Reading by touch
On était dans un fauteuil alcôve où on pouvait être à deux sans pouvoir s’en extraire (et se parler, sourdine). Bilal me raconte justement – mais un blog, est-ce une alcôve ? – sa rencontre avec Alain, je le lui demande. Bilal est caissier à la Fnac, Alain passe un jour, échange de regards, Alain passe la semaine suivante, échange de regards, tous les deux se souviennent bien sûr du premier passage, puis Alain emprunte un stylo à un homme de la sécurité, écrit son numéro de téléphone et revient sur ses pas. Ils sont ensemble depuis un an et demi, Alain a vingt-deux ans, mais en paraît dix-sept. Il ressemble à ces adolescents que photographie Hedi Slimane*, qu’est-ce qu’il fait ? du piano. Je lui demande s’il est virtuose, il me répond : je ne peux pas dire, moi, si je suis virtuose, je lui demande si c’est ce qu’il vise : oui. Tout se tient. Il est encore au conservatoire, il joue en Normandie le lendemain une Mephisto-Walzer de Franz Liszt et une sonate de Beethoven extrêmement difficile dont Bilal ne se souvient plus du nom. Il a manqué de force, selon lui, au concert de Normandie la veille parce qu’il est un peu malade, c’est pour ça qu’il n’est pas à l’anniversaire de Benjamin (m’explique Bilal), mais Bilal lui-même est merveilleux, inoubliable, tactile et c’est une joie de pouvoir parler d’Alain avec lui. Je pense à la phrase de Maeterlinck qui dit que le tragique commence quand le bonheur est assuré. Bilal, il a cette dimension métaphysique là, c’est pour ça que c’est si agréable, si beau. Il n’est rien, ni homosexuel ni rien, comme Pierre** peut-être… (mais il est comme toi et moi).
Les choses négatives :
Vincent me dit : il est plutôt léger, non, Jean-Luc Verna ? je lui réponds qu’il pèse quatre-vingt-cinq kilos – mais qu’est-ce qu’on peut dire ?
Vincent me dit que Bilal gâche sa vie en étant caissier à la Fnac, je lui réponds : tu crois ? – mais qu’est-ce qu’on peut dire ?
Rémy me demande si « putain la Waternaux elle a l’air d’une folle, doesn’t she ? », je me demande comment lui répondre depuis deux jours qui me paraissent une éternité…
La bonne nouvelle, c’est que je supporte de moins en moins les choses négatives.
When something is « tactile », it means you can understand it through your sense of touch.
* http://www.hedislimane.com/
** http://guarantyofsanity.hautetfort.com/
Les choses négatives :
Vincent me dit : il est plutôt léger, non, Jean-Luc Verna ? je lui réponds qu’il pèse quatre-vingt-cinq kilos – mais qu’est-ce qu’on peut dire ?
Vincent me dit que Bilal gâche sa vie en étant caissier à la Fnac, je lui réponds : tu crois ? – mais qu’est-ce qu’on peut dire ?
Rémy me demande si « putain la Waternaux elle a l’air d’une folle, doesn’t she ? », je me demande comment lui répondre depuis deux jours qui me paraissent une éternité…
La bonne nouvelle, c’est que je supporte de moins en moins les choses négatives.
When something is « tactile », it means you can understand it through your sense of touch.
* http://www.hedislimane.com/
** http://guarantyofsanity.hautetfort.com/
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