Monday, November 29, 2021

T a dignité de fils de Dieu, personne ne pourra jamais l'effacer


Tout à l’heure, à 14h, j’ai été refusé du cours de danse parce que je n’avais pas eu le temps de faire un test « cas contact ». A la place, je suis allé au cinéma — c'est-à-dire dans la misérable salle 5 du MK2 Beaubourg où j’ai vu un chef d’œuvre. Loin de vous j’ai grandi, de Marie Dumora. C’est Laure Adler qui en a passé l’autre jour dans son émission deux extraits sonores qui m'ont fait dresser l'oreille, qu’elle en soit personnellement remerciée (sinon je serais passé à côté). C’est un documentaire. Je ne sais pas comment c’est fait, il y a zéro discours dans ce film. C’est très, très rare, les films qui ne sont pas des discours. Ce qu’on voit dans le film, ce n’est pas tant la diversité sociale (tarte à la crème) que la diversité psychique. « Je est un autre », disait Rimbaud. On voit des gens si lucides sur eux-mêmes, si proches de ce que Duras appelait « l’irrésolubilité de soi-même », si naturellement mystiques. « Des fois, je suis devant la maison, mais j’aime pas rentrer. » Il y en a un qui a tatoué sur le bras en grosses lettres gothiques transparentes, SEUL DIEU. Ce film propose l'expérience d’empathie, alors que tant de films proposent celle de la manipulation ; ce qui fait que j’ai eu l’impression étrange d’un autoportrait, je veux dire mon autoportrait. Je me suis reconnu, comme on dit. L'expression « film sublime » veut dire que vous pourrez vous aussi avoir une émotion sublime à l’intérieur de le voir. (J’étais en larmes.)

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