Comment travaille Thomas
Je vais dire une chose, n’importe quoi. (Je veux dire : je pourrais en dire tant, donc je dis un bout d’chose, un peu n’importe quoi, au hasard comme : « Je suis étonné avec Pierre de la vitesse avec laquelle je m’adapte. » (Pour moi, ça n’a pas de sens, je prends un bout, c’est tout.) Et il va relever un mot à peine dit, déjà oublié, « s’adapter », l’effet caméléon, etc. Pour finir évidemment par soulever des montagnes (qui me paraissent telles, mais qui n’en sont peut-être pas).
On rigole bien avec Thomas. Ce matin, il me demande : « Alors, comment vis-tu ce qu’il t’arrive en ce moment ? – Je suis amoureux. » Puis, de manière penaude, je balbutie something d'où, comme alité, à partir d’un immense effort, j’arrive néanmoins à lui faire parvenir peut-être le mot « garçon » (je ne sais pas si c'est par le son ou le regard). (Léger temps.) « – Eh bien, on va dire que c’est d'la faute d’Hélèna ! (Rire.) – Voilà ! – dis-je à mon tour – C'est vrai que, là, on peut... dire que c’est d'la faute d’Hélèna ! » (Hurlement de rire.) Le sketch se continue ensuite, excellent, mais je ne l’ai malheureusement pas noté.
Le gris de tout. Le gris du ciment, de la matière grise...
Thomas me demande comment je la vois la femme – je ne sais plus comment je l’appelle avec lui, disons, « la femme d’un autre type ». Je ne sais pas, j’hésite (je sens le piège), il répète : « Comment tu la vois ? » Ou : « Comment tu la voudrais ? », plutôt. Eh bien, je dis : « Serviable. – Non, ça, c’est intellectuel. – Oh, ben, flûte, en plus, c’est toi qui l’as dit ! (La dernière fois : « serviable », « pas servante », « pas asservie ».) Il n’aime pas du tout que je lui ressorte des choses qu’il a dites. Non, une fois que c’est dit, c’est mort. L’exemple le plus fort, c’est celui-ci :
Un jour, il y a très longtemps, Thomas me dit sur son palier (il me souffle, comme une dernière intuition, en me raccompagnant) : « Tu devrais manipuler les gens. » Et, comme je me récrie : « Oui, parce que, quand on manipule, on est obligé d’être chez l’autre. » De ce paradoxe, j’ai fait une quinzaine de spectacles, donné plusieurs stages, chaque fois répandant la bonne nouvelle, encourageant les acteurs à « manipuler le public »… C’était la pierre angulaire de ma sagesse. Une de celles, en tout cas, grâce auxquelles je pouvais faire mon petit effet, montrer ma « liberté de penser »... Un jour, qui me semble récent, je reparle de ça à Thomas. Scandale. « J’ai jamais dit ça, je n’ai jamais pu dire ça, la manipulation, c’est affreux, etc. » Un pan de ma carrière s’écroule. Un rideau s'ouvre à nouveau, la forêt, la clairière... Le cœur a ses raisons.
Cette nuit, il y a eu un rêve. J’étais au bord de la mer avec Pierre et, l’eau, elle bougeait comme un sourire. Elle était si vivante et translucide, complètement transparente et complètement amicale comme la matérialisation de l’air. Je la regardais un peu en hauteur (en plongée) comme d’une dune, je la voyais bien, elle bougeait, vibrant dans tous les sens comme un corps, beau corps sensuel et transparent.
Thomas essaie de me rebrancher sur les Italiennes (la sensualité), mais je lui dis : « Elles sont volcaniques, les Italiennes ! – Ah ? Oui, oui, oui, oui, oui… Elles sont machos, aussi, à la maison, etc. » Il est comme ça, Thomas, il veut tellement pas dire deux fois la même chose… Il y a une semaine, il me conseillait la « serviable », maintenant la « macho » (à la maison) ne lui paraît pas rédhibitoire (si elle est sensuelle au lit)…
On rigole bien avec Thomas. Ce matin, il me demande : « Alors, comment vis-tu ce qu’il t’arrive en ce moment ? – Je suis amoureux. » Puis, de manière penaude, je balbutie something d'où, comme alité, à partir d’un immense effort, j’arrive néanmoins à lui faire parvenir peut-être le mot « garçon » (je ne sais pas si c'est par le son ou le regard). (Léger temps.) « – Eh bien, on va dire que c’est d'la faute d’Hélèna ! (Rire.) – Voilà ! – dis-je à mon tour – C'est vrai que, là, on peut... dire que c’est d'la faute d’Hélèna ! » (Hurlement de rire.) Le sketch se continue ensuite, excellent, mais je ne l’ai malheureusement pas noté.
Le gris de tout. Le gris du ciment, de la matière grise...
Thomas me demande comment je la vois la femme – je ne sais plus comment je l’appelle avec lui, disons, « la femme d’un autre type ». Je ne sais pas, j’hésite (je sens le piège), il répète : « Comment tu la vois ? » Ou : « Comment tu la voudrais ? », plutôt. Eh bien, je dis : « Serviable. – Non, ça, c’est intellectuel. – Oh, ben, flûte, en plus, c’est toi qui l’as dit ! (La dernière fois : « serviable », « pas servante », « pas asservie ».) Il n’aime pas du tout que je lui ressorte des choses qu’il a dites. Non, une fois que c’est dit, c’est mort. L’exemple le plus fort, c’est celui-ci :
Un jour, il y a très longtemps, Thomas me dit sur son palier (il me souffle, comme une dernière intuition, en me raccompagnant) : « Tu devrais manipuler les gens. » Et, comme je me récrie : « Oui, parce que, quand on manipule, on est obligé d’être chez l’autre. » De ce paradoxe, j’ai fait une quinzaine de spectacles, donné plusieurs stages, chaque fois répandant la bonne nouvelle, encourageant les acteurs à « manipuler le public »… C’était la pierre angulaire de ma sagesse. Une de celles, en tout cas, grâce auxquelles je pouvais faire mon petit effet, montrer ma « liberté de penser »... Un jour, qui me semble récent, je reparle de ça à Thomas. Scandale. « J’ai jamais dit ça, je n’ai jamais pu dire ça, la manipulation, c’est affreux, etc. » Un pan de ma carrière s’écroule. Un rideau s'ouvre à nouveau, la forêt, la clairière... Le cœur a ses raisons.
Cette nuit, il y a eu un rêve. J’étais au bord de la mer avec Pierre et, l’eau, elle bougeait comme un sourire. Elle était si vivante et translucide, complètement transparente et complètement amicale comme la matérialisation de l’air. Je la regardais un peu en hauteur (en plongée) comme d’une dune, je la voyais bien, elle bougeait, vibrant dans tous les sens comme un corps, beau corps sensuel et transparent.
Thomas essaie de me rebrancher sur les Italiennes (la sensualité), mais je lui dis : « Elles sont volcaniques, les Italiennes ! – Ah ? Oui, oui, oui, oui, oui… Elles sont machos, aussi, à la maison, etc. » Il est comme ça, Thomas, il veut tellement pas dire deux fois la même chose… Il y a une semaine, il me conseillait la « serviable », maintenant la « macho » (à la maison) ne lui paraît pas rédhibitoire (si elle est sensuelle au lit)…
Labels: pierre hélèna macho
2 Comments:
"...beau corps sensuel et transparent" c'est presque "sensuel et diaphane", non?
bonne remarque ! j'en parlerai la prochaine fois... ah, mais !
je crois savoir qui tu es, Anonymous, ton style... (mais tu es diaphane)
YN
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