Tuesday, November 10, 2009

Philip K. Dick

La ville a l'énergie d'une rain forest. En vingt ans, tout s'est construit à une vitesse de plantes baignées d'eau et de chaleur, les tours comme des tiges, les lianes. Il y a du travail pour les architectes en-veux-tu-en-voilà. Milliers d'équipes, probablement. Il y a très peu de voitures sur les rubans mélangés, jamais d'embouteillage parce que les voitures sont très chères, surtaxées, mais des taxis partout toujours, très peu chers, et les transports en commun. Le "en commun", c'est ce que je ressens ici. Bien sûr tout le monde est content, tout le monde a du travail, tout le monde réussit. C'est multi-culturel. Il n'y a pas de corruption. Tout est interdit. Sauf ce qui ne l'est pas. Les policiers sont en civil. Il n'y a pas de crime. Dans une dispute, tout le monde sourit. Perdre ou gagner, c'est égal. Les visages sont très beaux sauf ceux des Occidentaux un peu aigris.



Je passe dans la forêt des espèces vivantes. Il y a une musique globale enregistrée, c'est celle des oiseaux et des cigales. C'est celle d'une installation de Claude Lévêque. Et ce que je vois, d'ailleurs, là où le banc est installé, c'est le grand orgue de science-fiction de l'arbre appelé 8. Je suis bien dans la rain forest. C'est juste ça : je suis bien. Mon corps est liquide et flotte dans l'air à température. Du corps imaginaire. C'est un chemin comme un couloir qui traverse la rain forest. Forêt reine. Poser le pied hors de ce couloir - personne ne le fait - écraserait un papillon. D'ailleurs, je suis seul dans ce couloir. C'est le couloir du temps. Le monde dont j'entends la rumeur est transformé en musique de cathédrale. Le monde à mon retour...



Une autre supériorité sur l'Amérique, c'est qu'ici il n'y a pas d'obèse. Sauf Bouddha himself.



Les orchidées se perchaient sur les arbres des forêts.



Singapour a les qualités d'une ville que je ne comprends pas. Qu'est-ce d'ailleurs ? Une île, un pays ? Bien sûr je progresse dans sa compréhension. Mais je vais perdre ce que j'aime maintenant. Être au carrefour et ne pas savoir où aller. Que me dit le mynah ? La grande ballade, c'est ça, avoir un budget taxi (ça coûte rien, mais comme j'en prends toute la journée) et sillonner comme dans un intérieur mental une ville vivante comme la rain forest.



Je passe devant le Ministry of Education, je pense à toi, Pierre.
Je passe devant le Montessori Kindergarten.
Et puis, la grande mode, c'est de construire des tours et de les relier par des ponts.



Il y a une manière de se déplacer à Singapour qui est lente comme dans la jungle,
un travelling d'oiseau,
à regarder les visages comme des sculptures,
plus proche de la pierre que de l'animal, l'homme,
cette masse dure de la pierre, ok, posée sur un corps.

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