La grande distribution
Je suis dans une ville presque inconnue (et comment la garder telle quelle ?) On a dîné, on a parlé avec Pascal Rambert. On s'est demandé ce qu'on faisait là. On fait passer des auditions pour le concours Migros (les coopératives Migros, c'est de la grande distribution, en Suisse). On fait passer les auditions pour le concours d'art dramatique. Quand c'est bien, on trouve ça bien. Quand c'est pas bien, on trouve ça sordide. Mais, finalement, tout est bien. En fin de compte. Ça tient à pas grand chose, la différence. En fait, il n'y a pas de différence. C'est la perception. La séduction. Celui-ci, celle-là, ils nous touchent, c'est physique. Sinon, les autres, on a envie de les aider, les aider pour qu'ils nous plaisent, mais certains, on le pressent, il n'ont pas du tout envie de nous plaire. C'est pour ça que tout est bien. Je dirais même : tout est juste. Absolument. Tout parle et il n'y a absolument aucune faute de sens. Certains auront la bourse, ils remplissent d'offre la demande. Les autres ne l'auront pas, ils sont ailleurs, dans la petite distribution. Après, on a parlé de l'argent des Flamands. Et puis de l'argent tout court. Parce que parler des talents ennuie vite. Le talent, il est partout et c'est ennuyeux qu'il soit si répandu, d'ailleurs, dans cette espèce humaine qui construit tant et tant de cathédrales et tout un tas d'machins... Alors on parle d'argent. En dernier ressort et même en premier, c'est l'argent qui fait la différence. C'est l'impérialisme. Avant de parler des Flamands, j'avais pensé à Marguerite Duras. Une fois, à Trouville, un soir, on était allé demander quelque chose dans un restaurant, je ne sais plus quoi, la route, peut-être (on était en voiture) - et il y avait un chanteur dans le restaurant. Marguerite Duras avait dit au retour : "Il a une très petite carrière devant lui, cet artiste." Et Claude Régy avait dit : "Il n'en a pas du tout, tu veux dire !" Elle avait répondu : "Non, non, il en a une, mais petite. Grande comme ce restaurant, à peu près." (Qui n'était pas grand.) Et puis on avait rit du chanteur à la carrière grande comme un restaurant parce que tout se terminait dans les rires, de toute façon, pas tellement avec Claude Régy, mais avec Marguerite Duras, oui, c'était prétexte. Maintenant, je suis dans une chambre de l'hôtel La Prairie. Anne Bisang, directrice de la Comédie de Genève est allé aux bains de l'hôtel des Bains. Mais il faut un maillot. Elle avait prévue le coup, elle était déjà là l'année dernière. Et moi, un maillot - pour ceux qui ont suivi le blog ces derniers temps (cet été) - j'en ai toujours pas, on m'en prête. Y avait ce projet de maillot brésilien qu'Olivier voulait me donner, mais je n'ai pas osé le lui rappeler au dîner de l'autre soir, chez Jean-Marc et Alice.
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