Wednesday, December 07, 2022

Je me disais que, puisque j’en avais fini avec mon théâtre, j’allais retourner avec François Tanguy faire les plus beaux spectacles du monde (après ceux de Grüber), mais, ça aussi, c’est fini. Il vient de mourir. Arrêt cardiaque. Septicémie. C’est terrible comme je découvre la mort, en ce moment. C’est cela, le réel ? On est à peine vivant, à peine joyeux, à peine commençant comme une journée de décembre qu’il faut déjà mourir. Comme la vie est courte et pourtant riche et comme la mort est pauvre ! François était l’une des deux personnalités les plus intelligentes que j’ai jamais rencontrée, celles qui m’ont aidé par leur intelligence, « aidé » n’est pas le mot — il s’agissait d’une vie portée, emportée, envolée avec lui comme tapis volant… Quand je travaillais avec lui, il m’arrivait certains soirs, seul, de pleurer de joie du bonheur et de la consolation qu’il m’avait procuré. Avez-vous déjà pleurer de joie à ce qu’il vous arrivait ? C’était mon cas avec François Tanguy, ce grand frère d’une infinie mansuétude. François Tanguy allait presque toujours très mal et finalement traversait la souffrance, ce qui laissait croire à une certaine éternité, puisque à chaque fois il ressortait vainqueur comme si sa souffrance n’était que du cinéma. Mince, c’est jeune pour mourir… C’est parfois vieux pour mourir, mais, lui, c’est jeune comme James Dean… Et puis les poèmes, on ne pourra plus les lire ? Non, on ne pourra plus. C'était pourtant la plus belle poésie. Le nouveau spectacle, PAR AUTAN devait se jouer demain au théâtre de Gennevilliers et je me réjouissais de le voir et de le jouer. Toute mon affection à mes compagnons, frères et sœurs du théâtre du Radeau 

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