Opération Opérette, l'émission
Opération Opérette
Une proposition (radiophonique) de Yves-Noël Genod
pour deux interprètes :
Jonathan Capdevielle et Thomas Scimeca
d'après l'œuvre musicale commandée à Nathalie Quintane (livret) et à Pierre Courcelle (musique), Marseille Massacre
Clarinette et saxophone acoustique :
Donc citer, en plus, le musicien qui a enregistré la clarinette et le saxophone (je ne connais pas son nom), mais pas les trois personnes des chœurs de Radio France ni les autres interprètes avec lesquels nous avons également travaillé et enregistré, ceci pour la cohérence de l'émission et sa compréhension : j'ai choisi en effet, comme je te disais, de privilégier deux comédiens et de bâtir la diffusion prioritairement autour d'eux seuls, au détriment même de l'idée de "musique" et de l'idée de "texte" qui, pour moi, n'existent pas sans matière vivante des comédiens.
On n'entend donc dans l'émission que quatre voix : les deux principales, qui en sont plusieurs, celles de Jonathan Capdevielle et celles de Thomas Scimeca, plus les deux voix dites "de travail", celle de Pierre Courcelle et la mienne. Et c'est tout. La musique et le texte, je dirais, sont ici "sans voix". Et pourtant (je l'espère) une multitude de personnages, une ville entière, un pays, une époque, des époques, des enjeux d'actualité et éternels.
L'intérêt de l'émission est exactement celui-ci : deux personnes se saisissent d'une matière à grand spectacle pour en restituer, seules, à la radio, l'intrigue (ou l'essence).
J'ai réécouté ce que nous avons bâti vendredi et il me semble que le texte - à travers sa destruction (le "massacre" dont il est question est aussi celui du texte) est honoré, qu'il résiste à sa disparition. Il me semble que la musique, de même, traverse les perturbations (de tout ordre) qu'elle subit.
J'ai aussi voulu donner l'impression que tout ça n'a été fabriqué que sur un coin de table de cuisine et en une après-midi (ceci en pensant aussi à l'écoute radiophonique qui peut, en effet, s'acclimater de n'importe qu'elle situation, en voiture, etc.) Ça n'a pas été si facile de donner cette impression de nonchalance parce que c'est le projet, parmi tous ceux que j'ai menés à bien, dont la réalisation m'a demandé le plus d'effort et de persévérance (et il ne s'agit pourtant que de l'aboutissement d'une première étape). Pour arriver à cette sensation presque potache, très importante pour moi, j'ai préféré parfois ressortir certains des premiers enregistrements, plutôt que de retenir des choses plus abouties, meilleures - mais peut-être moins vivantes - que nous avons enregistrées par la suite. Il y a des premières prises et il y a des centièmes prises, mais j'ai privilégié "l'état de l'apparition", comme disait Duras, le hasard, les erreurs, les à-peu-près, plutôt que la justesse (musicale), le respect du texte ou l'équilibre des mixages. Les morceaux, pour accentuer cet effet, sont aussi présentés dans un ordre choisi par la fonction aléatoire de l'iTunes et sans chevauchement, juste les uns posés à côté des autres, de manière volontairement mal taillée, cut. Je peux même dire que l'ordre qui est sorti de cette fonction aléatoire, celui que j'ai utilisé pour le montage final de vendredi, est le pire de tous ceux que j'avais testés - donc le meilleur. Presque deux blocs des parties parlées et chantées, l'ordre auquel personne n'aurait jamais songé. Mais cet ordre, parce qu'il a été obtenu par hasard, est par là-même nécessaire. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, Jeanne Balibar s'exprime mieux que moi sur ce sujet. (On pourrait, par exemple, faire remarquer à quel point le hasard intervient dans la sélection naturelle et l'erreur dans les mutations.)
J'ai voulu que ça n'ait pas l'air produit plus sérieusement que sur un coin de table, mais je suis conscient de l'exigence de l'écoute qui est proposée à l'auditeur : une matière en désordre, décousue, ou recousue sans soin, qui n'évite sans doute pas les tunnels de l'ennui, "comme la vie", un work in progress. L'exigence de cette écoute n'est bien évidemment rendue possible que par le cadre de l'ACR (dont la réputation n'est plus à faire).
Comme je te disais, tu peux enlever l'instrumental final (saxo/clarinette) qu'on avait réservé pour le générique (final) si tu veux mettre le vôtre, ou mixer les deux. De même, pour le début, tu peux laisser dans l'ordre que nous proposons (générique de l'émission + instrumental (clarinette) pour texte introductif ou le faire "à l'américaine" comme Philippe Langlois le proposait aussi (c'est à dire instrumental introductif + générique de l'émission).
Le reste de l'émission ne peut être retouché (voir plus haut).
