du Château) : « C’est un livre fait pour être écrit, mais pas pour être lu ». C’est toute la problématique. Tu comprends ?
N’est-ce pas…
Bon, ce matin, la danseuse de Lyon est si incroyable que j’avais envie de virer tout le monde et de ne garder que ce duo d’elle et Bruno de ce matin, rien de plus beau…
Mais je ne le ferai pas…
Mais ça va être dur…
Bon, je relis ton mail une troisième fois, tu as sans doute parfaitement raison…
A demain,
Yves-Noël
Labels: correspondance carreau
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