L a joie a plus de poids que la tristesse
Frank se plaignait de travailler trop, il ne voyait pas ses enfants grandir, toujours sur les routes… et je lui avouais qu’il y avait, en effet, dans ma situation de chômeuse bien des avantages (des avantages qu’il fallait parfois défendre bec et ongles pour ne pas se les faire voler). La vie se déploie dans son absurdité — si belle —, dans son temps libre — et, ça, c’est extraordinaire. Vous êtes sur le bord — et, ça, c’est assez extraordinaire à expérimenter parce qu’en fait, vous y êtes toujours, sur le bord. Une image m’est restée (et me revient) d’un article de journal, c’est Simone Veil qui rentre à pied de son ministère, le soir, toute seule, avec son sac à main (qui se balance), détendue après sa journée de travail, fatiguée bien sûr, ou peut-être même pas avec son sac à main oublié peut-être au ministère...
Mais alors les clés, les clés de chez elle ? Il y aura pour lui ouvrir, chez elle... En attendant, elle est seule, elle rentre de son ministère à pied dans les rues étroites et déjà désertées de Paris, dans la vie qui s’allonge... C’est ça, vivre, c’est sur ce bord-là...
J’étais au premier rang dans la pièce immense qui se déployait. Au premier rang : les pieds sur scène. A un moment, une danseuse était même venue se blottir entre mes jambes. Comme un animal. Je voyais sa beauté, sa nuque, le haut de son dos, sa féminité parfaite. Nous occupions les places libérées en dernière minute (Frank m'avait envoyé un message) de Mr Edward Mills. Ce nom me faisait rêver. Moulins. Un nom commun. De bonnes places, ça devait être qqn d’important...
Ça m'avait rappelé la fois où le beau Franck Riester — pas encore ministre — m’avait donné de la main à la main ses tickets pour un opéra monté par Krzysztof Warlikowski au festival d’Aix... Ce soir, j’avais donc invité Bobo, dans cette salle sublime, renouvelée — où je me souvenais de Barbara : « Ô mes théâtres... » —, mais je n’osais le caresser de toute la représentation sans doute parce qu’on était très exposés ; peut-être aussi que la pièce était occupante, parfaitement passionnante, je ne voulais pas en louper une miette (et puis Bobo m’avait énervée, il était arrivé limite en retard et je m'étais évidemment énervée de m'énerver, j'étais plutôt nerveuse en ce moment). Je lui indiquais simplement, de temps en temps, quand ils s'approchaient, les danseurs avec qui j’avais déjà travaillé, Frank, Régis, Julien… Frank et Régis, splendides, savaient très bien où j'étais, j'avais l'impression qu'ils dansaient pour moi. Julien était plus concentré. Bobo m’indiquait une danseuse avec qui un de ses copains bogosses avait couché, ça la rendait plus belle, plus sexy encore d'imaginer
Sur Internet il y en avait, des Edward Mills... physicians, artists, doctors… tous des bogosses. L’un s'appelait même Edward Mills Purcell (prix Nobel de physique en 52, mort en 97)
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