Jean-Marc Adolphe
th.Yves-Noël GENOD Les frasques d'Yves-Noël Genod Extravagante variété théâtrale
Yves-Noël Genod réunit une quinzaine de participants pour Dictionnaire des Açores, « création absolue » (et unique) au Théâtre de Vanves, le 21 février. Et à la Ménagerie de Verre, il reprend Le Dispariteur, en ouverture de la série Étrange Cargo.
Autant le reconnaître d'emblée, il n'est pas facile de s'accoutumer au noir. Et quand la « boîte noire » du théâtre reste effectivement dans l'obscurité totale, ça déstabilise pas mal le « spectateur », venu voir une représentation où il n'y aurait rien à voir. Sans trop dévoiler les atours du Dispariteur, d'Yves-Noël Genod, disons simplement que ça commence dans le noir, et que ce commencement dure un bon moment. Est-ce à dire qu'il ne se passe rien ? Non, car le spectateur, dessaisi par l'absence de lumière, est saisi par une voix, massive et légère, charnue et haute-contre, qui balance dans les ténèbres quelques tubes dérisoires des années 70. A la présence mystérieuse de cette voix, qui semble se déplacer dans l'espace comme le spectre de lointains divertissements, viennent s'ajouter furtivement des bruits de pas, des frottements et des froissements, puis d'autres voix, des bouts de dialogue à peine esquissés. Quand vient la lumière, lueur fragile plutôt que plein-feu, on discerne des présences, qui occupent un temps l'attention avant de s'absenter, et le générique du spectacle mentionne d'ailleurs « l'apparition/disparition de Jonathan Capdevielle, Eric Martin, Hervé Le Roux, Françoise Féraud, Laetitia Viallet, Marcus Vigneron-Coudray, Juliette Batlle, Yves-Noël Genod, Nicolas Moulin ». On ne se pose guère la question de savoir s'ils sont acteurs, danseurs ou quoi que ce soit d'autre. Ils sont plus ou moins là, un point c'est tout. Presque tout est possible... Parmi les spectateurs, Yves-Noël Genod et Nicolas Moulin improvisent une conversation cocasse. A la fin, c'est un enfant avec épée qui vient faire le show. Et au milieu du spectacle, on a droit à la lecture d'un texte pseudo-scientifique. Bref, Le Dispariteur est une forme assez extravagante de variété théâtrale. Soyons honnête, on ne sait trop comment ça tient, par quel bout ça touche au-delà de la seule curiosité. Mais le fait est que l'on assiste là à un vrai moment de théâtre, à la fois ludique et malicieux, léger et dense.
Passé par le théâtre de Claude Régy, visiteur de danse (notamment avec Loïc Touzé), Yves-Noël Genod met en œuvre depuis peu des projets assez improbables, qui rassemblent au dernier moment des personnalités de tous bords, dont les « numéros » se greffent sur un fil assez aléatoire de confessions, d'exhibitions, morceaux de bravoure isolés de leur contexte habituel. La pacotille et le kitsch sont souvent de la partie, mais l'apparence n'est là que poour s'effriter joyeusement, sans pathos. Il se peut que cela rate (en partie), il arrive aussi que cela produise des étincelles tout à fait prodigieuses. Et en règle générale, ces « performances » ne se reproduisent pas, elles demeurent uniques. Tel sera le cas de Dictionnaire des Açores, qu'accueille le Théâtre de Vanves, le 21 février, dans le cadre du festival Artdanthé. On ne sait pas grand chose de cette « création absolue » si ce n'est qu'elle devrait réunir une quinzaine d'interprètes, patchwork de singularités forcément décalées.
A ce régime, Le Dispariteur ferait presque figure de pièce de répertoire ! Créé à la Ménagerie de Verre (et en fonction des spécificités du lieu) cet automne lors des Desacostumados, le spectacle est repris en ouverture de la série Étrange Cargo, qui propose tout le mois de mars « une approche transdisciplinaire du spectacle théâtral ». A la suite d'Yves-Noël Genod, on pourra y voir Hox, de Joachim Latarjet et Alexandra Fleischer, dernier volet d'une trilogie consacrée à la folie (du 7 au 11 mars) ; Rondo, « spectacle électro-glam, rock-lunaire » du jeune collectif suisse Velma (14 au 18 mars) ; Tombée du jour, une création de Bénédicte Le Lamer et Pascal Kirsch, proches du Théâtre du Radeau (21 au 25 mars) ; et enfin, des « laboratoires » proposés par le chorégraphe François Raffinot pour explorer, en compagnie d'artistes invités, « ce que peut un corps » (du 28 mars au 1er avril).
Jean-Marc Adolphe
Dictionnaire des Açores d'Yves-Noël Genod, le 21 février à 20h30, dans le cadre du Festival Artdanthé, Théâtre Le Vanves, 12 rue Sadi Carnot, 92170 Vanves. Tel : 01 41 33 92 91.
Le Dispariteur d'Yves-Noël Genod, du 28 février au 4 mars à 20h30, dans le cadre du festival Etrange Cargo, Ménagerie de Verre, 12-14 rue Lèchevin, 75011 Paris : 01 43 38 33 44. Le festival Etrange Cargo se poursuit jusqu'au 1er avril.
www.menagerie-de-verre
Jean-Marc ADOLPHE Publié le 16-02-2006
mouvement.net
Yves-Noël Genod réunit une quinzaine de participants pour Dictionnaire des Açores, « création absolue » (et unique) au Théâtre de Vanves, le 21 février. Et à la Ménagerie de Verre, il reprend Le Dispariteur, en ouverture de la série Étrange Cargo.
