Slow but transcendent
Je bande comme un cerf dans le train réfrigéré
Par la fenêtre, c’est l’automne et les vaches ont l’air au chaud
Ça y est, je me réveille un peu, un peu, un peu, je regarde les gens comme ils sont beaux autour de moi
Moi qui suis très laid, je trouve les gens incroyablement séduisants
Il y a un homme en chemise blanche repassée (à fines rayures blanches) qui tape sur un ordinateur blanc
Avec un air de bonheur et de tendresse dans le visage, de détente
Comme ils sont beaux, les gens : même celui avec la ride de lion très prononcée et qui regarde fixement son iPhone d’un air abruti est très sexy
Une femme a l’air philosophe
Une barbe mal taillée comme c’est la mode (le premier bonhomme avec son gros livre aux pages blanches et son ordinateur tout blanc, sa chemise blanche avec son cou qui sort à l’endroit de sa décollation)
Le paysage change comme une mouvance
Nous sommes sur cette terre donc
Tout ce qu’on voit par la fenêtre on ne peut pas le vivre
C’est tant mieux
Ce n’est pas une fenêtre, c’est une vitre
Il y a comme une fabrique de nuages
Les nuages partent comme de deux cheminées qu’on ne voit pas
Je suis un voyageur, j’ai un billet, tout le monde me fout la paix
Le TGV, c’est des vacances, je vois le soleil se poser sur les gens, sur l’ordinateur aux murs blancs
Sur les gens endormis
Il y a des autoroutes pénibles que nous dépassons à vive allure
Les pauvres petits camions poussifs avec des voitures derrière et des péages
Nous sommes séparés de tout ça, séparés avec bonheur
Maintenant le type à l’ordinateur dort dans une posture de saint chez El Greco : il a posé sa tête en biais sur sa main dont il a replié deux doigts, tandis que l’index et le majeur barre sa joue, il a les yeux fermés, rien de plus beau, c’est une extase
Les êtres humains, mon Dieu, sont à désirer
Je parle de lui parce qu’il est celui qui m’est le plus proche, de l’autre côté de la travée, en vis-à-vis
Et il n’y a pas tellement de monde dans ce train, c’est ça aussi
Et le bar est fermé à cause (ça l’avait fait sourire) « d’un problème d’acheminement de personnel » (un pauvre type de la SNCF avait dit au démarrage)
(A quoi on les oblige, quand même, dans le monde du travail)
(Dire ça)
Et bientôt c’est le Sud, le Sud vient infiniment lentement vers nous
(Mais ce sera le Sud)
Puisque voilà apparaît Avignon
Avignon, mon amour, j’aimerais tellement y retourner cet été
Mais Stéphane Wargnier m’a dit que ce ne serait pas une bonne idée
Je suis très influençable
Le type a vraiment l’air espagnol finalement (dans une autre position les yeux fermés)
De profil, le type à ride de lion est somptueux, il regarde par la fenêtre une affiche qui dit : « Divine île Maurice » (avec une jeune fille qui ressemble à sa femme assise à côté de lui)
(Voilà pourquoi il la regarde, cette affiche, et sa femme aussi la regarde (sa femme que je ne vois pas sauf les cheveux qui sont les mêmes – même genre))
On redémarre
Maintenant nous sommes entrés dans le parc du Sud
Rien n’est plus beau que l’arrivée (ou le départ) du Sud, la possibilité du Sud, quand on y est, c’est comme partout
Penché redressé sur son ordinateur, il a l’air d’un très bel acteur hollywoodien
La beauté, c’est l’éclat
Il faut que je pisse
J’aimerais pisser sur l’homme en blanc et l’homme en noir (avec l’iPhone)
J’aimerais leur chier dessus – je ne vois pas trop ce qui pourrait leur faire plaisir, je n’imagine pas de sexe avec eux
Jouer au judo ?
