Moi qui ai toujours l’attirance (et donc la peur) de me clochardiser, je constate que, dans ma famille, sans parler des morts (où sont-ils ?), les en-passe-de-mourir (maison de retraite), il y a aussi ceux des lents suicides. Plusieurs. C’est extraordinaire. On me raconte ceux qui n’ont vraiment pas de chance, une espèce de pente et, comment dit-on ? de cercle vicieux. Amour et admiration de ces gens qui ne peuvent pas s’en sortir, qui sont fabriqués pour souffrir, pour la passivité, qui n’attendent rien de la vie, qui probablement veulent mourir, mais ne sont pas capables de vouloir quoi que ce soit alors même pas ça… Grandeur incroyable de ces gens si isolés qu’ils sont, sans le savoir, dans un rapport direct avec Dieu. Dieu, l’inconnu. Ce qui ne peut pas se connaître, Dieu qu’on ne connaît que par la négative
« J’ai pas les lèvres bleues » hurle la petite fille à travers la grève
C’est une belle journée, la plus belle que j’ai passée ici, une journée de plein été, la mer transparente ; il y avait même des méduses, mais des méduses inoffensives, disaient les enfants qui ne quittaient pas l'eau gentille
Sur la grève, je lisais des chiffres
« L’immensité de l’univers, avec ses milliers de milliards de galaxies, chacune contenant des milliards d’étoiles et de planètes »
« Courage devant la légion des univers qui se comptent par 10 à la puissance 50 et plus ! »
Et le récit des misères extraordinaires de mes cousins et celui du livre des dimensions et la mer d’huile du soir et l’infinie soirée d’été là où dure le jour le plus long de France car je m’étais placée par la parole un peu plus du côté de la vie que de la mort
« Vivre avec la vie est très difficile. Le plus souvent, nous nous efforçons d'étouffer la vie », écrit une femme que je ne connais pas, mais qui a le même prénom que ma mère et son patronyme semble dire « Fils de l’hiver » (Jeanette Winterson). Son livre s’appelle : Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? J’aimerais recommencer l’été maintenant pour lire les livres d’été que je veux lire
La Bretagne est, depuis les années 50, la région de France la plus touchée par le suicide, 690 en moyenne / an, principalement des hommes (77%)
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