Sunday, January 18, 2009

Les mites

La pièce est inspirée d’une comédie anglaise, The Old Ladies, que Jouvet avait pensé monter en 1935. Giraudoux l’a adaptée en forgeant les personnages des « folles » d’après les vieilles femmes qu’il voit arpenter les rues parisiennes dans leurs vêtements démodés de la Belle Époque. Il en fait des résistantes aux nouveaux pouvoirs de l’argent, aux mecs qui bouleversent leurs vies en transformant leur quartier. Pour mettre en scène La Folle de Chaillot, Jouvet a besoin d’argent. Il parvient à obtenir une subvention du Gouvernement provisoire dirigé par De Gaulle, faveur remarquable en cette période de réorganisation des institutions françaises. Jouvet, déjà auréolé par ses succès d’avant-guerre et sa participation au Cartel, apparaît en effet à son retour d’Amérique comme le De Gaulle de la culture. Mais cette subvention ne suffit pas à couvrir tous les frais, en particulier ceux des costumes. Un journaliste lui suggère alors de faire appel à la générosité du public, et publie dans Le Figaro, le 30 octobre 1945, un petit article intitulé « Contribuez à vêtir la Folle de Chaillot » : « Je suis certain, nous disait, hier soir, Louis Jouvet, que parmi vos lecteurs il doit y en avoir qui ont conservé, ou, du moins, qui connaissent des gens qui ont conservé dans leurs armoires et leurs greniers de vieux vêtements féminins d’il y a quarante ou cinquante ans, d’entre 1895 et 1910, des robes
qu’ont portées nos mères ou nos grands-mères, des robes en taffetas de soie, couvertes de dentelles, de fanfreluches, de paillettes, des chapeaux chargés de plumes d’autruches, d’oiseaux empaillés, de fleurs artificielles, des bas ornés d’incrustations, des sacs à main, des ombrelles, des bottines, enfin tout ce qui était à la mode à cette époque. Eh bien ! s’ils voulaient m’envoyer ces objets, ils me rendraient un grand service pour habiller certains interprètes de la pièce de Giraudoux. (...) » En dix jours se manifestent plus de six cent cinquante donateurs. On fait la queue devant l’Athénée. Une aristocrate offre même une garde-robe complète, lingerie comprise.

Florent Delval.

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2 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Je ne suis plus sûr que ce soit moi qui ai écrit ce texte... mais si y apposer mon nom y ajoute une plus-value, pourquoi pas... en tout cas c'est moi qui te l'ai envoyé...

10:39 AM  
Blogger Marie-Noëlle Genod, le dispariteur said...

Il n'y a plus d'auteur pour les textes, c'est fini, ça...

YN

11:55 AM  

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