Partouzer ? Ça , ça fait toujours plaisir
Boire du vin sinon bien sûr comme chez Jean-Marc
Ou sinon les laisser en paix
Lui et lui
L’homme en blanc baille, l’homme en noir bouche fermé
Ils avalent ma pisse
La femme de l’homme en noir lui plaît, il lui sourit (quand elle revient) puis s’isole à nouveau
Mais elle est là
C’est quand il la regarde de profil qu’il est le plus beau
On sent l’éclat de loup, de lynx, dans ses yeux (il cherche à la comprendre, la saisir)
Pour le reste du temps : l’iPhone
Mais sa femme a l’air bien cochon aussi (j’en vois un peu plus)
Elle aussi a l’éclat des yeux
Comment ça s’appelle ces chiens de traîneau à moitié loups ?
Des zarkis, zourkis…
L’homme en blanc cavale sur son ordinateur comme un jeune élève collé
Merde il doit faire son boulot et on va, en plus, arriver carrément à Aix
Ralentis, TGV, ralentis !
On voit un pont du Gard en plus moche
Il faut que j’aille au chiotte
Le type en blanc a tout rangé, il va descendre à la prochaine, il est donc d’Aix-en-Provence, c’est ça
Tout à fait le type, en effet (dans son costume)
Par la fenêtre, c’est l’automne et les vaches ont l’air au chaud
Ça y est, je me réveille un peu, un peu, un peu, je regarde les gens comme ils sont beaux autour de moi
Moi qui suis très laid, je trouve les gens incroyablement séduisants
Il y a un homme en chemise blanche repassée (à fines rayures blanches) qui tape sur un ordinateur blanc
Avec un air de bonheur et de tendresse dans le visage, de détente
Comme ils sont beaux, les gens : même celui avec la ride de lion très prononcée et qui regarde fixement son iPhone d’un air abruti est très sexy
Une femme a l’air philosophe
Une barbe mal taillée comme c’est la mode (le premier bonhomme avec son gros livre aux pages blanches et son ordinateur tout blanc, sa chemise blanche avec son cou qui sort à l’endroit de sa décollation)
Le paysage change comme une mouvance
Nous sommes sur cette terre donc
Tout ce qu’on voit par la fenêtre on ne peut pas le vivre
C’est tant mieux
Ce n’est pas une fenêtre, c’est une vitre
Il y a comme une fabrique de nuages
Les nuages partent comme de deux cheminées qu’on ne voit pas
Je suis un voyageur, j’ai un billet, tout le monde me fout la paix
Le TGV, c’est des vacances, je vois le soleil se poser sur les gens, sur l’ordinateur aux murs blancs
Sur les gens endormis
Il y a des autoroutes pénibles que nous dépassons à vive allure
Les pauvres petits camions poussifs avec des voitures derrière et des péages
Nous sommes séparés de tout ça, séparés avec bonheur
Maintenant le type à l’ordinateur dort dans une posture de saint chez El Greco : il a posé sa tête en biais sur sa main dont il a replié deux doigts, tandis que l’index et le majeur barre sa joue, il a les yeux fermés, rien de plus beau, c’est une extase
Les êtres humains, mon Dieu, sont à désirer
Je parle de lui parce qu’il est celui qui m’est le plus proche, de l’autre côté de la travée, en vis-à-vis
Et il n’y a pas tellement de monde dans ce train, c’est ça aussi
Et le bar est fermé à cause (ça l’avait fait sourire) « d’un problème d’acheminement de personnel » (un pauvre type de la SNCF avait dit au démarrage)
(A quoi on les oblige, quand même, dans le monde du travail)
(Dire ça)
Et bientôt c’est le Sud, le Sud vient infiniment lentement vers nous
(Mais ce sera le Sud)
Puisque voilà apparaît Avignon
Avignon, mon amour, j’aimerais tellement y retourner cet été
Mais Stéphane Wargnier m’a dit que ce ne serait pas une bonne idée
Je suis très influençable
Le type a vraiment l’air espagnol finalement (dans une autre position les yeux fermés)
De profil, le type à ride de lion est somptueux, il regarde par la fenêtre une affiche qui dit : « Divine île Maurice » (avec une jeune fille qui ressemble à sa femme assise à côté de lui)
(Voilà pourquoi il la regarde, cette affiche, et sa femme aussi la regarde (sa femme que je ne vois pas sauf les cheveux qui sont les mêmes – même genre))
On redémarre
Maintenant nous sommes entrés dans le parc du Sud
Rien n’est plus beau que l’arrivée (ou le départ) du Sud, la possibilité du Sud, quand on y est, c’est comme partout
Penché redressé sur son ordinateur, il a l’air d’un très bel acteur hollywoodien
La beauté, c’est l’éclat
Il faut que je pisse
J’aimerais pisser sur l’homme en blanc et l’homme en noir (avec l’iPhone)
J’aimerais leur chier dessus – je ne vois pas trop ce qui pourrait leur faire plaisir, je n’imagine pas de sexe avec eux
Jouer au judo ?