Nous continuons de travailler. Je changerai peut-être une version d'une chanson par une autre si nous en enregistrons une meilleure, mais je ne retoucherai pas le montage (nous n'en avons plus le loisir).
Je ferai, dans quelque temps, un mailing pour annoncer l'émission, je ne sais pas encore ce que je dirai, mais je dirai quelque chose comme : "Le nouveau spectacle d'Yves-Noël Genod a lieu à la radio." Voilà, c'est à présenter comme ça : il s'agit de mon nouveau spectacle, un spectacle où toutes les images sont du son.
Je ne sais pas comment tu peux t'en sortir pour tes trois lignes introductives dont tu as besoin, mais je te fais confiance. Puise dans ce que je raconte. Si j'ai d'autres idées, je te renvoie un mail ou si, toi, tu veux me soumettre une formulation, n'hésite pas.
Reste cette question de la répétition du direct, le samedi soir (24) ou le dimanche. Bien sûr, l'émission montée comme elle est pourrait se suffire à elle-même. Sa mise en abîme - à condition de tout écouter - est évidente. Toutes les étapes du travail sont représentées méthodiquement (mais dans le désordre). Mais je pense - sans en être certain - qu'il faudrait peut-être re-préciser des choses (en direct) afin que l'auditeur ne soit pas perdu. Donne-moi ton avis, mais c'est le sentiment que j'ai encore. J'interviendrai dans ce cas par-dessus certaines longueurs pour re-saisir les choses, parler du travail de Pierre ou de Nathalie, donner quelques références. Mais j'ai besoin de répéter pour ça. C'est trop sérieux pour ne pas. Cette apparence de je-m'en-foutisme à laquelle je tiens beaucoup n'est qu'une apparence, comme tu le sais bien. Essaie de voir ce qu'il est possible.
Bien à toi, cher Franck
Yves-Noël
PS : Philippe Katerine et moi ne sommes pas censés nous connaître. Il m'a demandé ça, je peux te dire pourquoi : parce qu'il a enregistré une chanson sur son nouvel album à paraître en septembre utilisant mon nom, sorte de liste de noms de personnes mortes ou vivantes qui correspond à son "panthéon" et dans laquelle le mien figure. Ça l'embêtait qu'on puisse imaginer qu'on a déjà travaillé ensemble. Jonathan a ré-enregistré la chanson qu'il avait chantée (celle dite de "La Prof") et en a donné une interprétation soufflante, sans doute le meilleur de toute l'émission.
Une proposition (radiophonique) de Yves-Noël Genod
pour deux interprètes :
Jonathan Capdevielle et Thomas Scimeca
d'après l'œuvre musicale commandée à Nathalie Quintane (livret) et à Pierre Courcelle (musique), Marseille Massacre
Clarinette et saxophone acoustique :
Donc citer, en plus, le musicien qui a enregistré la clarinette et le saxophone (je ne connais pas son nom), mais pas les trois personnes des chœurs de Radio France ni les autres interprètes avec lesquels nous avons également travaillé et enregistré, ceci pour la cohérence de l'émission et sa compréhension : j'ai choisi en effet, comme je te disais, de privilégier deux comédiens et de bâtir la diffusion prioritairement autour d'eux seuls, au détriment même de l'idée de "musique" et de l'idée de "texte" qui, pour moi, n'existent pas sans matière vivante des comédiens.
On n'entend donc dans l'émission que quatre voix : les deux principales, qui en sont plusieurs, celles de Jonathan Capdevielle et celles de Thomas Scimeca, plus les deux voix dites "de travail", celle de Pierre Courcelle et la mienne. Et c'est tout. La musique et le texte, je dirais, sont ici "sans voix". Et pourtant (je l'espère) une multitude de personnages, une ville entière, un pays, une époque, des époques, des enjeux d'actualité et éternels.
L'intérêt de l'émission est exactement celui-ci : deux personnes se saisissent d'une matière à grand spectacle pour en restituer, seules, à la radio, l'intrigue (ou l'essence).
J'ai réécouté ce que nous avons bâti vendredi et il me semble que le texte - à travers sa destruction (le "massacre" dont il est question est aussi celui du texte) est honoré, qu'il résiste à sa disparition. Il me semble que la musique, de même, traverse les perturbations (de tout ordre) qu'elle subit.
