Saturday, July 04, 2009

Juillet débouche l'automne

On peut remplir des livres d'intelligence, et puis on peut remplir un livre de tout. - Et puis il y a un pas à faire qui fait (c'est un pas dans la vie) que toute l'intelligence sert à remplir un livre (ou peu importe, poème, pièce, rien...) de tout - où l'intelligence, même la plus vaste, ne sert qu'à ça : remplir un livre de tout. Si Laurent Goumarre lit ça, il comprendra. Il faut que j'emporte le livre qu'il m'a offert - tiens ! - je vais le mettre dans la valise pour pas que j'l'oublie : J'adore, de Jean Desbordes.

"Amitié des arbres que mon cœur invente, je vous aime. Je t'aime, mon cœur. Les arbres couvrent les sentiers et je marche dans les sentiers. On entre dans un sol de feuilles mortes ; on marche vers quelque chose." J'ai l'impression de le lire, lui, Laurent, pas Jean Desbordes.

Et puis bien entendu il y a ce phénomène curieux qu'un livre est à l'envers oui forcément, à rebours de, disons, l'intelligence, l'intelligence de l'époque, l'intelligence-la démerde. Qui c'est qui l'a écrit ? Y a un auteur anonyme, un auteur qui s'est volontairement (y a quand même une volonté) placé dans l'anonymat, qui s'est sacrifié. Mais c'est à dire que c'est pas facile car l'intelligence ne doit pas se voir si on veut laisser la place (à tout). Ils sont pas nombreux, même des livres très bien n'y accèdent pas. Même des livres admirables, c'est foutu si c'est arrangé. Marguerite Duras a fait beaucoup de livres arrangés, mais quand même elle avait conscience de cet état - conscience aiguë - et peu importent les livres (mais elle voulait sa place...) Pierre Guyotat n'en a jamais fait, des livres arrangés, Hélène Bessette non plus. Et puis tous les autres, Jean Echenoz, Patrick Modiano, Peter Handke, Pascal Quignard, c'est des romans d'voyage... C'est forcément mondain. (Même si c'est très bien.)



Couvrir de chutes d'eau

Dire que la musique contemporaine est si méprisée. Enveloppée de nuit et de pluie. Des grands rosiers partout. Des massifs d'hortensias, descentes vers la mer, inévitables. Des pins, transparence, des poteaux de ciment, des aiguilles, des tapis d'aiguilles et les grèves...



(Le bleu intense.)

La phrase exacte est : "Alors ses yeux bretons étaient devenus bleu intense."
Je retire un peu ce que j'ai dit, la nuit a passé - la nuit : deux heures - sans corriger, je raye, les yeux rayent, les paupières, c'est encore lourd, tourterelles.



Que devient Julien ?

Je suis avec Pierre, je cultive mon
jardin secret.
Je me suis disputé avec tous mes acteurs. Je me suis disputé avec Thomas, avec Guillaume. Que devient Julien ? Yvonnick est comme ça. (Geste de la main.) C'est difficile forcément, ils doivent être ma chose - et on les veut entiers. Pina Bausch entière pour jouer la princesse aveugle. Ou sinon c'est plus Pina Bausch. D'ailleurs, c'est plus Pina Bausch.
C'est curieux, la vie. Pain de sel, vague de sel... Et l'Anne dont j'ai toujours envie, elle me prévoit pas, cet été ?



A Simulacrum Of Normalcy

Les fans sont si nombreux. You get to do rock star things. (Remain sober.) The family picnic. "I was never at my best when I was at my worst", he said. A simulacrum of normalcy. Proximité incessante de l'océan. Comment s'en détacher ? On ne peut pas, ces maisons, ces idées...
Le soleil avait resurgi dans le ciel, dans un ciel de midi. Je suis en Bretagne, en Bretagne sans idées. Ce n'est pas la peine. D'y être. Je revois tout. Facilement.
Il y a des piscine et de l'eau partout dans les branches des terres. Les landes des terres, rocheuses. Il n'y a aucun animal sauf des animaux presque achevés, très apprivoisés. Bretagne, ce stage, ce stage avec les animaux...



Vêpres, église ouverte

Février
touche le printemps. Mes cheveux à moi. Longs cheveux fins, écrasés. Vol à destination de - Une rumeur dans le ciel, c'est un avion qui parle. Il gronde comme un enfant. On va retourner vers le Sud. Bruit de splash, sur la terre, dans le ciel, l'entre-deux. "Ciel grand ouvert" - comment dit-elle ?
Des livres, des livres posés sur la bordure, la bordure de satin.



