Neige à Tokyo
Venus & Adonis Poème de Shakespeare
Revisité et interprété par Yves-Noël Genod
Théâtre de Genevilliers jusqu’au 27 juin 09
Avec Yves-Noël Genod, Felix M. Ott, Kate Moran et Pierre Courcelle à la flûte et au chant…
Donc moi qui voulais que l’on bouscule Shakespeare, j’ai été ici servie…
Au moins il y avait dans cette création d’Yves-Noël Genod de la prise de risque et de l’imaginaire. Et même si je n’ai pas tout compris et me suis un peu perdue sur la fin, je préfère ce « secouage de prunier » à toute mise en scène ennuyeuse et conventionnelle. Là, plongés dans un univers très personnel et lyrique, moderne et obscur, nous sommes plus proches d’un Shakespeare démesuré et rocambolesque, tel que je le rêve.
Tel Jurgen Gösh et son Macbeth tout nu avec uniquement des comédiens hommes, ou Sophie Rousseau qui monta Roméo et Juliette avec un homme dans le rôle de Juliette… c’est plus fort que moi, je n’imagine Shakespeare qu’en dehors des sentiers battus.
J’ai adoré le début. Yves-Noël Genod entre et nous récite ou raconte Vénus & Adonis, en toute intimité. Il porte une veste noire sublime et shakespearienne, un jean troué et il est orné de moult bagues brillantes, converses aux pieds, torse nu… mélange d’Iggy Pop et de Renaissance. Il agrémente son récit de quelques anecdotes personnelles, compare certains éléments à Duras et associe les mots, et leur sens, entre poésie et interprétation analytique… chacun le verra comme il veut. Et puis s’allonge sur cette table posée là en décor et imite le souffle haletant d’un Adonis bousculé par Vénus. Oubliant certains vers il a un souffleur et parfois cite les mots anglais pour souligner quelque effet poétique, on a l’impression d’être en répétition, d’ailleurs la salle est restée allumée. Cette intimité rappelle celle du poème, et son partage est ici d’une grande intensité. Quelle sensibilité et quel amour des mots…
Pendant ce temps un jeune homme très beau et athlétique s’amuse du décor, grimpe, escalade, fait des acrobaties, nu. Sorte de métaphore d’Adonis, ignoré par le récitant, deux mondes qui se frôlent mais ne se rencontrent pas. Comme Adonis et Vénus en somme…
Et puis Yves-Noël s’en va. Et entre le burlesque… J’avoue ne pas avoir bien saisi ce qui se déroule ensuite. Entre performance et art plastique, trois comédiens se livrent à une succession de tableaux étranges. Tout d’abord une jeune fille récite Shakespeare en anglais, puis un homme se change et passe un costume de l’époque shakespearienne et se met à jouer de la flûte quasiment jusqu’à la fin, et Adonis revient également en costume d’époque et joue avec la jeune Vénus. Il l’arrose avec l’extincteur des pompiers, menace de lui tirer dessus avec un fusil, ou de la brûler avec un briquet à longue flamme… Elle se change également et enfile une robe de toute beauté… ricane, chante, pendant que le jeune homme explore les coulisses hautes du théâtre… Une mise scène des amours éternellement adolescentes et inaccessibles peut être. L’ennui et l’agacement qui m’ont frôlé, m’ont néanmoins rappelé ceux ressentis par une Vénus éconduite… J’avoue ne pas vraiment être rentrée dans cette seconde partie restée pour moi sans doute poétique mais obscure.
Plus d'infos pour les curieux :
très belles photos ici : berger/genod
le blog d'Yves-Noël : le dispariteur
10:29 Publié dans théâtre / spectacle vivant | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : venus & adonis, shakespeare, yves-noël genod
Merci infiniment pour votre commentaire ! Pour la partie qui vous reste obscure, ce que je peux dire, c'est que peut-être aurait-il fallu jouer plus longtemps pour que nous comprenions (moi, grâce à l'aide (j'allais dire : la "recherche") des spectateurs) ce qu'elle avait à nous dire, cette partie. Ce que j'y ai vu, quant à moi, pendant ces répétitions et ces quatre représentations, me remplit d'espoir. C'est certes un essai, une esquisse, bien sûr, mais inoubliable... Et le texte somptueux de Jorge Luis Borges que j'ai mis dans la feuille de salle ne peut pas ne pas vous éclairer...
En tout cas, très touché de vous sentir près de moi.