J'ai aussi voulu donner l'impression que tout ça n'a été fabriqué que sur un coin de table de cuisine et en une après-midi (ceci en pensant aussi à l'écoute radiophonique qui peut, en effet, s'acclimater de n'importe qu'elle situation, en voiture, etc.) Ça n'a pas été si facile de donner cette impression de nonchalance parce que c'est le projet, parmi tous ceux que j'ai menés à bien, dont la réalisation m'a demandé le plus d'effort et de persévérance (et il ne s'agit pourtant que de l'aboutissement d'une première étape). Pour arriver à cette sensation presque potache, très importante pour moi, j'ai préféré parfois ressortir certains des premiers enregistrements, plutôt que de retenir des choses plus abouties, meilleures - mais peut-être moins vivantes - que nous avons enregistrées par la suite. Il y a des premières prises et il y a des centièmes prises, mais j'ai privilégié "l'état de l'apparition", comme disait Duras, le hasard, les erreurs, les à-peu-près, plutôt que la justesse (musicale), le respect du texte ou l'équilibre des mixages. Les morceaux, pour accentuer cet effet, sont aussi présentés dans un ordre choisi par la fonction aléatoire de l'iTunes et sans chevauchement, juste les uns posés à côté des autres, de manière volontairement mal taillée, cut. Je peux même dire que l'ordre qui est sorti de cette fonction aléatoire, celui que j'ai utilisé pour le montage final de vendredi, est le pire de tous ceux que j'avais testés - donc le meilleur. Presque deux blocs des parties parlées et chantées, l'ordre auquel personne n'aurait jamais songé. Mais cet ordre, parce qu'il a été obtenu par hasard, est par là-même nécessaire. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, Jeanne Balibar s'exprime mieux que moi sur ce sujet. (On pourrait, par exemple, faire remarquer à quel point le hasard intervient dans la sélection naturelle et l'erreur dans les mutations.)
J'ai voulu que ça n'ait pas l'air produit plus sérieusement que sur un coin de table, mais je suis conscient de l'exigence de l'écoute qui est proposée à l'auditeur : une matière en désordre, décousue, ou recousue sans soin, qui n'évite sans doute pas les tunnels de l'ennui, "comme la vie", un work in progress. L'exigence de cette écoute n'est bien évidemment rendue possible que par le cadre de l'ACR (dont la réputation n'est plus à faire).
Comme je te disais, tu peux enlever l'instrumental final (saxo/clarinette) qu'on avait réservé pour le générique (final) si tu veux mettre le vôtre, ou mixer les deux. De même, pour le début, tu peux laisser dans l'ordre que nous proposons (générique de l'émission + instrumental (clarinette) pour texte introductif ou le faire "à l'américaine" comme Philippe Langlois le proposait aussi (c'est à dire instrumental introductif + générique de l'émission).
Le reste de l'émission ne peut être retouché (voir plus haut).
Nous continuons de travailler. Je changerai peut-être une version d'une chanson par une autre si nous en enregistrons une meilleure, mais je ne retoucherai pas le montage (nous n'en avons plus le loisir).
Je ferai, dans quelque temps, un mailing pour annoncer l'émission, je ne sais pas encore ce que je dirai, mais je dirai quelque chose comme : "Le nouveau spectacle d'Yves-Noël Genod a lieu à la radio." Voilà, c'est à présenter comme ça : il s'agit de mon nouveau spectacle, un spectacle où toutes les images sont du son.
Je ne sais pas comment tu peux t'en sortir pour tes trois lignes introductives dont tu as besoin, mais je te fais confiance. Puise dans ce que je raconte. Si j'ai d'autres idées, je te renvoie un mail ou si, toi, tu veux me soumettre une formulation, n'hésite pas.
Reste cette question de la répétition du direct, le samedi soir (24) ou le dimanche. Bien sûr, l'émission montée comme elle est pourrait se suffire à elle-même. Sa mise en abîme - à condition de tout écouter - est évidente. Toutes les étapes du travail sont représentées méthodiquement (mais dans le désordre). Mais je pense - sans en être certain - qu'il faudrait peut-être re-préciser des choses (en direct) afin que l'auditeur ne soit pas perdu. Donne-moi ton avis, mais c'est le sentiment que j'ai encore. J'interviendrai dans ce cas par-dessus certaines longueurs pour re-saisir les choses, parler du travail de Pierre ou de Nathalie, donner quelques références. Mais j'ai besoin de répéter pour ça. C'est trop sérieux pour ne pas. Cette apparence de je-m'en-foutisme à laquelle je tiens beaucoup n'est qu'une apparence, comme tu le sais bien. Essaie de voir ce qu'il est possible.
Bien à toi, cher Franck
Yves-Noël
PS : Philippe Katerine et moi ne sommes pas censés nous connaître. Il m'a demandé ça, je peux te dire pourquoi : parce qu'il a enregistré une chanson sur son nouvel album à paraître en septembre utilisant mon nom, sorte de liste de noms de personnes mortes ou vivantes qui correspond à son "panthéon" et dans laquelle le mien figure. Ça l'embêtait qu'on puisse imaginer qu'on a déjà travaillé ensemble. Jonathan a ré-enregistré la chanson qu'il avait chantée (celle dite de "La Prof") et en a donné une interprétation soufflante, sans doute le meilleur de toute l'émission.
Labels: opérette correspondance
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