Français, Françaises
Français, Françaises
Un projet de spectacle d’Yves-Noël Genod
Je souhaite créer un ballet au Studio de Chaillot. Pour en résumer l’argument, il s’agit pour moi de mettre en scène des acteurs et des danseurs qui évolueront tels des personnages abîmés et exclus, des SDF, des clochards. Dans Français, Françaises, les clochards se mettent à danser, meurent et ressuscitent. Ils sont traversés par des fulgurances de textes visionnaires (Rimbaud, etc.) et d’éclats révolutionnaires (La mort de Danton). La musique intervient. Certaines parties sont chantées.
Il s’agit d’une œuvre artistique, qui ne remet bien sûr pas en cause le travail effectué par des associations telles que Les Enfants de Don Quichotte.
Lorsque je vois, comme il y a quelques jours, un clochard allongé sur le trottoir de la rue de Rivoli, le corps relâché, indifférent à l’incongruité de sa présence au milieu des gens autour de lui, ce qui m’interpelle chez cette personne est avant tout son humanité. Une humanité archaïque que je perçois aussi, par exemple, lorsque les vacanciers retirent leurs vêtements au bord de l’océan ; la nudité n’est plus un problème. Je veux travailler sur l’essence de l’être humain, sa beauté. Explorer non pas la folie ou la maladie, mais l’humanité.
La danse, pour moi, est l’équivalent du bonheur d’être en vie. Et pourtant, on peut danser une matière lourde et lente. Un vieillard ou un nouveau-né peuvent danser. Je veux travailler la danse à partir d’états, dans la ligne de Catherine Diverrès.
L’espace scénique qui m’est offert par le Studio de Chaillot compte pour beaucoup dans l’inspiration de ce spectacle. Au cœur d’un lieu prestigieux, cette salle en évoque les bas-fonds ; une cave, un bunker, le local technique d’une gigantesque organisation. Je ne souhaite pas en modifier par un quelconque décor l’espace ni les revêtements. J’en retire simplement les gradins, de telle manière que les spectateurs s’installent où ils le désirent. Qui contre un mur, qui au beau milieu du travail des danseurs. Entre deux « personnes de la ville », un danseur allongé, comme mort, ressuscite et s’anime... La fracture du rideau représente le déchirement d’une illusion. Le spectateur est immergé dans le décor, devient le décor d’un ballet fantomatique.
Le spectateur atteint un état de perception lié à son humanité essentielle. C’est l’ouverture vers un renversement des valeurs, à la fois en deçà et au-delà de la société régnante.
(Propos recueillis par Hélèna Villovitch.)
Un projet de spectacle d’Yves-Noël Genod
Je souhaite créer un ballet au Studio de Chaillot. Pour en résumer l’argument, il s’agit pour moi de mettre en scène des acteurs et des danseurs qui évolueront tels des personnages abîmés et exclus, des SDF, des clochards. Dans Français, Françaises, les clochards se mettent à danser, meurent et ressuscitent. Ils sont traversés par des fulgurances de textes visionnaires (Rimbaud, etc.) et d’éclats révolutionnaires (La mort de Danton). La musique intervient. Certaines parties sont chantées.
Il s’agit d’une œuvre artistique, qui ne remet bien sûr pas en cause le travail effectué par des associations telles que Les Enfants de Don Quichotte.
Lorsque je vois, comme il y a quelques jours, un clochard allongé sur le trottoir de la rue de Rivoli, le corps relâché, indifférent à l’incongruité de sa présence au milieu des gens autour de lui, ce qui m’interpelle chez cette personne est avant tout son humanité. Une humanité archaïque que je perçois aussi, par exemple, lorsque les vacanciers retirent leurs vêtements au bord de l’océan ; la nudité n’est plus un problème. Je veux travailler sur l’essence de l’être humain, sa beauté. Explorer non pas la folie ou la maladie, mais l’humanité.
La danse, pour moi, est l’équivalent du bonheur d’être en vie. Et pourtant, on peut danser une matière lourde et lente. Un vieillard ou un nouveau-né peuvent danser. Je veux travailler la danse à partir d’états, dans la ligne de Catherine Diverrès.
L’espace scénique qui m’est offert par le Studio de Chaillot compte pour beaucoup dans l’inspiration de ce spectacle. Au cœur d’un lieu prestigieux, cette salle en évoque les bas-fonds ; une cave, un bunker, le local technique d’une gigantesque organisation. Je ne souhaite pas en modifier par un quelconque décor l’espace ni les revêtements. J’en retire simplement les gradins, de telle manière que les spectateurs s’installent où ils le désirent. Qui contre un mur, qui au beau milieu du travail des danseurs. Entre deux « personnes de la ville », un danseur allongé, comme mort, ressuscite et s’anime... La fracture du rideau représente le déchirement d’une illusion. Le spectateur est immergé dans le décor, devient le décor d’un ballet fantomatique.
Le spectateur atteint un état de perception lié à son humanité essentielle. C’est l’ouverture vers un renversement des valeurs, à la fois en deçà et au-delà de la société régnante.
(Propos recueillis par Hélèna Villovitch.)
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