Sunday, November 08, 2009

Un immense art de vivre, à Singapour (Le Paradis)

Human being :
a man, woman, or child of the species Homo sapiens distinguished from other animals by superior mental development, power of articulate speech, and upright stance.






Aujourd'hui, j'ai répété aux visitors deux idées.
Coiffé du masque de crocodile, je me disais d'abord quelque chose comme : "Je pense qu'un musée a à voir avec la mémoire. Là, vous êtes d'accord ? No problem jusqu'à maintenant. It's obvious. Eh, bien, voilà ! C'est tout. (N'allons pas plus loin.) Ah, non, sorry... I remember now... Je me disais l'autre jour, voyez-vous, c'est étrange, mais peut-être que la mémoire la plus intéressante que nous ayons en commun, we, human beings, is the memory of the Paradise. La mémoire des mémoires. Le secret le mieux partagé (parce qu'il l'est par tous). La mémoire de l'oubli. (Etc.) Or les plantes sans mémoire et les animaux - de peu de mémoire, le poisson rouge : deux secondes, ll ne s'ennuie jamais dans son bocal, tout est toujours neuf et extraordinaire - sont encore dans le paradis. Vous me suivez ? Si nous détruisons les animaux et les plantes, qu'adviendra-t-il de notre mémoire du paradis ?
Première idée.
Deuxième idée.
I imagine the Museum of Dance as a place, a building where the movement itself of the visitors could be the dance. Ça vous parle ? (En général, miracle, ça leur parlait.)
Les deux idées sont liées, merveilleusement, mais, ça, c'est seulement dans les groupes de niveau avancé qu'on s'en aperçoit. (Tout à l'heure, c'était très clair.)

Répéter la même chose all afternoon était somme toute passionnant. Cette chose s'éclairait par le visage de l'interlocuteur - et souvent - , devenait intelligente, et quand il ne s'éclairait pas, elle devenait bête.
J'avais ce problème de l'usure de l'anglais. En français, je peux répéter une chose sans vraiment m'ennuyer. Ce n'est jamais pareil. Le jeu des innuendoes et des nuances peut sembler infini, même si les mots restent les mêmes. Mais en anglais, l'usure arrivait vite. L'impression d'être un perroquet. N'ayant pas accès à la profondeur de la langue. Ça qui est dommage. L'anglais international pour moi est une langue de surface. A cause du manque de mon oreille musicale. (Par exemple, ici, ils ont une manière de parler anglais presque sans articulation que j'ai du mal à chopper.)

Après le succès du premier jour, le deuxième jour, j'avais le trac. C'est seulement quand quelque chose a existé que le trac arrive. Sinon je ne m'attends à rien. Mais le public d'ici, magiquement, nous a donné vie - et au projet - à nouveau. Un peu différemment. Le premier jour, comme un samedi, le deuxième jour, comme un dimanche. C'est à dire de la même façon avec juste cette légère différence qui est celle du temps. Sensation de présent et légèrement de temps. Je ne suis pas en train de dire que nous n'avons pas nous-même de talent, nous en avons, là n'est pas la question (aucun mérite puisque c'est notre métier), mais quand l'audience aide à ce point, cela crée quelque chose d'infiniment subtil. Un poème. Comme - je me souviens - c'est inoubliable ensuite - quand nous jouions (avec le Radeau) en Norvège ou au Canada... Les gens sont simplement avec et la création programmée se déploie. Faut être deux. Alors bien sûr cette idée du Musée de la Danse devient amour et voyage.
Ah, si... une critique. De gens très sympas, d'ailleurs, un architecte et son ami (ou un ami). Mais français. C'est si typique ! Les Français ne peuvent pas s'en empêcher sinon ils ne le seraient pas. Comme les dindons sont attirés par le brillant, les Français aiment critiquer. Être contre. Je ne sais pas si ça vient de la Révolution... Pauvres Français ! Font pitié, vu d'ici. Une vulgarité, une grossièreté ou, même, une maladie mentale. Quelle était la critique ? Oh, rien, n'importe quoi... "Trop de parole." Par rapport à quoi ? A l'idée de la danse. Ah, oui. Et si ton cœur s'ouvrait, Français de peu de foi... tu ressentirais peut-être, sous la parole, une sensation. Sous l'advenue de la parole (sous la parole qui n'arrive jamais), la danse. La danse de la sensation, du sentiment. Du Paradis.

J'aime beaucoup ici que tous les échanges aient lieu dans le sourire. Ça crée parfois un peu de confusion (pour un Français). Est-il encore possible de prendre le breakfast ? Oui, c'est possible (et c'est génial, non ?) Non, ce n'est pas possible (et c'est génial, non ?) Personne n'est jamais "désolé", vous savez, comme dans la chanson de Madonna "Je suis désolée". Ou comme en Allemagne, à Berlin, à la Volksbühne, à la caisse de la Volksbühne où c'était à pisser de rire, à mon arrivée à Berlin, à quel point la désolation était surjouée au contraire à la moindre occasion... "Il n'y a plus de place, je suis désolée." Abattue. Détruite. En assistance respiratoire. L'expressionnisme allemand.

Le monde est paralysé even if it goes quicker and quicker.
Il est paralysé dans sa finitude, son accomplishment.
Il veut toucher le mur, il le touche.
Mais inside the world, there are two things which are not paralyzed, it's its imagination and its memory.
La reine des facultés. Always Charles Baudelaire. For again and again.

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