"Le nom de Sarkozy provoque un pénible désir d'injure."

Les lacs sont les mêmes, les forêts sont les mêmes, l'air présente une pureté. "Le rosier-phare", une image des drôles de poèmes de mon père (si précautionneux). (Si isolés.)
Ce serait difficile d'écrire sans quand même se plaindre. On pourrait croire que les mots sont faits pour ça (quand on a une tendance à la plainte dans la vie). Et non ! Mais la plainte passe toujours, comme sous une porte, un vent, un courant d'air (c'est le mot "plinthe" qui me donne cette image...) Dégager, déblayer, dégager même à sa mesure, malgré tout, c'est la plainte."Nuit", "phare", "menthe". Enrôle la rose...
Les nuages, concentrés, grossissent, les volcans... Les châteaux de Chambord, réalité ou tapisserie, petits enfants (dont tu es) savent que le temps (très vite) manifestement et l'espace tournent pour eux (toile de Jouy).
Les peurs, répertoriées, on n'y arriverait pas, c'est trop instable. Stable-instable.



Folle au point de se dire heureuse

Oui, il répète forcément ce que d'autres ont dit. D'ailleurs elle non plus ne compose pas vraiment, mais "épure", reprenant des œuvres anciennes, presque archéologie, méconnues, des redécouvertes... Le temps. The beginning, la nativité.
Réapparition d'un fantôme. Avec un homme, semble-t-il. Qu'elle est venue me montrer au marché... Ça suffit à la rendre heureuse. Les gens sont simples finalement dans leur histoire. Petite histoire en attendant (la grande).
Des procédés, pourquoi pas ? S'il s'agit de plaire au plus grand nombre (faire plaisir). Les gens n'ont pas le temps (qu'il leur arrive quelque chose). Je crains de laisser tomber le livre, c'est un livre faux. La vie est triste si on la raconte en histoire : à la fin, on meurt. Bon. Bon ben. Il y avait cette phrase de Marguerite Duras : "Si nous allions au restaurant, pour une fois que nous ne sommes pas morts."



Un accent américain. Le merle sur la chaussure. Le dieu de l'orage.

Un livre, c'est à dire, un livre est une chose, enfin, il existe
en plus comme une chose. Alors... Un roman, c'est c'qu'on en fait. Je galope maintenant dans un livre qui décrit le bonheur. Par intermittence. Et c'est le fait de ces éclipses qui fait que le livre galope. "Car tout dans la nature dit son temps au temps." Une femme peut être aimée. Une femme désirerait vraiment être aimée et on peut lui faire croire au moins pendant un temps que son désir est devenu une réalité, une saison. Un livre rempli de détails.



Qu'est-ce qui peut bien se passer dans le dernier tiers du roman ?

Ton pays si étroit (en un sens) est celui du bonheur, finalement. Ton pays du calme vivant. Le sommeil est ton calme pays, le sommeil de Pierre en particulier. Il t'a confié son calme sommeil. Tu dors avec lui toutes les nuits, même à quelques encablures... Cette île, cette île-détresse que chacun confie à l'autre...
"Pour Noël, Ann"



Au dessus des rails, quelques nuages voluptueux

Et parmi les bruits : "Michael, c'est moi." Puis bruit d'une grille, on s'éloigne. A la limite des dunes. Et le sourire du squelette. Quelque chose qui est abordable par vous. Quelque chose qui m'aurait échappé.
Maintenant le livre donne sa clé : "- Tu vois, je crois qu'on ne remplit pas le vide avec des plaintes." Page 261. Je peux sortir, aller d'un lieu à l'autre. Il y a plein de gens, oui, mais des rencontres possibles. Des rencontres sont possibles, pourquoi pas ? Angoisse diffuse, elle se dissipe. J'aime Pierre. Il est gentil. Il m'aime aussi. Il écrit en plus. J'aime bien le sentir penser. Ou dormir. Ou composer de la musique. Je vais m'intéresser plus à comment il compose la musique. C'est un métier...
La mer efface son chant. Eté comme hiver.



