Mariage de Lauriane et d’Yvo
Lauriane a été maligne, elle a demandé à la foule de venir en blanc. Elle seule était en couleur : rouge, étincelante. Le marié était d’un rose très pâle. Des enfants aussi étaient en rouge, du même rouge que la mariée, en jupons de tulle – mais les enfants ont disparu très vite de la soirée, pris en charge par une équipe de baby-sitters de luxe (de jeunes garçons adolescents très patients). J’emploie le mot « luxe » pour la première fois, mais tout était luxe, autant le dire une bonne fois pour toute. En fait, un invraisemblable potlatch. Ça s'est passé dans un château démesuré construit par un joaillier autrichien en 1899 sur le modèle du « tout très grand et inutile genre Versailles », un lieu pour des fêtes de joailleries, en effet. Au-dessus de forêts immenses, la vallée de Chevreuse, Rambouillet… C’est devenu un « Châteauform’ ». Alors, les Châteauform’ sont des dizaines de châteaux en France, Belgique, Italie qu’un type a soi-disant créés, aménagés pour des séminaires. L’ultraluxe. Il y a toute une documentation dans les chambres, écrite dans un style de cours préparatoire (les riches sont des gens simples, on n’imagine pas). A Damien, mon ancien assistant et maître de cérémonie de la soirée, qui est né avec une cuiller en argent dans la bouche (père banquier), je demandais comment cela se faisait-il qu’un jeune type dont je voyais le sourire affiché possédât tant. « Yves-Noël, tu n’peux pas savoir comme les gens sont riches… » C’est sûr que, moi, avec mes petites annulations de souriceau, je ne peux pas savoir. Je tombe des nues. A un moment, j’ai pensé que ce serait bien que la différence riches/pauvres soit encore plus nette, comme sous l’ancien régime, qu’il y ait des mendiants affamés aux grilles à qui on s’amuserait à jeter quelques lamelles de gigot et des morceaux de déchet de la bouffe qui débordait. Le monde est très étrange, il y a comme une démocratie, comme une amélioration, mais le monde est aussi étrangement le même, un peu comme le dit la chanson de Barbara (Marienbad) : « J’ai changé, sachez-le, mais je suis comme avant, comme me font, me laisse et me défont les temps. » Oui, le temps invraisemblable et le solide qui dure, les dynasties. C’est ce que représentait ce mariage, une solidité de la famille. Deux familles.
Mais la magie de la vie est aussi présente dans l’invraisemblable cadeau que semblent s’offrir en permanence les riches. Je pensais à ce château en 1900 (le joaillier y a vécu jusqu’à la guerre), uniquement fait pour les fêtes, les réceptions, j’imaginais que les foules arrivaient de Paris, des foules faites de gens qui possédaient eux aussi chacun leur château, plein donc d’invitations à honorer et j’entrevoyais comme une cour se déplaçant de fête en fête et de château en château. Ça devait occuper ! Mais la magie était présente au fur et à mesure que les gens lâchaient prise, dans les heures de la soirée et de la nuit. Le blanc qui, au début, produisait un effet un peu effrayant, comme une secte (le père du marié, Georges, était en djelaba), le blanc est devenu de plus en plus virtuose à mesure que le potlatch s’est accentué. Plus les corps et les visages se sont relâchés, se sont déstressés, se sont abandonnés, plus le blanc a étincelé, de plus en plus virginal, de plus en plus inouï de la beauté (les coupes et les matières en général supérieures). Les femmes qui ont dansé toute la nuit, surtout, si heureuses, si vivantes d’être parmi les garçons étaient surnaturelles de beauté comme dans un roman de Marguerite Duras. Le vingtième siècle, le vingtième siècle de l’éternel ancien régime… Quand ces gens travaillaient-ils ? Probablement jamais. Ils étaient fait pour l’amour, pour l’amitié, pour la magie de la vie.
Il y avait Jonathan, Gurshad, Kataline et Charlie – pour les plus proches.
Lauriane et Yvo sont les êtres les plus bouleversants qui soient.
Mais la magie de la vie est aussi présente dans l’invraisemblable cadeau que semblent s’offrir en permanence les riches. Je pensais à ce château en 1900 (le joaillier y a vécu jusqu’à la guerre), uniquement fait pour les fêtes, les réceptions, j’imaginais que les foules arrivaient de Paris, des foules faites de gens qui possédaient eux aussi chacun leur château, plein donc d’invitations à honorer et j’entrevoyais comme une cour se déplaçant de fête en fête et de château en château. Ça devait occuper ! Mais la magie était présente au fur et à mesure que les gens lâchaient prise, dans les heures de la soirée et de la nuit. Le blanc qui, au début, produisait un effet un peu effrayant, comme une secte (le père du marié, Georges, était en djelaba), le blanc est devenu de plus en plus virtuose à mesure que le potlatch s’est accentué. Plus les corps et les visages se sont relâchés, se sont déstressés, se sont abandonnés, plus le blanc a étincelé, de plus en plus virginal, de plus en plus inouï de la beauté (les coupes et les matières en général supérieures). Les femmes qui ont dansé toute la nuit, surtout, si heureuses, si vivantes d’être parmi les garçons étaient surnaturelles de beauté comme dans un roman de Marguerite Duras. Le vingtième siècle, le vingtième siècle de l’éternel ancien régime… Quand ces gens travaillaient-ils ? Probablement jamais. Ils étaient fait pour l’amour, pour l’amitié, pour la magie de la vie.
Il y avait Jonathan, Gurshad, Kataline et Charlie – pour les plus proches.
Lauriane et Yvo sont les êtres les plus bouleversants qui soient.
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