Sunday, April 25, 2010

Because The Night

Ce soir, j'attends la diffusion à la radio de L'EMISSION, c'est émouvant - et j'écoute Patti Smith, Because The Night Belongs To Lovers... C'est émouvant, déjà l'été, hier, près de la statue de la Liberté, j'avais un serrement de cœur à l'idée de quitter la Maison de la Radio, l'émission version définitive dans la poche de mon cartable... Radio France !
Aujourd'hui, je suis allé à une séance de satsang avec Paloma Wilson de passage à Paris. Toujours rue d'Anjou. J'avais les larmes aux yeux au cours de la séance. C'est rare, finalement, une assemblée pour parler - et ne parler que - de l'essentiel. Evidemment, comme à mon habitude, j'ai tout noté. C'était si beau, si clair, si évident (éclairant), ce que disait Paloma ! En relisant mes notes, je ne retrouve pas grand chose : des mots plats, des images de rien pour ce qui me paraissait - comme je disais - l'essentiel. Pierre me dit que c'est le principe de la Communion. En effet, on se réunit pour communier - et les mots ne sont rien, pas grand chose, des vecteurs. C'était dans l'hôtel particulier habitée par La Fayette (en son temps). C'est Françoise qui reçoit, pleine d'humour (et de tendresse) dans ce quartier qui évoque aussi Proust. On s'est baladé, d'ailleurs, aux Champs-Elysées, avant que ça commence, avec Gérard qui m'a raconté tout ce qu'il avait envie de dire pendant la séance. Du coup, il n'a pu rien dire. De toute façon, comme il l'a aussi lui-même remarqué, il y a assez peu de différence entre ce que dit son voisin et ce qu'on pourrait dire soi. C'est le principe de la communion, n'est-ce pas ? Tout le monde a les mêmes "problèmes" et est capable de la même puissance. Même les fous jouent un rôle. La vie. Avec les mots c'est difficile. L'AFDASS Lyon (pas celle de Paris) refuse de donner son accord à ceux qui le demandent pour le stage que je dois animer en juin - parce qu'"ils" ne comprennent pas le titre ni le texte de présentation que j'ai écrit publicitairement : ça n'a pas l'air d'un stage. Comment leur expliquer que c'est un compliment (que ça n'en ait pas l'air), mais qu'on voudrait quand même leur argent parce que ça en sera un quand même (de stage). Donc refaire un texte, ça, c'est pas un problème, mais le texte risque d'être pire, ça, ça n'arrangerait rien. Par exemple, à la question des objectifs et de l'accomplissement du stagiaire : Vous pensez que l'issue de votre parcours personnel est ce qui importe. Cela est égal, quelle que soit la façon dont il se termine. Vous pensez que vous devez vous transformer vous-même et transformer le monde pour le rendre meilleur. Il n'est rien à accomplir. Sur la question du drame : Vous pensez que le drame de chacun est une réalité. Il s'agit uniquement de jeux de miroirs et d'écrans de fumée. Sur la question du contrôle de soi et du libre-arbitre : Vous pensez avoir le contrôle de votre vie. Vous n'êtes qu'une marionnette de la Source. Vous pensez avoir le libre arbitre et la liberté de choix. Il n'y a que la destinée et son déroulement ordonné. Je rappelle que le titre du stage est : Est-ce là, l'image de Dieu ? et que ce titre a été jugé comme pouvant conduire à des "dérives sectaires". Or je voudrais le remplacer par un titre un peu plus exigeant - mais plus essentiel : Jouer Dieu. Parce que : Vous pensez qu'il existe une formule magique pour trouver Dieu. Détendez-vous, vous résidez déjà en Lui. Et donc - pourquoi venir au stage ? : Vous pensez pouvoir trouver Dieu en Inde ou au Tibet. Il n'est nulle part où aller. La Conscience est partout la même. Ce qui est terrible, c'est que, quand on me dit une chose, quand il y a une résistance, j'ai toujours envie d'en profiter pour aller encore un peu plus loin. "Dérive sectaire." Vous ne pensez pas si bien dire... Changeons le monde - à commencer par le vrai changement : il n'y a rien à changer. Vous pensez que l'issue de votre parcours personnel est ce qui importe. Cela est égal, quelle que soit la façon dont il se termine. Vous pensez devoir suivre un chemin pour y arriver. Il n'est pas de chemins. Vous pensez que vous devriez être illuminé. Vous l'êtes déjà. Et sur Shakespeare, Calderon : Vous pensez que l'histoire qui vous arrive est vraie. C'est une illusion, un rêve. Et sur la détente nécessaire : Vous pensez qu'il existe une formule magique pour trouver Dieu. Détendez-vous, vous résidez déjà en Lui. Sur l'ambition : Vous voulez être quelqu'un d'important et d'apprécié. Soyez, simplement. Voilà ce que je veux "apprendre" aux stagiaires. Ce sont des techniques de jeu. Ce n'est pas de moi ! Comme cette phrase que j'ai dite hier dans le filage de Frankenstein : "Je dis n'importe quoi, c'est pas d'moi." De moi ? Non, de Jan Fabre. Voyez, le texte nouveau dépassera en menace (pour les gens des bureaux) celui que j'avais déjà écrit en voyant la présentation de fin de stage d'Armel Roussel, à Genève : "Un stage. On va l'appeler Le stage. C'est un groupe, peu importe qui, faut jouer que c'est un groupe. Peu importe s'il y a des gens qui arrivent, d'autres qui partent : c'est un groupe. A partir de là, y a le corpus, la dramaturgie. Parce que - il se trouve que - tous les gens qui sont là sont des comédiens - c'est une race à part - il faut tout de suite partir de là : c'est une race à part - qu'on peut détester (le racisme, ça existe), mais que, pour ma part, j'adore. Alors, bien sûr, un sous-titre possible du stage : Ce workshop est complètement minable. Vous savez, il ne faut pas se leurrer : nous ne sommes pas les gens dans les banques, nous ne sommes pas la réalité. Or la réalité existe et c'est celle que je viens de décrire. Or nous ne sommes pas la réalité, nous sommes des francs-tireurs, nous sommes des anarchistes, nous sommes des poètes. Nous pouvons être à tu et à toi avec Shakespeare, avec Calderon, avec Anton Tchekhov, avec Paul Claudel, avec Thomas Bernhard, avec les Russes, avec Le Rouge et le Noir, avec n'importe quoi, Rimbaud, Hölderlin, Hélène Bessette, avec Klaus Michael Grüber, avec Krzysztof Warlikowski, avec moi. Ou peut-être - c'est si facile - à tu et à toi avec moi, avec toi, avec ta jeunesse parce que c'est si facile : nous ne sommes pas la réalité. Le stage se présente comme une retraite (active) dans un lieu isolé à la campagne, en ces temps de peste et pendant que les théâtres sont closed (avec la ferme intention d'y revenir à la première éclaircie). Evidemment la matière - excusez-moi d'être un peu désordonné, j'ai un peu bu - évidemment la matière peut aussi bien venir de soi, de films, de la télévision ou même de la réalité. Voilà. (Ça fait un texte, ça.)"

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