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Sunday, April 28, 2024

P asséisme


Si j’écrivais un livre, ce serait un livre de répétitions ; un livre où je chercherais à répéter ce que j’aurais lu dans les autres livres, ce que j'aurais déchiffré, épelé...

— et l’incipit serait celui-là, celui que je viens d’écrire —


car tout au fond est déjà dans les livres et la lecture le prouve — le livre, objet parfait — et tout demande à être répété car les livres ne sont pas lus — comme la vie non plus, en tout cas ma propre vie n’est pas vécue, mais ce qui est lu des livres, ce qui est vécu, est presque toujours la même chose (car peu de choses restent incompréhensibles dans les livres, avec un peu d'effort, même les fragments de Parménide finissent par dire qu'ils sont !), la majestueuse jeunesse du toujours-la-même-chose comme si l’on avait à remanier une pièce pour qu'elle tienne l’affiche en traversant les époques — et il faut — c’est un acte — la recommencer, la répéter, comme on lance une lente prière à la mer 


(Si j’osais…)


Celui qui y arriverait le mieux à notre époque — c’est idiot de le mentionner — c’est Peter Handke. Il répète et répète les choses qui ont toujours été les mêmes et, curieusement — parce qu’on peut quand même s’en étonner, soi dans son époque —, sont encore les mêmes que les choses passées et futures


Par qui les livres pourraient-ils être lus ? J’avais souvent l’impression qu’ils étaient écrits pour quelqu’un qui se trouverait en dehors de la vie, qui regarderait d’un peu haut un témoignage sympathique qui ne lui serait pas complètement étranger, mais les coutumes, les habitudes, la culture, vous voyez… Oui, c’était écrit pour être au-dessus… Dieu… Mais, si vous lisiez, vous deveniez ce Dieu dérisoire de l’histoire, l’histoire humaine...


Handke dit qu’il faut écrire comme s'il s'agissait des premiers mots, des premières phrases, « commencer comme si rien n'avait été fait auparavant, comme si l'écriture n'avait pas existé »

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