Saturday, April 02, 2011

2 avril

Ce matin, après une nuit d’une heure et, pour Felix, probably even less, avec le temps royal, radieux, « allaité* » (« il est tétons* »), disait la miss météo de Canal +, nous avons couru de Bruxelles à Paris comme Verlaine et Rimbaud pour voir le film de Caroline Deruas projeté en avant-première au Grand Action à 11h30. Le film est sublimissime. Le soleil du dehors était le soleil du dedans. Caroline voulait faire un film sur une femme tondue à la Libération puis elle y avait renoncé, pensant le sujet scabreux. Puis elle a vu Felix à Chaillot et elle s’est dit : « Ah, si j’ai l’Allemand, je vais m’y remettre… » Et en effet ! Je crois que c’est le plus beau film que j’ai vu sur le sujet. Le cinéma par Jeanne ou par Felix, par la grande porte, je veux bien y entrer ! De l’argent plein le sang, plein les poches. La monteuse expliquait, témoignait de la liberté que Caroline lui avait donnée. C’est exactement mon ambition et – si j’y arrive un peu – ce que je fais. Rendre la liberté à tous. Ce qui n’a rien à voir avec la « démocratie », je précise – parce que la démocratie actuelle est ce qu’il y a de plus fake, de plus dévoyé, de plus prenant la place du vrai, mensonger, je veux dire (tous ces petits pouvoirs). Je suis content d’une chose et mécontent d’une autre. Les programmateurs ne me programment pas. Les producteurs ne viennent pas voir. Les artistes voient des artistes chez moi et les emploient. Marlène Saldana, Felix M. Ott, Thomas Scimeca, Marcus Vigneron-Coudray… ont des débouchés formidables. Jonathan Capdevielle était déjà casé avec Giselle Vienne (je l’ai connu chez elle). Tous les bébés que nous croisions étaient merveilleux. Ils goûtaient le printemps. Les êtres dépendants, les êtres délirants… La vie est toujours absolument primaire et il faut en faire qqch. Oui, les spectacles les meilleurs disparaissent, disparaissent en premier. Pendant la nuit, ça baisait au-dessus de moi. Je me demandais qui c’était. Il y avait deux possibilités. Les bruits du lit étaient forts et déterminés. Ça pouvait être deux hommes ensemble (celui de l’appartement avec un inconnu) ou une autre possibilité, un homme et une femme (ceux-là connus), l’appartement ayant alors été échangé. Le bruit était viril et sexy dans les deux cas. Connaîtrai-je encore ? Peut-être jamais… Un sujet pourtant overdone. Le serveur avec ses fiches. « Pour dire merci en tahitien, c’est « maloulou ». » Les Enfants de la nuit. L’amour sur la nuque. Caroline nous expliquait qu’elle avait vécu un enfer la nuit précédente, elle avait eu peur que les gens n’aiment pas, mais je la trouvais totalement fraîche et transparente (sans la connaître). C’est le mystère des belles femmes qui vivent des enfers de renaître de leurs cendres. Philippe Garrel me saluait et Felix m’expliquait après qu’il avait vu le spectacle de Chaillot. Je découvre des choses après coup ; que Philippe Garrel, le plus grand cinéaste français vivant ait vu Chaillot, qu’attendre de plus comme consécration inatteignable ?





* à l'été, il était temps.

Labels:

4 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Jvais t'écrire en fait.
Là j'attends quelques jours, t'es à Bruxelles j'ai vu, t'es occupé enfin t'es tout le temps occupé mais j'attends un peu, et jt'écrirai, même si tu réponds pas, c'est mon coté Isabelle Huppert.
D'ailleurs jl'ai croisée l'autre soir, pas loin du jardin du Luxembourg, à coté de chez moi quoi, j'ai pensé
à toi j'ai pensé et j'ai souri dans le vide, jlui ai souri à elle du coup.
Quand jpense à toi ça me fait sourire
de savoir que t'es là, quelque part, que t'existes ailleurs

