« Le Plaisir charnel de ce chaste fardeau… »
La musique bat son plein – dans le bar – c’est l’autre groupe. Je suis tard à rester parce que l’ordinateur, c’est long, ça ne passe pas quand beaucoup s’y mettent, j’attends que la fine équipe déserte pour vous écrire (j’ai tout le listing de la performance de jeudi à envoyer). Il ne reste plus que les saoulards (c’est l’autre groupe qui a entraîné la cuisinière…) Aujourd’hui, Dieu a agi, Dieu a donné des signes. Il y a d’abord eu Io, la vache indépendante qui a quitté son groupe immémorial – que j’abuse de ce mot ! – son groupe immémorial de dessus la colline pour voyager, passer les frontière, foutre le camp, frayer avec d’autres espèces et d’autres paysages. Très intelligente, cette vache. On l’a appelé aussi Antigone. Mais je pensais aussi à Grisélidis Réal. Quand nous avons pris les voitures, nous l’avons retrouvée sur la grand route, dans la montée, on a eu peur pour elle, les camions, etc. Mais non, elle a senti le danger, le risque (elle non plus ne veut pas prendre de risque – ce n’est pas la question) et refranchi en saut d’obstacle les barbelés du pré millénaire… Donc Solène Arbel est parti, la petite Lol. Une actrice extraordinaire. Elle me manque. Et dans la voiture avec la cuisinière, je crois que la cuisinière l’a raccompagnée quelque part et elles ont parlé – c’est la cuisinière qui me l’a dit, ce midi, à table, pendant que la vache nous visitait, pendant que nous mangions (elle s’intéressait aux poubelles). Solène a dit que nous travaillions au pont du Diable – avec plaisir. C’est un lieu moyenâgeux, un chemin, un village, un pont du XII ème siècle, intact, rien n’a bougé, on y va pour lire l’Antigone d’Hölderlin, sur les conseils de Laurent Chétouane – il n’y a rien de plus important que de monter Antigone à notre époque qui ne la comprend pas – et sous le haut patronage – le sage patronage – de Bénédicte (Le Lamer). Le pont est sublime, une des plus belles choses que j’ai vues de toute ma vie. J’y étais toujours fourré l’année dernière. On peut s’y baigner. Comme il a fait sec, il y a moins d’eau, cette année. Mais, bon, la cuisinière me dit : « J’ai pensé, j’ai pensé à un lieu – un autre lieu – qui devrait vous intéresser – c’est un théâtre construit dans une ancienne carrière elle-même construite dans un ancien volcan. Ça s’évide comme un volcan et, au fond, il y a de l’eau et je n’sais qui – le conseil général – a construit une scène sur l’eau, il y a des spectacles l’été, quelques spectacles. » Vous imaginez ? J’ai écourté le repas. J’ai flanqué tout le monde dans les voitures – non, on ne prend pas de café, apportez vos livres, quelques éléments de costumes, les Antigone et les Chevauchée – non, on n’a pas le temps de – c’est tout de suite – il y a la vache et les signes et le temps n’est pas affreux comme prévu, il y a les signes, la vache, la cuisinière qui lâche qqch (comment ne me l’avaient-ils pas dit avant ?) – grâce à Solène Arbel, c’est évident – et Io, la vache l’a annoncé.
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