Bien à vous
Yves-Noël
Revisité et interprété par Yves-Noël Genod
Théâtre de Genevilliers jusqu’au 27 juin 09
Avec Yves-Noël Genod, Felix M. Ott, Kate Moran et Pierre Courcelle à la flûte et au chant…
Donc moi qui voulais que l’on bouscule Shakespeare, j’ai été ici servie…
Au moins il y avait dans cette création d’Yves-Noël Genod de la prise de risque et de l’imaginaire. Et même si je n’ai pas tout compris et me suis un peu perdue sur la fin, je préfère ce « secouage de prunier » à toute mise en scène ennuyeuse et conventionnelle. Là, plongés dans un univers très personnel et lyrique, moderne et obscur, nous sommes plus proches d’un Shakespeare démesuré et rocambolesque, tel que je le rêve.
Tel Jurgen Gösh et son Macbeth tout nu avec uniquement des comédiens hommes, ou Sophie Rousseau qui monta Roméo et Juliette avec un homme dans le rôle de Juliette… c’est plus fort que moi, je n’imagine Shakespeare qu’en dehors des sentiers battus.
J’ai adoré le début. Yves-Noël Genod entre et nous récite ou raconte Vénus & Adonis, en toute intimité. Il porte une veste noire sublime et shakespearienne, un jean troué et il est orné de moult bagues brillantes, converses aux pieds, torse nu… mélange d’Iggy Pop et de Renaissance. Il agrémente son récit de quelques anecdotes personnelles, compare certains éléments à Duras et associe les mots, et leur sens, entre poésie et interprétation analytique… chacun le verra comme il veut. Et puis s’allonge sur cette table posée là en décor et imite le souffle haletant d’un Adonis bousculé par Vénus. Oubliant certains vers il a un souffleur et parfois cite les mots anglais pour souligner quelque effet poétique, on a l’impression d’être en répétition, d’ailleurs la salle est restée allumée. Cette intimité rappelle celle du poème, et son partage est ici d’une grande intensité. Quelle sensibilité et quel amour des mots…
Pendant ce temps un jeune homme très beau et athlétique s’amuse du décor, grimpe, escalade, fait des acrobaties, nu. Sorte de métaphore d’Adonis, ignoré par le récitant, deux mondes qui se frôlent mais ne se rencontrent pas. Comme Adonis et Vénus en somme…
Et puis Yves-Noël s’en va. Et entre le burlesque… J’avoue ne pas avoir bien saisi ce qui se déroule ensuite. Entre performance et art plastique, trois comédiens se livrent à une succession de tableaux étranges. Tout d’abord une jeune fille récite Shakespeare en anglais, puis un homme se change et passe un costume de l’époque shakespearienne et se met à jouer de la flûte quasiment jusqu’à la fin, et Adonis revient également en costume d’époque et joue avec la jeune Vénus. Il l’arrose avec l’extincteur des pompiers, menace de lui tirer dessus avec un fusil, ou de la brûler avec un briquet à longue flamme… Elle se change également et enfile une robe de toute beauté… ricane, chante, pendant que le jeune homme explore les coulisses hautes du théâtre… Une mise scène des amours éternellement adolescentes et inaccessibles peut être. L’ennui et l’agacement qui m’ont frôlé, m’ont néanmoins rappelé ceux ressentis par une Vénus éconduite… J’avoue ne pas vraiment être rentrée dans cette seconde partie restée pour moi sans doute poétique mais obscure.
Plus d'infos pour les curieux :
très belles photos ici : berger/genod
le blog d'Yves-Noël : le dispariteur
10:29 Publié dans théâtre / spectacle vivant | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : venus & adonis, shakespeare, yves-noël genod
Merci infiniment pour votre commentaire ! Pour la partie qui vous reste obscure, ce que je peux dire, c'est que peut-être aurait-il fallu jouer plus longtemps pour que nous comprenions (moi, grâce à l'aide (j'allais dire : la "recherche") des spectateurs) ce qu'elle avait à nous dire, cette partie. Ce que j'y ai vu, quant à moi, pendant ces répétitions et ces quatre représentations, me remplit d'espoir. C'est certes un essai, une esquisse, bien sûr, mais inoubliable... Et le texte somptueux de Jorge Luis Borges que j'ai mis dans la feuille de salle ne peut pas ne pas vous éclairer...
En tout cas, très touché de vous sentir près de moi.
Bien à vous
Yves-Noël
Labels: vénus adonis
1 Comments:
très touchée de vous sentir près de moi aussi
Post a Comment
<< Home