La Manif
"Un esprit cool, plus gitan que rock, un luxe désembourgeoisé qui n’hésite pas à en faire un peu trop pour être juste parfait. L’esprit baroque est là, avec les dorures et les sublimes imprimés animaliers."
J’étudie la mode dans le salon de coiffure de mon amie, Sylvie Coudray. C’est samedi matin, je ne viens jamais le samedi, c’est un jour "plein". Mais, finalement, il y a de l’espace pour tout le monde, dans ce mois de septembre que nous décréterons sublime. D’ailleurs, le quartier est vide. (Rue Laffite.) Je veux vivre à chaque instant, respirer : c’est ça, le corps ? Une présence avec des besoins : vivre à chaque instant. Qu'elles sont belles, les filles avec leur chatte comme des lèvres, des bouches. Miss Orifice. Mille orifices. "C’est dingue, cette femme, elle sollicite vraiment tous ses orifices..." Ensuite, je suis chez Colette à écouter de la belle musique et lire les beaux livres d’images et les magazines, regarder les beautiful people (bronzés et délicatement soignés). Maintenant que j’ai de l’argent, je suis un des leurs et je suis à l’aise dans le luxe. C’est un titre pour ma nouvelle association, pensé-je… Je ne vais sans doute pas retenir Association Catastrophe qui me plait beaucoup et qui est le nom de celle de Sylvie quand elle avait vingt-et-un ans, du temps de l’Hôpital Ephémère (elle faisait défiler des grosses dans des bricolages évoquant les expérimentations de la maison Margiela.) Je me regarde dans les glaces de chez Colette avec mon nouveau brushing et, franchement, je me trouve pas mal. Je pense que je pourrais peut-être, en devenant plus célèbre, rencontrer, un jour, une fille comme celles photographiées dans "Purple". A demi-déshabillées. (On voit leur poil et c'est très délicat.) Qu’elles sont belles, ces filles toute neuves, qu’elles sont réussies ! Chapeau, le Créateur ! Le Créateur n’existe pas. Voilà encore un titre d’association. (Titre de stage aussi.) J’hésite à me faire poser des ongles à la Beauty Box. (Quarante euros, cinq euros pour un seul doigt.) J’hésite à m’acheter des Adidas marquées : IF YOU ONLY KNEW THE POWER OF THE DARK SIDE ou celles de Jeremy Scott où il fait dégouliner le logo. Mais le tout est d’écouter la musique et de ne rien acheter. (Garder son argent.) Ces designers, ces photographes, ces musiciens célèbrent le monde dans ce qu’il a de plus beau : la vie, la jeunesse, l’armée de nouveaux contingents - et la disparition. Plus tôt, je lis chez Sylvie une phrase qui dit (de mémoire) : "A Londres, les nouveaux talents apparaissent et disparaissent à la vitesse d’une Jaguar." La bourgeoisie et la richesse seules nous intéressent. Et prendre un abonnement à Médiapart. On ne peut pas prendre de photos chez Colette. Ils ont raison. Sinon, je ne ferais que ça, des photos, toute ma vie, chez Colette. Il faut que les femmes aillent voir les riches pour pouvoir se payer ça. Il faut que les hommes apprennent à devenir riches pour pouvoir leur payer ça. Le monde est dans une ré-invention permanente avec quelques données de base. Je traverse le jardin des Tuileries en courant pour rejoindre Versailles (RER C). De l'autre côté de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, un Rom fait mine de trouver une alliance en or devant moi. Mais après m'en avoir montré le poinçon, il veut me la donner (puisqu'elle n'entre aucun de ses doigts boudinés). Mais je comprends l'arnaque. Roms, go home ! (Ils n'en ont pas.) Le type répète : "Chance, chance..." Par où passe la manif ?
J’étudie la mode dans le salon de coiffure de mon amie, Sylvie Coudray. C’est samedi matin, je ne viens jamais le samedi, c’est un jour "plein". Mais, finalement, il y a de l’espace pour tout le monde, dans ce mois de septembre que nous décréterons sublime. D’ailleurs, le quartier est vide. (Rue Laffite.) Je veux vivre à chaque instant, respirer : c’est ça, le corps ? Une présence avec des besoins : vivre à chaque instant. Qu'elles sont belles, les filles avec leur chatte comme des lèvres, des bouches. Miss Orifice. Mille orifices. "C’est dingue, cette femme, elle sollicite vraiment tous ses orifices..." Ensuite, je suis chez Colette à écouter de la belle musique et lire les beaux livres d’images et les magazines, regarder les beautiful people (bronzés et délicatement soignés). Maintenant que j’ai de l’argent, je suis un des leurs et je suis à l’aise dans le luxe. C’est un titre pour ma nouvelle association, pensé-je… Je ne vais sans doute pas retenir Association Catastrophe qui me plait beaucoup et qui est le nom de celle de Sylvie quand elle avait vingt-et-un ans, du temps de l’Hôpital Ephémère (elle faisait défiler des grosses dans des bricolages évoquant les expérimentations de la maison Margiela.) Je me regarde dans les glaces de chez Colette avec mon nouveau brushing et, franchement, je me trouve pas mal. Je pense que je pourrais peut-être, en devenant plus célèbre, rencontrer, un jour, une fille comme celles photographiées dans "Purple". A demi-déshabillées. (On voit leur poil et c'est très délicat.) Qu’elles sont belles, ces filles toute neuves, qu’elles sont réussies ! Chapeau, le Créateur ! Le Créateur n’existe pas. Voilà encore un titre d’association. (Titre de stage aussi.) J’hésite à me faire poser des ongles à la Beauty Box. (Quarante euros, cinq euros pour un seul doigt.) J’hésite à m’acheter des Adidas marquées : IF YOU ONLY KNEW THE POWER OF THE DARK SIDE ou celles de Jeremy Scott où il fait dégouliner le logo. Mais le tout est d’écouter la musique et de ne rien acheter. (Garder son argent.) Ces designers, ces photographes, ces musiciens célèbrent le monde dans ce qu’il a de plus beau : la vie, la jeunesse, l’armée de nouveaux contingents - et la disparition. Plus tôt, je lis chez Sylvie une phrase qui dit (de mémoire) : "A Londres, les nouveaux talents apparaissent et disparaissent à la vitesse d’une Jaguar." La bourgeoisie et la richesse seules nous intéressent. Et prendre un abonnement à Médiapart. On ne peut pas prendre de photos chez Colette. Ils ont raison. Sinon, je ne ferais que ça, des photos, toute ma vie, chez Colette. Il faut que les femmes aillent voir les riches pour pouvoir se payer ça. Il faut que les hommes apprennent à devenir riches pour pouvoir leur payer ça. Le monde est dans une ré-invention permanente avec quelques données de base. Je traverse le jardin des Tuileries en courant pour rejoindre Versailles (RER C). De l'autre côté de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, un Rom fait mine de trouver une alliance en or devant moi. Mais après m'en avoir montré le poinçon, il veut me la donner (puisqu'elle n'entre aucun de ses doigts boudinés). Mais je comprends l'arnaque. Roms, go home ! (Ils n'en ont pas.) Le type répète : "Chance, chance..." Par où passe la manif ?
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