Partouzer ? Ça , ça fait toujours plaisir
Boire du vin sinon bien sûr comme chez Jean-Marc
Ou sinon les laisser en paix
Lui et lui
L’homme en blanc baille, l’homme en noir bouche fermé
Ils avalent ma pisse
La femme de l’homme en noir lui plaît, il lui sourit (quand elle revient) puis s’isole à nouveau
Mais elle est là
C’est quand il la regarde de profil qu’il est le plus beau
On sent l’éclat de loup, de lynx, dans ses yeux (il cherche à la comprendre, la saisir)
Pour le reste du temps : l’iPhone
Mais sa femme a l’air bien cochon aussi (j’en vois un peu plus)
Elle aussi a l’éclat des yeux
Comment ça s’appelle ces chiens de traîneau à moitié loups ?
Des zarkis, zourkis…
L’homme en blanc cavale sur son ordinateur comme un jeune élève collé
Merde il doit faire son boulot et on va, en plus, arriver carrément à Aix
Ralentis, TGV, ralentis !
On voit un pont du Gard en plus moche
Il faut que j’aille au chiotte
Le type en blanc a tout rangé, il va descendre à la prochaine, il est donc d’Aix-en-Provence, c’est ça
Tout à fait le type, en effet (dans son costume)
Labels: marseille
2 Comments:
Est-ce qu'humilier la beauté vous enlèvera la laideur (enfin vous dites ces termes de beauté et laideur) ? avec beauté je veux constater comme vous l'éclat, en laideur ce petit fantasme qui vous parcours (et que je veux bien estimer assez courent) de vous imaginant pleuvant d'or, nouveau Zeus pour une nouvelle Danaé (j'imagine, je fais de l'image, je m'amuse). Qu'avez vous souhaité partager, de ce voyage en train vers le sud et un peu de lumière, si nous devons finalement constater que c'est une envie de pisser comme d'écrire qui vous à pris ? Non que vous écriviez mal, mais à tort et à travers, ici, sans doute.
"la tristesse durera toujours" disait l'autre.
Oui, c'est vrai.
Quelque chose m'attriste dans votre texte, d'une sensibilité sans tendresse. J'insiste : une sensibilité, pas de tendresse.
Et je constate fatalement, que d'un homme à un autre, la tendresse serait gênante.
Ici, vous le laissez croire, ailleurs peut-être êtes-vous autrement. Je ne sais pas
Dites moi, si je me trompe, où et comment je me trompe ?
Je suis capable encore de m'extraire d'une réaction primaire, de tenter d'en apprendre sur la nature humaine.
A défaut de me plaire, votre texte m'interpelle.
Amicalement,
Romain.
laviedansunbocal@hotmail.fr
Permettez-moi d'ajouter :
ce qui me déplait bien plus encore que votre texte, c'est cet avertissement de votre hébergeur d'un contenu "inacceptable" (je crois me souvenir que c'est le terme employé) qui m'a d'ailleurs aussitôt, en bon voyeur (ou en bon lecteur, si je veux me lancer des fleurs...), encouragé à vérifier...
Eh oui, je doute que dans vos lignes (encore que je n'ai pas lu tous les articles) se glisse quelque chose "d'inacceptable" pour quelqu'un qui serait tant soit peu sensible. Pour le premier péquenot venu en revanche (si c'est bien ainsi que s'opèrent les dénonciations ici) l'affaire passe assez mal visiblement et c'est un signe inquiétant de l'état de la communication à l'heure actuelle.
Voilà,
Romain (le même).
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