Saturday, February 09, 2008

La menace de disparition

La menace de disparition










La nuit, lune en plein jour, je n’ai rien vu.
Debout, le jour d’après. C’était vraiment la première fois que je voyais le monde extérieur sans l’écran qui existait jusqu’à ce moment-là. Les authorisations. Que faire avant de partir ? C’est moi qui en profite le plus. Plutôt maniaque que de la patience. (Sous prétexte de travailler.) (Le résultat presque secondaire.) (Pour en finir.) (Écrire le livre sans le lire.) Je sais vaguement ce que je voudrais arriver à faire. Le visage, ce qui frappe dans la vie. La tête générale, la tête de tout le monde. Chacun devient tout le monde, oui. Tout en restant particulier – mais le particulier devient un inconnu. Enfin, ça devient… Une chaleur – et sexe meurt. Marche. Sexe marche. Enfin, d’une certaine manière, ça n’a pas commencé. Tout était tellement trouble – qu’on n’arrive pas à déchiffrer ce qu’on veut voir, ce qu’on voit. Marseille, c’est cela. Pour moi, l’apparence et le noyau, c’est la même chose. On pourrait même dire que l’apparence, c’est le noyau lui-même. La fabrication du sperme. Une recherche de formes et de taches. L’Italie. L’impressionnisme, Cézanne… D’après nature. Où je n’ai plus cru à la vision photographique. L’instant même, tout était aussi menacé. Je n’ai plus jamais dormi une seule nuit dans le noir. (D’ailleurs, j’ai toujours la lumière jusqu’au jour.) On fait difficilement la sculpture d’un caillou. Le fait de le raconter, c’est déjà le recréer. On dit qu’il fait beau temps, « Ce jambon est bon. », « T’as mauvaise mine… » Tous les grands chefs d’armées. J’abandonne une chose, mais pour celui qui regarde, c’est bel et bien une chose finie. C’est là que tout est malentendu. Pour moi, une fois de plus, tout ça, ce n’est que des esquisses et des essais. Le père, le fils, le mélange du père et du fils. La grande porte que forme le ciel au dessus de la terre. De plus en plus à l’aise, de plus en plus encadré. Un ancien singe. Baskets boudeuses. L’amour de la vie après une petite dépression revient, larmes aux yeux, affaiblissement des angoisses, projets d’avenir du maire de Paris, marché, solitude. Dessous, le glamour toujours. L’affriolante friandise, feuilleté fragile, sonore de la lumière. Hélèna est en forêt – avec son amie Valérie ; elle ne savait pas qu’elle serait enchantée d’y aller seule avec elle, je le savais. Enchantée de toujours participer à quelque chose qui la distrairait. L’école était pour moi une lutte continuelle contre le soleil. Personne et tout le monde au marché. Il y a dans les romans de Virginia Woolf une dame, dans un train ou dans un bus, qui représente la lectrice ordinaire. Dieu à la bouche. Cet homme qui marche, hagard, comme un vagabond. Le jour express. On se retrouve au bord de l’incompréhension. Je n’ai pas tenté de rendre le texte plus lisible. On débarque dans des instants de vie. Virginia Woolf disait : « À quoi bon écrire, si l’on ne se rend pas ridicule ? » La mort est déjà là, c’est ce qui empoigne, le sachant. Il y a des plaintes liées au travail. Couleurs crues sur noir. « Je ne pourrais pas vivre sans absolu. », dit Anna Mouglalis. Ce matin, j’ai entendu Amsterdam par David Bowie. La musique permet d’éluder, d’élucider. Enfoncer des portes ouvertes ? Un plaisir. Les marées des yeux. Fuir the tension. The basic tension between freedom and control. La salade des lunettes noires, mais crue. Les olives noires. Des restes de noisettes. On ne peut pas ne pas être environné de tous les mots. Un crabe dans un seau. Le trop-plein. Mondo village. Clair ruisseau. The wide open sea. Apporter ses rêves. Sous les réverbères. Underneath the street lamps. Boire à la santé, to the health. Les putains. Rancid sound. Pisses like I cry. Catch the wind. Ce terme tennis, ce terme du temps. Ma fragilité, c’est d’être au bord de la fragilité. Mais lire le livre d’un autre me reposerait. Les livres des autres. Is there life on Mars ? L’écran d’argent.
J’écris pour tes yeux, dans tes yeux.










Yves-Noël Genod, 9, 10 février 2008.

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