Les fanatiques

Je fais des spectacles et je rencontre ensuite les fanatiques. (Il y en a assez peu pour que...) C'est une activité. Une activité. L'hiver vient toujours plus tard. L'été aussi. C'est ces saisons intermédiaires qui durent plus que de coutume. Des transpositions. Ecrire : des transpositions.
Je vais finir comme mon père :
Vécu à ... le ...
Finalisé le ... à ...
Non, moi je ne finalise pas ! Pas l'temps.
C'est à dire que dehors, ce qui se passe, c'est vraiment comme en bord de mer. Je pense à la précarité en regardant Paris. Comme Eric Elmosnino le dit à Anne Diatkine. Anne Diatkine, rivale et amie d'Hélèna Villovitch.



Oh, what is that beautiful thing that just happened ?

Au music-hall, on appelait ça "la présence"... Cris de mer, cris de rumeur... Les informations que l'homme laisse encore parvenir à son oreille. L'aéroport, l'hélicoptère. Imperial distance. Le cocktail de stones, leaves, fire. "Empty-handed", c'est un mot pour mon père. Sorti de son poème. Ici utilisé par la lauréate du prix Pulitzer Mary Oliver face au lever de soleil. "Mains offertes Vers l'infini tel l'arbre offrande", mais je suis obligé de le dire : ça me fait rire. Mon père m'a toujours fait penser à Woody Allen. (Enfin, toujours... depuis que je connais Woody Allen.) Empty-handed : having failed to obtain or achieve what one wanted. "Pieds nus dans la rosée douceur", ça aussi, ça me fait rire. (Mais si vous pensez à Woody Allen pieds nus dans la rosée douceur, vous avez la clé, vous riez.) Such wild love !
Alors voilà : un livre où vous écrivez : "rouleaux de ruban adhésif", c'est très joli, mais enfin, qui a jamais parlé comme ça ? Il faut bien lire les livres pour savoir qu'il existe des "rouleaux de ruban adhésif" ! Du Scotch, c'est tout, du Scotch, il y a du Scotch, des rouleaux de Scotch dans les tiroirs de sa table de chevet, il y a du Scotch à l'épicerie-papeterie-maison-de-la-presse enfin n'importe où au village, au Prisu, il y a du scotch s'il n'y en a plus dans un des tiroirs de la cuisine ou du meuble à téléphone. Regarde aussi dans le bahut dans la salle à manger.



"Hugo Wolf notait, abasourdi, sur ses partitions, l'heure et la date du jour où surgissaient les poussées de création. Huit heures, dimanche 5 juin, dans ma chambre.
Lundi 12, à treize heure trente, marchant dans la forêt."
Tout instrument égare.
Lierre, roseraie, rosée.
La vie qui ne finit sans fin...
Il faut prier Dieu de manquer de sensibilité. (Prier : remercier.)
Création du paradis. (Je ne sais pas ce que j'écris à cause de l'ambiguïté des mots.)

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2 Comments:

Anonymous Anonymous said...

bonsoir,
j'essaie d'être autant que possible attentive à ce qui se passe sur ce blog. je suis abonnée à son flux rss. (je réponds oui à blogger, ou plutôt yes, quand il me demande si je suis bien consciente que son contenu que le contenu de ce blog par endroits pourrait être choquant). je ne viens pas aux spectacles, parce que c'est comme ça, que j'ai des difficultés à me déplacer, je le regrette, à certains égards, mais j'ai appris, avec le temps, à me contenter de ce qu'un écran peut m'offrir et je peux apprécier, des spectacles, ce que le blog en dit en montre - avec talent. aujourd'hui, je découvre, par hasard, via le blog de monsieur courcelle que beaucoup de posts, d'articles ont été publiés qui m'avaient échappés. je m'étonne, m'attriste un peu. déjà oui, j'avais remarqué, ces longues suites de titres sur lesquels il ne servait à rien de cliquer, qui ne menaient nulle part. s'agit-il d'articles privés? ce que je comprendrais, ou est-ce que c'est blogger qui déconne?
quoi qu'il en soit, une fois encore, bravo. j'aime beaucoup ce qui se dégage d'ici (et de là-bas, pierre)
oh, oui, je crois que je m'exprime de façon compliquée. mais je suis handicapée, là aussi.

12:45 PM  
Blogger Marie-Noëlle Genod, le dispariteur said...

Merci ! Vous ne vous exprimez pas de manière "handicapée" ! Pas d'articles privés, non, normalement un titre une entrée. Je ne sais pas quoi vous dire, je relis votre envoi. Je penserai à vous.

4:30 PM  

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