Kairos, suite et fin
Carnet d'Alice
« Il y a une époque où je cherchais à tout dire sur ce blog, sous l’influence de Christine Angot heureusement disparue de la circulation (je l’ai croisée l’autre jour à une première d’une pièce idiote)... Or, maintenant, je ne cherche plus à dire que ce qui est de l’ordre du dire. Je veux dire que je ne peux dire qu’une chose : ce qui a déjà été dit. (Il n’y aura pas de découvertes.) Et ça suffit. On ne peut dire que ce qui appartient au dire. Les clichés. »
Puis, après cette grande et belle déclaration, une jolie expression que j’ai notée : « les chimistes de l’univers. » Et : « Manger, c’est manger l’univers. » On parlait certainement de Michel Bras qui a son restaurant à Laguiole et dont la devise est : « Améliorer la qualité de vie au quotidien ». (Je feuilletais son livre de recettes.) Après avoir fini le disque de Philippe Katerine, celui où il y a mon nom dedans au côté de ceux de Pablo Picasso, La Callas..., on a écouté Jeanne Balibar. Et Jean-Marc riait, riait, riait. Alice expliquait qu’il la réveillait la nuit tellement il rigolait, parfois, comme quand il revient de chez Stéphane à quatre heures du matin. « Il ne comprend pas que je sois de mauvaise humeur. » L’histoire des hommes heureux est infinie et irracontable. Puis, toujours sur Jeanne Balibar (voix très masterisée), une poire fermentée magnifique. Mais tellement doux… un sorbet… « Très minéral. Très, très vieux poiriers. Un Saint-Nectaire là-dessus… tu pleures ! » Mais on avait passé le fromage. « C’est vraiment le contraire du vin de dessert, disait Stéphane, que la fraîcheur… » « L’image de la chair, disait Jean-Marc. Vous trouvez pas qu’on est dans l’extrait ? » « C’est une compote de poires, absolument. » Et Jean-Marc lisait dans la liste des poires sur l’étiquette : la Belle Verge et la Connerie. Puis on a parlé de Georges Charpak, le prix Nobel de physique qui venait de mourir (et qu’on allait brûler lundi) parce que c’était un ami d’Alice et Jean-Marc, une figure de Cargese. Il avait signé, cet été, un article avec Etienne Balibar contre l’expulsion des Roms.
Ici, s’arrête mes notes concernant la soirée du 2 octobre. Je n’ai pas dit une chose que je veux rajouter. Pendant que P. était à Aïda au Stade de France (j’avais décliné l’invitation), il s’est produit en bas de la rue Mouffetard, devant l’église Saint-Médard et sous le balcon d’Alice et Jean-Marc, un concert merveilleux. Des chanteurs encore jeunes (ils avaient commencé, il y a neuf ans, quand ils étaient étudiants) ouvraient leurs fenêtres une ou deux fois l'an et se mettaient à chanter, comme ça, tandis que la foule s’amassait. Rien de plus beau ! On se serait cru en Italie. Alice et moi sommes descendus pour nous approcher. J’étais si heureux de voir que le manque d’argent n’allait pas anémier les possibilités spectaculaires, mais, au contraire, les exalter. Je pensais aussi à mon spectacle de vendredi, à Marseille, avec Thomas Gonzalez.
« Il y a une époque où je cherchais à tout dire sur ce blog, sous l’influence de Christine Angot heureusement disparue de la circulation (je l’ai croisée l’autre jour à une première d’une pièce idiote)... Or, maintenant, je ne cherche plus à dire que ce qui est de l’ordre du dire. Je veux dire que je ne peux dire qu’une chose : ce qui a déjà été dit. (Il n’y aura pas de découvertes.) Et ça suffit. On ne peut dire que ce qui appartient au dire. Les clichés. »
Puis, après cette grande et belle déclaration, une jolie expression que j’ai notée : « les chimistes de l’univers. » Et : « Manger, c’est manger l’univers. » On parlait certainement de Michel Bras qui a son restaurant à Laguiole et dont la devise est : « Améliorer la qualité de vie au quotidien ». (Je feuilletais son livre de recettes.) Après avoir fini le disque de Philippe Katerine, celui où il y a mon nom dedans au côté de ceux de Pablo Picasso, La Callas..., on a écouté Jeanne Balibar. Et Jean-Marc riait, riait, riait. Alice expliquait qu’il la réveillait la nuit tellement il rigolait, parfois, comme quand il revient de chez Stéphane à quatre heures du matin. « Il ne comprend pas que je sois de mauvaise humeur. » L’histoire des hommes heureux est infinie et irracontable. Puis, toujours sur Jeanne Balibar (voix très masterisée), une poire fermentée magnifique. Mais tellement doux… un sorbet… « Très minéral. Très, très vieux poiriers. Un Saint-Nectaire là-dessus… tu pleures ! » Mais on avait passé le fromage. « C’est vraiment le contraire du vin de dessert, disait Stéphane, que la fraîcheur… » « L’image de la chair, disait Jean-Marc. Vous trouvez pas qu’on est dans l’extrait ? » « C’est une compote de poires, absolument. » Et Jean-Marc lisait dans la liste des poires sur l’étiquette : la Belle Verge et la Connerie. Puis on a parlé de Georges Charpak, le prix Nobel de physique qui venait de mourir (et qu’on allait brûler lundi) parce que c’était un ami d’Alice et Jean-Marc, une figure de Cargese. Il avait signé, cet été, un article avec Etienne Balibar contre l’expulsion des Roms.
Ici, s’arrête mes notes concernant la soirée du 2 octobre. Je n’ai pas dit une chose que je veux rajouter. Pendant que P. était à Aïda au Stade de France (j’avais décliné l’invitation), il s’est produit en bas de la rue Mouffetard, devant l’église Saint-Médard et sous le balcon d’Alice et Jean-Marc, un concert merveilleux. Des chanteurs encore jeunes (ils avaient commencé, il y a neuf ans, quand ils étaient étudiants) ouvraient leurs fenêtres une ou deux fois l'an et se mettaient à chanter, comme ça, tandis que la foule s’amassait. Rien de plus beau ! On se serait cru en Italie. Alice et moi sommes descendus pour nous approcher. J’étais si heureux de voir que le manque d’argent n’allait pas anémier les possibilités spectaculaires, mais, au contraire, les exalter. Je pensais aussi à mon spectacle de vendredi, à Marseille, avec Thomas Gonzalez.
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