Jdois etre folle

Jour des fous
des folles
J'avais envie de venir à la Raffinerie cette semaine, jvoulais pas que tu me voies venir te voir
enfin du coup je vais manquer ton 1er avril, et ça m'emmerde, surtout j'ai du temps cette semaine, j'ai envie de voyager, Sienne, Locarno, Londres, Edimbourg, Amsterdam
Bruxelles
mais Bruxelles jsuis partagée, j'en crève d'envie mais jpréfère pas.
J'ai regardé des vidéos sur internet
des vidéos de Blektre, Hamlet, de tes spectacles que j'ai jamais vus.
J'ai raté quelque chose, jme sens comme (jvoulais écrire conne)
comme une mineure cérébrale, débile, parce que j'ai raté
quelque chose comme une ouverture
ça se fixe pas, y a les vidéos mais ça s'envole, la magie. Léger. pourtant ça a l'air très beau, même de loin dans l'espace, et dans le temps surtout, sur les vidéos ça a l'air d'être de la poésie, la liberté,
c'est pareil?
Enfin la poésie, la liberté, et tout ce qu'on dit quand on voit un truc beau, ça donne à voir autre chose, comme dans un rêve.
comme dit Woolf
"at moments the sealing matter cracks; in floods reality"
la vraie beauté sous le voile des apparences, faire du moment transient something permanent,
"to feel simply that's a chair that's a table and yet at the same time, it's a miracle, it's an ecstasy"
c'est ça, un miracle, des ptites épiphanies quotidiennes - "matches struck unexpectedly in the dark"
J'ai pu peur du noir, où tout est possible.
Et le reste, entre deux moments, deux reveries, deux révélations (merde en anglais le Livre de l'Apocalypse c'est the Book of Revelation)
c'est la vie qui est l'interlude,
ce qui importe c'est tout ce qui n'est pas nous.
Tu fais ça toi, exactement.
Toi, tu fais du beau avec la vie,
à travers la brume bleue qui révèle, bleue, violette, transparente. Soleil bleu éclate, tes yeux
fantome qui me hante.

Jviens d'écrire 100 pages sur les interludes de The Waves, j'aimerais bien que tu lises - ça reste universitaire mais c'est bien aussi - quand même. La passion de ce qui est beau - comment faire autrement aussi.

En réalité faudrait la fermer
laisser parler le corps, les sens
forcément ça palpite un corps
palpite, pilpate
ça bouge dehors et surtout dedans.
Les gens disent etc, mais faudrait rien dire.
Jdis ça parce que je sais pas quoi dire, quand c'est sublime ça coupe le souffle. Ca vous souffle.

9:17 AM  
Anonymous Anonymous said...

Aujourd'hui on m'a dit que "désir" et "étoile" ont la même racine. Sidéré aussi. C'est comme désastre, des-astre, la chute des astres, poétique de la chute.

Y a un des acteurs qui est divin,
(je dis "un" parce que les autres jles ai pas vus, ah si j'ai vu Jonathan Capdevielle à Beaubourg, Adieu, depuis j'écoute Madonna, c'est con ou pas? enfin, ça m'a vachement plu, "ça m'a plu - et toi, ça t'a plu?" Ouais ça m'a plu.)
Donc l'autre, il est pas seulement beau,
Scimeca
même si, ouais, il est (quand j'ai vu Place Royale jsuis tombée amoureuse de lui - direct - c'était pas tellement la pièce, c'était lui) pas beau comme d'habitude, mais beau comme c'est pas possible
Bref j'ai emmené des potes voir Raclette, j'ai failli m'étouffer quoi, de rire franc, dents dehors (j'en ai que 26)
et quand j'ai vu les vidéos de tes spectacles j'ai tellement aimé que j'avais plus de mot.
soulève le voile posé sur les choses, laisse tomber la boule dans la gorge
ca me donne envie d'écrire des poèmes presque
enfin à lui j'ai pas dit ça du tout, parce que c'est trop, et puis tout ça il le sait
non à lui j'ai envoyé un gentil message pour dire comme j'avais ri, et qu'il avait une grosse bite.
J'avais dit belle b...botte d'abord, pour rire, et puis j'ai fait rimer raclette avec levrette. Jsavais qu'il répondrait pas, ca faisait un peu flipper comme message, alors qu'au fond c'est plutot sympa, plutot drole.
Et puis j'ai dit aussi que jsavais pas par où commencer tellement j'avais aimé -
mais là évidemment jparlais pas de raclette, jparlais de lui, et surtout de toi, il me semble, des bribes que j'ai vues sur internet, dénaturées par internet mais quand même, ca bouleverse des trucs.
Bon. Il a du croire que jvoulais la sucer sa jolie bite.
Peut etre bien d'ailleurs
Je regrette de pas t'avoir sucé quand on se voyait, j'aurais aimé voir ton corps, ta peau
le corps, les reins

(Le lendemain des Chiens de Navarre aux Bouffes du Nord, jsuis allée aux Bouffes Parisiens voir Alain Delon
bon
la pièce est plutot obvious, mais c'est pas ça le propos; c'est que j'ai pleuré! Alain Delon, quand il pleure, jpeux pas me retenir, pourtant que c'est con - mais jpeux pas)

J'écris toujours en pensant qu'on me répondra pas, j'écris en me disant que j'ai rien à perdre
pourquoi pas
C'est comme quelqu'un qui se souvient de mon nom, les messages que jrecois me touchent,
cadeaux inattendus.
Aussi, jme suis déguisée en bonne soeur. La pureté ca fait mal, c'est insoutenable, obsédant.
Fausse pureté donc, petite cochonne innocente. Ça aurait eu plus de gueule si j'étais un homme.

