Le Thème du tableau, c’est le temps
Je pleure décidément beaucoup, en ce moment. Là, c’est en lisant la conférence de Daniel Arasse sur La Joconde (que j’avais déjà entendue sur Internet il y a quelques temps). Je recopie le passage des larmes.
« (…) et que pour Leonard comme pour Ovide – c’est un thème classique et courant – , la beauté est éphémère. Il y a de fameuses phrases d’Hélène chez Ovide à ce sujet : « Aujourd’hui je suis belle mais que serai-je dans quelque temps ? » C’est ce thème-là que traite Leonard, avec une densité cosmologique assez extraordinaire, car La Joconde, c’est la grâce, la grâce d’un sourire. Or le sourire est éphémère, ça ne dure qu’un instant. Et c’est ce sourire de la grâce qui fait l’union du chaos du paysage qui est derrière, c’est-à-dire que du chaos on passe à la grâce, et de la grâce on repassera au chaos. Il s’agit donc d’une méditation sur une double temporalité, et nous sommes là au cœur du problème du portrait, puisque le portrait est inévitablement une méditation sur le temps qui passe. Montaigne le dit dans ses Essais : « J’ai plusieurs portraits de moi, combien suis-je différent aujourd’hui d’à cette heure. » (…) »
(Hélène aussi a disparu.)
Je me souviens soudain d’une émission de radio où Alain Veinstein recevait Jean-Michel Rabeux que j’avais trouvé ridicule. Il avait écrit un livre et il beuglait son amour pour Claude Degliame en disant : « Mais elle va mourir ! En même temps que je l’aime, je sais qu’elle va mourir ! » Oui, il y a un problème entre aimer et la mort.
« (…) et que pour Leonard comme pour Ovide – c’est un thème classique et courant – , la beauté est éphémère. Il y a de fameuses phrases d’Hélène chez Ovide à ce sujet : « Aujourd’hui je suis belle mais que serai-je dans quelque temps ? » C’est ce thème-là que traite Leonard, avec une densité cosmologique assez extraordinaire, car La Joconde, c’est la grâce, la grâce d’un sourire. Or le sourire est éphémère, ça ne dure qu’un instant. Et c’est ce sourire de la grâce qui fait l’union du chaos du paysage qui est derrière, c’est-à-dire que du chaos on passe à la grâce, et de la grâce on repassera au chaos. Il s’agit donc d’une méditation sur une double temporalité, et nous sommes là au cœur du problème du portrait, puisque le portrait est inévitablement une méditation sur le temps qui passe. Montaigne le dit dans ses Essais : « J’ai plusieurs portraits de moi, combien suis-je différent aujourd’hui d’à cette heure. » (…) »
(Hélène aussi a disparu.)
Je me souviens soudain d’une émission de radio où Alain Veinstein recevait Jean-Michel Rabeux que j’avais trouvé ridicule. Il avait écrit un livre et il beuglait son amour pour Claude Degliame en disant : « Mais elle va mourir ! En même temps que je l’aime, je sais qu’elle va mourir ! » Oui, il y a un problème entre aimer et la mort.
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