Friday, November 19, 2021

Je suis dans le train de retour. Comme le temps passe vite ! Comme j’aime que le temps passe vite quand on travaille ! (Le chômage est une torture.) Quand je travaille, le temps passe vite et avec une grande intensité, comme une vague. C’est sur cette vague que nous créons des spectacles. Des spectacles apparaissent comme, un peu, la vie se métamorphose. J’ai dit aux étudiants deux phrases dont j’ai été assez fier pour les noter. « Vous êtes tombés dedans quand vous étiez petits ; c’est exactement ce qu’on appelle l’« incarnation » » et « L’impossible est plus facile que le difficile ». J’ai dit aussi, je me souviens parce que Claire m’a repris : «  La tête aussi est dans le coup » — et elle a rectifié : « Non, la tête n’est pas dans le cou, elle est au dessus du cou ». Dans le travail, le sentiment : je n’ai rien fait. Et pourtant le travail se présente comme tout, comme déposé entier, au pied du lit, cadeau de Noël (avec Yves qui n’est pas loin). À l’invitation de Rémy Yadan, j’ai, en trois jours (et le quatrième de représentation), fabriquer deux spectacles dans deux lieux différents de l’ISBA (Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon), un spectacle de 30 mn en sous-sol et un d’1h dans la grande salle, tous les deux très beaux, très purs. Deux spectacles (et aussi d’autres choses que nous n’avons pas montrées) qui ont à voir avec l’enfance de l’art. L’enfance, je n’en ai même pas parlé. D’habitude j’en parle comme regret. Mais, là, elle était là, elle s’appelait la jeunesse, tout simplement. Et l’atelier aurait pu s’appeler « Vacances dans la réalité » (je ne me souviens plus du titre de lancement). Comment ça a été possible ? Une grande intensité rendue possible par la présence comme d’une troupe — c’était comme si nous avions toujours travaillé ensemble, chacun comme poisson dans l’eau, comme enthousiasme, comme ami. C'est très rare. S'il fallait analyser pourquoi ce miracle, on pourrait sans doute (les miracles sont ce qu'il y a de plus raisonnable et de moins sot). Je n'étais jamais venu à Besançon, en plus, ville humble et sublime, d'une beauté comme sortie du rêve — ou de la mémoire puisque je n'y étais jamais venu. Il y a des Lucas Cranach au musée. Et tous les visages de chaque étudiant comme équivalents.

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