Jtenvoie une photo.

9:18 AM  
Anonymous Anonymous said...

Toi aussi tu le sais, ce que tu fais aux gens
j'avais pas arrêté de penser à toi après Avignon, pendant des mois jtai gardé avec moi, secret.
un peu timide mais merci
dans la salle j'avais les mains moites
empreintes digitales sur ma coupe de champagne
jsouriais aux gens, ils me souriaient, heureux.
Et les mots de Shakespeare, t'aides à entendre, à dépasser le temps, avec ta voix superbe, ta voix qui vibre, la salle ronde, j'avais le vertige super fort, des frissons, jvoulais pas partir, jvoulais rester avec toi, là, pas voir la lumière dehors.
Tu m'emportais, avec ta lumière
dedans
La nausée, la chaleur dehors.
J'étais déjà folle de toi
pas besoin de connaître les gens pour les aimer, on va crever quoi, pourquoi s'empecher de ressentir des choses rares, des trucs qui filent le vertige et qui font que j'ai plus peur du noir.
Plus tard, jtai dit "le printemps, c'est toi avec le sourire. Ca guérit, le soleil quoi"
Comme la première fois que j'ai entendu le double concerto de Brahms
ou "Motherfucker = Redeemer"
transportée.
(Godspeed You! Black Emperor, tu connais?)
J'ai cherché des sauveurs dans tous les visages que j'ai rencontrés,
tous les visages qui se sont penchés sur moi, je les ai aimés et je n'en oublie aucun.
Avant, petite fille of course,
jrevais de devenir comédienne, toute exposée sur scène,
jl'ai jamais fait
C'est un état embryonnaire.
Jvoudrais me mettre en scène, jme mets en scène chez moi, jrigole toute seule, jme parle, (jparle à ma plante Georgina, avant j'avais Ivana, Ivana Trump, jvenais de regarder American Psycho, mais Ivana s'est desséchée, c'était des lanternes chinoises - des amour-en-cage, tu vois) jdanse toute nue,
ce que jfais c'est pas beau parce que c'est que pour moi et jsuis maladroite, un peu gauche, un peu fragile, mais
mais merde
jreve d'un espace où me montrer et peut-etre que ça deviendrait beau
devant des yeux qui voient qui font renaitre, pour transcender parce que la solitude ça confine, ça limite
faudrait toujours quelqu'un à qui donner
donner, donner, partager,
"only connect"
et se pardonner à soi-même pour s'ouvrir aux autres.
J'ai essayé, de lire, d'écrire, j'ai essayé de danser, j'ai essayé le sexe, tout marche
Rien ne marche
Tete folle
Le sexe, j'ai l'impression qu'il n'y a que ça
que ça qui compte, le seul vrai lien entre les gens, la seule façon de se donner.
Suffit d'une fois
une fois
pour connaître les gens, la nuit juste avant les forets, "comment elle respire après l'amour" et alors tu sais tout.
Le coeur trop plein, jsais pas si jpeux soutenir le trop plein, overwhelming, trop de beauté comme
mourir un peu.

Jtécris dans le métro
dans la rue
dans mon lit
sur mon téléphone, Blackberry diary. Là jt'écris dans un café en bas de chez moi, le Nemrod, le serveur me sourit, il est très beau, très jeune, les cheveux bien gominés en arrière, limite maquillé, jdéconne pas, il sort d'où on dirait un vieux film américain.
Jlui souris, gratuit.
Jsuis dans la lune, à l'ouest, tout le temps. C'est le genre de trucs qui posait problème pour le permis,
d'ailleurs jlai raté 4 fois.
Tout à coup, obligée de m'arrêter, de revenir, penser à un truc, regarder un détail qui émeut, la lumiere belle
sacrée

Jt'écris, je sais pas si tu lis
tu liras pas
jte l'enverrai pas
ou alors bien en évidence, pour que tout le monde le voit,
moitié pudique moitié exhib, l'Overside non merci, j'irai pas en club échangiste, mais jpeux sucer ton pote si ca t'amuses. Enfin ca dépend du pote.

Je t'aimerai de loin
t'y peux rien,
puisque tu m'as oubliée.
J'en fais une montagne, juste pour t'emmerder.

Poisson d'avril mon amour.
Je ne sais écrire que des lettres d'amour parce que je ne sais qu'aimer.
"Le coeur net, jvoudrais que tu vois mon sourire quand tu te réveilles."

9:19 AM  
Anonymous Anonymous said...

Voilà, ce que jtai écris cette semaine.
Au moment où j'allais poster mon long message, jvois sur ton blog cette phrase qui ressemble à la mienne
"Le soleil du dehors était le soleil du dedans."

9:19 AM  

Post a Comment

<< Home