Monday, January 03, 2022

« Vous n’êtes cependant pas favorable à la décroissance, mais à la prospérité. Quelle est la différence ?

C’est un cas typique où une idée juste est annulée par le manque de soin dans le choix des mots – et des affects qui leur sont associés. « Croître », mais c’est un mot magnifique, c’est le terme même de tout ce qui est engendré, c’est le sens de la vie même ! Rien ne me fera associer « décroissance » avec un quelconque progrès dans la qualité de vie. Je comprends ce que veulent dire tous ces gens formidables qui s’emparent du terme, mais je crois que viser la « prospérité » est quand même préférable. Or prospérer, c’est justement ce que l’obsession pour la production destructrice rend impossible pour la plupart des gens. 


Comment la nouvelle classe écologique peut-elle gagner la bataille culturelle ?

Justement en s’intéressant un peu au choix des mots ! Regardez comme les libéraux ont été malins en inventant l’idée d’un individu libre et calculateur qui maximise son profit personnel. Est-ce que ce n’est pas enthousiasmant ? Ou comment les néofascistes prétendent définir une nation par ceux qu’ils excluent des frontières ? Ça capte des énergies puissantes. L’écologie ennuie, ou prêche. Elle est imbibée de moralisme. Elle n’enthousiasme pas assez. Elle ne mobilise pas. C’est pourquoi on la dit « punitive ». Mais ce n’est pas inéluctable. Il faut travailler les affects. C’est un énorme travail, mais c’est ce que les libéraux et les socialistes ont su faire en leur temps.


Pourquoi l’écologie politique oscille-t-elle, selon vous, entre la panique, le moralisme et l’ennui ? Est-ce parce que les écologistes sont largement absents de la scène artistique et culturelle ?

Je pense que c’est lié, en effet. L’art écologique, sauf rare exception, est un mélange de moralisme et de bons sentiments. Alors que, au même moment, les écologistes sont pris entre des menaces en effet terrifiantes que déversent sur les populations les résultats des sciences naturelles. Du coup, nous ne sommes pas capables de métaboliser ces nouvelles terrifiantes. C’est cela, à mon avis, qui rend apathique, pour revenir à votre première question. » 

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