Sunday, August 24, 2008

Get lost (Épisode 2)

Get lost






J’ai un coup de barre ! Ça, pour ne pas commencer par « j’en ai mare » – mais j’en ai mare aussi !
J’ai fui Los Angeles dans la nuit après m’être perdu (get lost) en voulant prendre Mulholand Drive au crépuscule (qui tombe très vite en Californie). J’adore les soirées (comme disait Guillaume dans Domaine de la Jalousie : mot magique) et quand la lumière devient belle, je pense à un commencement du jour – mais pas ici. Soudain, c’est la nuit et la nuit bien noire. Alors qu’il y a tant à voir dans la journée, tout d’un coup, c’est le black-out, le couvre-feu, l’espace sombre, la mer – éventuellement la peur. Ben oui, j’ai un peu peur, j’ai eu un peu peur quand je me suis arrêté cette nuit sur une bretelle d’autoroute, un cul de sac au milieu de nowhere. Car je suis arrivé dans le nowhere ! le désert ! (j’ai eu froid cette nuit), vaut mieux avoir fait le plein d’essence quelque part… Au matin, pourtant, je me suis réveillé juste avant l’aube (y a un mot pour ça : « l’aurore ») et j’étais bien content : c’était vraiment joli autour de moi ! Et aussi d’être encore vivant. Alors maintenant la campagne californienne, je peux en dire un mot : c’est comme sur Mars. Voilà. (Ray Bradbury, Philipp K. Dick.)
D’être comme ça sur la route et assez seul me fait parfois penser à ce que j’ai raté dans la vie : j’ai raté pas mal de choses ! Monument Valley du raté – mais ça ne me fait pas mal. Au contraire, le fait – déjà – de me souvenir de ce frôlement de la réussite, n’est-ce pas – de ce qui aurait pu se développer – me rempli de reconnaissance envers cette instance qui s’occupe de tout.
Un mot sur hier : j’ai visité les studios de la Warner Bros, j’ai pensé à Thomas (Scimeca – précision pour Hélèna), j’avais envie de te dire, Toto, qu’il nous reste pas mal de boulot à faire ! First, we take l’Odéon, and then we take Warner Bros ! C’était un monument de kitsch, cette usine de la Warner Bros où ils tournent sans cesse et retournent, dans les mêmes décors réarrangés, les scènes les plus célèbres du cinéma mondial, mais il y avait un lieu surnaturel, présenté comme le plus grand plateau au monde – et – totalement vide – aussi : totalement insonorisé – avec en plus sous le plancher un réservoir d’eau (qu’on ne voyait pas) pour les scènes dans la flotte. Une sorte de vieille couleur marron usée indescriptiblement douce. Ça et le Grand Canyon, ça et Monument Valley – c’est là que j’ai pensé à toi, Thomas !
Ma guide (qui « avait un joli nom », Gilbert Bécaud) n’arrêtait pas, bien sûr, de nous passionner d'anecdotes, « jeter un seau d’eau dans la gueule de George Clooney dans la scène de la tempête », mais, moi, je pensais à Thomas – qui croit toujours que je le déteste, c’est curieux…
Toi, nu dans cet espace – comme dans Oh, pas d’femme, pas d’cri, en plus grand. Au retour, dans la voiture, je pensais aussi à Marcus : il en faut du courage – ou de la ténacité – pour arriver là ! Cher petit. Il faut le vouloir ! (Comme vouloir être président de la république… ) J’arrive même pas à comprendre comment c’est même envisageable.
J’ai pas vu Erik Wilson, le copain de Benjamin Bodi (voir sa photo sur Facebook qui vaut le détour) – mais c’est tant mieux. Qu’est-ce que j’aurais bien pu faire avec l’homosexualité parfaite ? C’est un autre monde et j’ai jamais pu y entrer, pourquoi à Los Angeles ? Non, ce qui compte pour moi – et dans tout – c’est la gentillesse (sans doute qu’Erik est très gentil…) et, quant à l’homosexualité – mais ensuite j’arrête, on va croire que c’est une obsession –, sur ces routes longues et ensoleillées, je me serais bien vu être accompagné par Olivier – Normand, précision pour Hélèna –, ça m’aurait rappelé ma jeunesse ! Car j’ai été femme, un jour, moi (comme Tirésias) ! Maintenant, je suis dans cette gargotte de route nationale au milieu de Hell’s Angels obèses, au milieu du soleil, au milieu de tout… Bises à tous et à Hélèna






Samedi 24 août 2008.

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