Sunday, March 29, 2009

Autofixité

Je suis entré dans une librairie, celle que j’aime car elle est tenue par un très beau couple d’homme, je suis sensible aux couples d’hommes, c’est moderne, et j’ai craqué : j’ai acheté trois livres d’un coup : Désert, Cercle, D’autres vies que la mienne. Trois livres d’homme ! Je suis un peu embêté, je ne sais plus quoi raconter, Thomas m’a convaincu de ne plus écrire sur le blog, de garder un « jardin secret », bon, et en plus il m’a dit de ne pas le dire, « Et ne vas pas raconter que je te l’ai dit… je te connais… » Bon ben, voilà, c’est fait. Je veux bien être le guignol de l’affaire, moi. Mais enfin, bon – l’exhibo de service. En attendant que j’aie des choses vraiment croustillantes à vous livrer, prière pour mes faits et gestes (intimes) de se reporter chez Pierre où tout, vraiment, tout, et c’est comme cela que je l’ai rencontré, est jardin secret. Quant à moi : Désert, Cercle, D’autres vies que la mienne… J’ai trouvé enfin le nouveau nom de mon association : As an actor (en tant qu’acteur). Voilà, c’est simple, c’est propre, ça fait un peu nom de parfum, ça fait pub.

Muse de chagrin.

Pleuré toute la soirée.

Au moment où je me réveille (où le réveil sonne, dix heures), panique : je vois l’énorme vide qu’il me faudra remplir (et vide égale vie). Comme le bonhomme Michelin (exsangue et) maigre que j’ai vu l’autre jour à la télé, remplir d’amour mon personnage enfoncé.

Aujourd’hui j’ai lu les journaux sur Internet au réveil. D’habitude, j’évite car ils colorent d’angoisse la journée naissante, mais aujourd’hui, en lisant les nouvelles (sans angoisse), je me suis dit : on vit dans un grand calme. La réalité et le calme de la lecture. Le grand calme. Le temps qui passe, les décennies qui passe, 1978, oui, ça fait trente ans… Le patrimoine des Français a doublé en trente ans, la France est plus riche… Et plus endettée aussi. (Peu importe les polémiques.) Ensuite j’ai relu le texte de Pierre, La vie comme un lavis, que j’avais mal lu dans la nuit. Et là, comment dire, ce grand calme est transporté dans l’univers, décollé du plancher des vaches, du ras des pâquerettes, pâquerettes que, par ailleurs, j’aimerais bien voir encore avant d’être emporté dans le grand maelström.

Un grand calme.

Elle me cachait le monde, Hélèna, ce n’est pas elle qui me le cachait, c’était moi par rapport à elle. Au début, nous étions dans la maison de Lacan, mais il fallait dire « maison de Sylvia Bataille ». Jacques Lacan… Sylvia Bataille… Une bataille de février (une bataille d’amour), entre deux adultes consentants… Une femme à moitié détruite s’invente un sexe de femme, une béance et un homme y entre (avec son outil pour entrer) (quelque part). Ça provoque des frottements, de l’amitié, des sueurs. La grande maison offre la place (de la place, de la richesse)… Les animaux aussi, sur l’île, offrent leur maison, les oiseaux. Les vélos d’une pièce à l’autre. La mer, le bord, le bord de l’univers, c’est la mer. L’endroit ombilical où l’île se resserre jusqu’à presque se toucher les deux bords, ne laissant passer qu’une route. Et la redistribution ensuite dans de grands espaces ventés avec le clocher noir et blanc comme repère.

Je suis ému lorsque je lis le mot « ému ».

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home