« C’est trop tôt. »
Les écritures de soleil sur le mur dans la chambre, nettes comme de la pacotille neuve. Et, quant au son de ce spectacle qui dure – l’intensité… on y voit aussi passer les nuages… – une jeune fille de la tranchée qui crie « Maman ! », comme ça, plusieurs fois, et on entend aussi les bruits de la scierie, on coupe du bois. Et Pierre travaille au Ministère et Hélèna, elle, travaillait au « Elle » (ce n’est pas qu’elle n’y travaille plus, n’est-ce pas ?) Il y a des chantiers, tout frais, les chantiers de la ville et de la rue. Et les écritures durent, les écritures nouvelles durent sur le mur comme un écran. Elles parlent. Elles s’effacent et s’émulsionnent, elle voyagent comme dans l’eau, les méduses de tous les spectacles, parfois précises comme du sang, dans l’intensité, parfois découpées comme des bijoux. Elle forment un mot, le plus souvent, le mot « cime », comme gravé, rupestre et « nouvelle technologie » aussi bien.
Qu’est-ce qu’elle veut, Paloma ? Elle m’a précipité dans les bras de Pierre, elle est complice aussi… Ça allait très bien, ma constitution me le permettait, ça allait même mieux (qu’avant) : j’aimais Pierre et je couchais avec Paloma. Eh bien, Paloma, elle n’était pas contente (finalement), elle aurait préféré que je couche avec Pierre, mais que je l’aime, elle. Oui, elle s’en fiche des coucheries, mais que je l’aime elle. Elle n’en dormait plus la nuit. C’est vrai que je la comprends. On préfère toujours l’amour au sexe. Sauf avec les filles, j’dirais. C’est là que tous les petits pédés intellectuels qui me traitent de macho ont bien raison. Pourquoi Dieu (ou la nature) a-t-il créé l’attirance sexuelle ? C’est parce que c’est pas si facile… Comme disait Duras : « Il faut vraiment aimer les hommes pour les aimer ! »* C’est vrai dans l’autre sens. Si y avait pas ça – et si on était seulement amoureux –, on ne serait même pas là !
Alors maintenant je couche avec Pierre et tant bien que mal, je fais de mon mieux – où a-t-on rangé les épées ? – et je suis ami avec Paloma. Mais va falloir un peu de temps pour goûter la pureté de l’amitié, la tranquillité de la paix, la complicité de ceux qui ont tout compris, l’âge, la retraite, n’est-ce pas ? C’est pour ça que je l’ai foutue dehors, hier : « C’est trop tôt. »
* « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. » (La Vie matérielle, p. 47.)
Qu’est-ce qu’elle veut, Paloma ? Elle m’a précipité dans les bras de Pierre, elle est complice aussi… Ça allait très bien, ma constitution me le permettait, ça allait même mieux (qu’avant) : j’aimais Pierre et je couchais avec Paloma. Eh bien, Paloma, elle n’était pas contente (finalement), elle aurait préféré que je couche avec Pierre, mais que je l’aime, elle. Oui, elle s’en fiche des coucheries, mais que je l’aime elle. Elle n’en dormait plus la nuit. C’est vrai que je la comprends. On préfère toujours l’amour au sexe. Sauf avec les filles, j’dirais. C’est là que tous les petits pédés intellectuels qui me traitent de macho ont bien raison. Pourquoi Dieu (ou la nature) a-t-il créé l’attirance sexuelle ? C’est parce que c’est pas si facile… Comme disait Duras : « Il faut vraiment aimer les hommes pour les aimer ! »* C’est vrai dans l’autre sens. Si y avait pas ça – et si on était seulement amoureux –, on ne serait même pas là !
Alors maintenant je couche avec Pierre et tant bien que mal, je fais de mon mieux – où a-t-on rangé les épées ? – et je suis ami avec Paloma. Mais va falloir un peu de temps pour goûter la pureté de l’amitié, la tranquillité de la paix, la complicité de ceux qui ont tout compris, l’âge, la retraite, n’est-ce pas ? C’est pour ça que je l’ai foutue dehors, hier : « C’est trop tôt. »
* « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. » (La Vie matérielle, p. 47.)
Labels: pierre hélèna macho
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