Sunday, April 18, 2010

Le Mendiant de l'amour

Yves-Noël Genod Tu fais bal demain ?
Yesterday at 1:52am · Comment · Like · See Wall-to-Wall

Olivier Casamayou Eeeeeeeh non ! J'étais censé être à Tokyo... Donc autre programmation, à laquelle je pourrais assister du coup !!!!
Yesterday at 10:21pm

Yves-Noël Genod Ah, zut, j'attendais cette nuit avec impatience... On sort ailleurs si t'es pas à Tokyo ?
Yesterday at 10:38pm ·

Olivier Casamayou Je suis pas super en forme... Une envie ? une idée ?
Yesterday at 10:51pm

Yves-Noël Genod Boire des cocktails jeunes et chics entouré du même genre, ça se trouve ailleurs ? Ça doit bien... Un truc bien décalé (pas les boites pédées normales qu'aime Pierre, mais où, moi, je m'ennuie (si je ne suis pas avec lui...)





Finalement, ça a été le Pop In, jusqu'à deux heures, et, donc, au Curio jusqu'à quatre heures. Dès le Pop In, je suis bourré. Et puis ensuite jusqu'à la fin. Est-ce qu'un texte peut rendre compte de cet état ? Tricky. Il faudrait remplacer les mots par les autres. "Etat" par "été", par exemple. Les notes sont inutilisables, indéchiffrables. Que faire de : "Ne jamais penser à soi est mon nouvel art de vivre (à la Pascal Rambert)" ? Les notes des carnets n'ont pas lieu d'être. On note des saillies. "Note ça, note ce mot !", crie Olivier. Par exemple : "Là, ce n'est pas moi qui l'aie zoomé, c'est lui !" Mais ce ne sont pas les saillies qui comptent, c'est le désordre, c'est à dire l'ordre incroyable qu'elles recouvrent. Pour aller du Pop In au Curio, nous sommes passés par le Marais. Nous pensions à des titres. (Je pense souvent en titre.) Le Sourire des yeux, c'était parce qu'au Pop In, Petrit me montrait une fille qui lui avait fait le "sourire des yeux", pour lui décisif. "Et encore une fois, tu vois, elle me le fait." "En effet. Tu devrais foncer." Ensuite, Un samedi soir sur terre, je ne sais plus qui a dit ça, mais je l'ai noté, peut-être à la hauteur des grands déserts à l'approche de la Seine... Mais je faisais tellement de cinéma (les deux vodkas-orange du Pop In avaient suffi à me faire partir en live), j'embrassais ou harcelais qui nous croisions sur le chemin. (Tandis que Pierre, plus exigeant, devait baiser méthodiquement quelque part.) Je sortais même (pour vérification) le paquet d'un monsieur, oui, dont son ami me vantait le calibre et, tandis qu'Olivier s'éloignait dare-dare en nous criant : "C'est de l'exhibition !", j'admirais, en effet, avec de grands yeux, quelque chose qui n'aurait pas déparé à l'étal d'un boucher. Plus tard, en en reparlant, Olivier me dit qu'il pensait qu'il y avait des caméras de surveillance partout (à défaut de flics dont la rue était déserte) et qu'avec mon look, j'avais toutes les chances d'être repéré. Bref, il s'avéra que le titre qui s'imposa rapidement fut : Le Mendiant de l'amour. Très beau titre. Sans doute déjà pris. Pont Louis-Philippe, les couples comme des statues éphémères, l'incroyable calme, la densité. Passages à vélo, voix anglaises, libération... Je faillis, à mon tour, appeler la police parce que j'étais témoin d'une scène où une belle allait se faire - ça commençait sous mes yeux - littéralement dévorer par une bête - mais Olivier me disait que la fille, à son avis, devait être consentante. Même éventuellement-peut-être-consentante (c'était à voir), j'hésitais à crier. Je voyais bien l'image devant mes yeux qu'il n'allait pas en rester un morceau vivant, de la fille contre la balustrade de pierre. Olivier m'avait dit aussi, pour expliquer son départ de la scène de la rue, qu'il n'aimait pas les bites au repos. Moi, au contraire, je n'aimais que les bites au repos (après, je ne sais pas quoi en faire), voilà la différence expliquée gentiment entre un vrai pédé (Olivier) et un comédien (moi). J'aimais bien Olivier, je le suivais parce qu'il s'en tenait aux jeunes de moins de vingt-cinq ans et que j'aurais bien aimé profité de sa recette. "Il n'y a pas de recette !" Mais des différences certaines entre Paris et partout ailleurs dans le monde où c'était mieux, Olivier était intarissable sur le sujet : les Russes, les Asiatiques, etc. A Paris, c'était que mesurement d'égo entre jeunes. Partout ailleurs, les jeunes qui voulaient baiser s'en fichaient de l'âge. C'était baiser. J'étais bien d'accord, j'approuvais tout à fait, même si je ne pouvais alimenter d'aucun exemple. Je ne pratique pas GayRomeo. Olivier en était là, ce soir, avec moi, sans mixer, à fréquenter les ponts sur la Seine lustrée, dans le Paris séculaire, parce qu'il n'avait pas pu partir à Tokyo (où il s'était pourtant, me dit-il, placé des rendez-vous tous les jours grâce au site susdit) à cause, bien sûr, de ce nuage de cendre qui s'échappait du volcan islandais. Du ash pas du cash ! Je compâtissais. Tout un tas de contrats juteux qui lui échappaient. Le marché asiatique. Il devait passer par Shanghai aussi, une performance à l'Exposition Universelle. On lui faisait miroiter un départ éventuel vers jeudi, mais je le dissuadai d'y croire trop. Il avait essayé de partir par Milan, mais les billets étaient hors de prix. Et où la fille rendait un son mat. Cette phrase vient mal à propos. Passage de l'eau sous les tunnels. Je disais, mais était-ce à l'aller ou au retour ? que les ponts avaient l'air d'étendre les jambes - celui que je voyais, était-ce le pont Marie ? Olivier continuait : "C'est à cause de l'écartement irrégulier des arches." On m'avait pris pour Iggy Pop plusieurs fois dans la soirée (surtout au Pop In, bien entendu). On m'avait dit : "Nicolas Cage + Iggy Pop" et j'avais terminé cut l'équation : "= Frankenstein." Devant le Curio, on me saluait d'un "Oh, Rick Owens !", plus original (mais dans la même idée). Au Pop In, sur le dance floor, une fille délurée me demandait de soulever mon T-shirt (Rick Owens) pour mieux vérifier le comédien, je commençais d'ouvrir aussi ma braguette tandis qu'Olivier criait "Arrête, arrête !" décidément sans goût pour les bites (au repos) ou les descentes de police. Olivier avait un compte, il m'invitait. Au Curio, nous retrouvions la collection de coléoptères et le paon et les coquillages. J'avais embrassé la langue d'un garçon dans la rue, matelassé de mes mains quelque autres, effleuré des filles (qui aimeraient tant qu'on s'occupe d'elles comme le prédateur le faisait, pont Saint-Louis). Mais faudrait poser parfois les sacs Chanel, aussi, les filles ! (Revendication.) C'est pas tous les samedis, les règles, quand même ! Les rues avec leurs devantures, les personnages qui surgissent, Paris comme dans les années soixante, mon cocktail rose, Matisse à qui je pense toujours (nuit et jour).

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