Tuesday, December 28, 2010

Descente de joie

Le miroir disait : « Je suis si triste, je suis si vieux... »

Lune de miel.

De qui ? Je ne sais pas.

Je ne sais pas non plus de quel hôtel il s’agit. Je sais que j’écris. C’est tout. Et on demande d’être fan ! Nous avions vu, dans la montagne, les maisons des contes, des biches traverser le chemin et, le trésor « brillant », nous l’avions vu, enfin, il l’avait vu – jusqu’à ce que ses piles soient usées.

Je n’aimais pas cet endroit, j’avais hésité longtemps à y aller.

Le monde reprit vie.

(C’était bien dommage.)

(Ils veulent tellement exister, les gens !)

(Ça se déchaîne sur Facebook. Pourtant, une fois que l'on sait que Philippe Katherine est avec Julie Depardieu, on sait l’essentiel. On sait tout.)

D’ailleurs, la route n’avait pas changé (comme je redoutais), la route mélasse, malheureuse, pleine de tournants, de virages, même, la route anfractueuse – et qu’est-ce qu’il se jouait dans ce rocher ? Il n’y avait pas d’images, il n’y avait pas de noms sur cette route. C’était du repassage, voilà tout. On repassait au même endroit, unique route.

J’avais hésité. J’étais resté longtemps habillé, mais en chaussons, dans la neige et la glace devant la maison, tandis qu’Anaé me demandait : « Tu hésites encore ? Est-ce que tu hésites encore ? », elle, déjà grimpée sur la voiture, debout, portière ouverte – et, elle, elle m’avait finalement décidé, son jeune enthousiasme, sa vision de la journée m’avaient décidé à abandonner mon livre et à enfiler les chaussures.

Mais le miroir disait : « Si vieux, je suis si vieux... »

Là-haut, on avait loué des luges et les enfants avaient fait de la luge. « Toujours plus haut, telle est ma devise ! », disait Anaé. J’avais insisté auprès de mon frère pour que les enfants étudient les langues : « Avec cinq ou six langues parlées, on trouve toujours du travail. Et si la petite apprenait le chinois ? » Mon frère m'avait dit qu’en effet, il aurait pu avoir une carrière internationale s’il avait parler (ne serait-ce que) trois langues, mais qu’il n’avait jamais été bon, qu’il était bien d’accord, mais les enfants arrivaient si crevés le soir...

Dans la neige, on avait vu les biches. Elles étaient nombreuses. Il s'était passé du temps de les voir toutes traverser le chemin, tout le monde les avait vues, notre groupe à nous : petits et grands tous bouche bée car nous regardions les biches passer. (C’était moi qui avais donné le signal. Not completely useless, as you see.)

La musique passait et repassait... Ça venait du salon. Je n’aimais que la nuit, décidément, pour écrire. Mais les enfants m’avaient réveillé le matin, j’étais un peu dans les vapes… J’écrivais à défaut, j’écrivais plutôt que lire. J’écrivais sans réfléchir. J’avais chaud. Au moins, j’avais chaud. Et le miroir de l’hôtel criait : « Est-ce que je suis moi ? Est-ce que je suis moi ? » En bas, c’était Mozart. Les enfants venaient m’avertir – intrusion – qu’il fallait manger et Anaé disait même : « Viens au moins écouter la musique, il y en a de la très belle. – Quelle est cette musique ? – Mozart ! – Ah, j’adore Mozart, alors je descends. – Et que fais-tu ? Tu as dormi ? – Un peu et puis j’ai lu et puis j’ai écrit. – Tu n’as pas de souris ? – Ah, si, elle est là, sa souris ! – Qu’est-ce que tu fais ? – J’écris. – Quoi ? – Eh bien, lis. – Je vais lire cette phrase. – Vas-y. – « que je suis moi en bas c’é tait Mo zart ». Pourquoi as-tu écrit ça ? – C’est ce que vous m’avez dit. »

La maison des trois petits cochons, la robe de soleil de Peau d’âne, l’amour, l’anneau de l’amour, le gâteau et la maison de pain d’épice, la maison de briques, la maison du loup, la maison des trois ours car elle est dans la forêt. Les enfants se précipitaient, mais les adultes essayaient de les retenir. Ils essayaient de les retenir parce que, dans leur précipitation, les enfants les entraînaient vers la mort. C’était ça qu’il fallait comprendre. Et la précipitation était une bonne chose, était une faveur. Un anneau. « Car ils vécurent cent ans et se seraient aimés encore au-delà s’ils avaient vécu plus vieux. » Comment c’était ? Comment la phrase était ? Il y avait la neige et les traîneaux et les luges. Et les chiens et les chats et les oiseaux. Et le bal de toute chose ; les grands sapins muets, mais dangereux (dont on se méfie). Et les routes glissantes et verglacées qui tournent. Et les voitures pour dormir, la nuit, en hypnose, les déplacements séculaires, les rêves, les anachronismes. Tout ce qui communique. Tout ce qui brille.

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