Autant le reconnaître d'emblée, il n'est pas facile de s'accoutumer au noir. Et quand la « boîte noire » du théâtre reste effectivement dans l'obscurité totale, ça déstabilise pas mal le « spectateur », venu voir une représentation où il n'y aurait rien à voir. Sans trop dévoiler les atours du Dispariteur, d'Yves-Noël Genod, disons simplement que ça commence dans le noir, et que ce commencement dure un bon moment. Est-ce à dire qu'il ne se passe rien ? Non, car le spectateur, dessaisi par l'absence de lumière, est saisi par une voix, massive et légère, charnue et haute-contre, qui balance dans les ténèbres quelques tubes dérisoires des années 70. A la présence mystérieuse de cette voix, qui semble se déplacer dans l'espace comme le spectre de lointains divertissements, viennent s'ajouter furtivement des bruits de pas, des frottements et des froissements, puis d'autres voix, des bouts de dialogue à peine esquissés. Quand vient la lumière, lueur fragile plutôt que plein-feu, on discerne des présences, qui occupent un temps l'attention avant de s'absenter, et le générique du spectacle mentionne d'ailleurs « l'apparition/disparition de Jonathan Capdevielle, Eric Martin, Hervé Le Roux, Françoise Féraud, Laetitia Viallet, Marcus Vigneron-Coudray, Juliette Batlle, Yves-Noël Genod, Nicolas Moulin ». On ne se pose guère la question de savoir s'ils sont acteurs, danseurs ou quoi que ce soit d'autre. Ils sont plus ou moins là, un point c'est tout. Presque tout est possible... Parmi les spectateurs, Yves-Noël Genod et Nicolas Moulin improvisent une conversation cocasse. A la fin, c'est un enfant avec épée qui vient faire le show. Et au milieu du spectacle, on a droit à la lecture d'un texte pseudo-scientifique. Bref, Le Dispariteur est une forme assez extravagante de variété théâtrale. Soyons honnête, on ne sait trop comment ça tient, par quel bout ça touche au-delà de la seule curiosité. Mais le fait est que l'on assiste là à un vrai moment de théâtre, à la fois ludique et malicieux, léger et dense.
Passé par le théâtre de Claude Régy, visiteur de danse (notamment avec Loïc Touzé), Yves-Noël Genod met en œuvre depuis peu des projets assez improbables, qui rassemblent au dernier moment des personnalités de tous bords, dont les « numéros » se greffent sur un fil assez aléatoire de confessions, d'exhibitions, morceaux de bravoure isolés de leur contexte habituel. La pacotille et le kitsch sont souvent de la partie, mais l'apparence n'est là que poour s'effriter joyeusement, sans pathos. Il se peut que cela rate (en partie), il arrive aussi que cela produise des étincelles tout à fait prodigieuses. Et en règle générale, ces « performances » ne se reproduisent pas, elles demeurent uniques. Tel sera le cas de Dictionnaire des Açores, qu'accueille le Théâtre de Vanves, le 21 février, dans le cadre du festival Artdanthé. On ne sait pas grand chose de cette « création absolue » si ce n'est qu'elle devrait réunir une quinzaine d'interprètes, patchwork de singularités forcément décalées.
A ce régime, Le Dispariteur ferait presque figure de pièce de répertoire ! Créé à la Ménagerie de Verre (et en fonction des spécificités du lieu) cet automne lors des Desacostumados, le spectacle est repris en ouverture de la série Étrange Cargo, qui propose tout le mois de mars « une approche transdisciplinaire du spectacle théâtral ». A la suite d'Yves-Noël Genod, on pourra y voir Hox, de Joachim Latarjet et Alexandra Fleischer, dernier volet d'une trilogie consacrée à la folie (du 7 au 11 mars) ; Rondo, « spectacle électro-glam, rock-lunaire » du jeune collectif suisse Velma (14 au 18 mars) ; Tombée du jour, une création de Bénédicte Le Lamer et Pascal Kirsch, proches du Théâtre du Radeau (21 au 25 mars) ; et enfin, des « laboratoires » proposés par le chorégraphe François Raffinot pour explorer, en compagnie d'artistes invités, « ce que peut un corps » (du 28 mars au 1er avril).
Jean-Marc Adolphe
Dictionnaire des Açores d'Yves-Noël Genod, le 21 février à 20h30, dans le cadre du Festival Artdanthé, Théâtre Le Vanves, 12 rue Sadi Carnot, 92170 Vanves. Tel : 01 41 33 92 91.
Le Dispariteur d'Yves-Noël Genod, du 28 février au 4 mars à 20h30, dans le cadre du festival Etrange Cargo, Ménagerie de Verre, 12-14 rue Lèchevin, 75011 Paris : 01 43 38 33 44. Le festival Etrange Cargo se poursuit jusqu'au 1er avril.
www.menagerie-de-verre
Jean-Marc ADOLPHE Publié le 16-02-2006
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